Conjoncture économique mondiale. L’éducation, un levier de résilience
Dans ce contexte de crise systémique tous azimuts, la scène économique mondiale fait face à de véritables défis. Entre relance, croissance et résilience aux prochains chocs, la sphère entreprise est contrainte de se réinventer. Ce prélude contextuel a été le fil d’Ariane de la conférence débat organisée par l’Edge Private Business School à Casablanca.
Et de deux. Après une première édition réussie, l’EDGE International Research Days revient pour une seconde édition avec une thématique qui écrase l’actualité mondiale. La crise du Covid, la guerre en Ukraine et, en toile de fond, la crise des hydrocarbures, de l’énergie… jamais de toute l’histoire récente du 21e siècle, des crises n’ont autant essoufflé le système financier mondial y compris les profonds creusets sociaux qui ont mis à genoux les grandes politiques de développement durable. Selon les chiffres de l’OCDE, le choc économique découlant de la crise du Covid a plongé plus de 100 millions de personnes dans la pauvreté. Grande réinitialisation, économie de guerre, résilience économique…autant de termes du monde financier qui démontrent à la fois le côté inédit de cette grande dépression et surtout l’extrême impact qu’elle a eu sur la structure organisationnelle mondiale. Appeler le «grand égalisateur» de par ses effets qui ont fait fi des frontières et qui ont imposé les mêmes règles à tous, le Covid a cependant été la lucarne parfaite pour l’émergence d’une véritable prise de conscience de l’élite mondiale en faveur des risques de tout genre qui pèsent notamment sur les entreprises, les marchés financiers et, de façon plus large, sur la société.
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Aujourd’hui, dans ce monde d’après crise, où les défis de croissance et les risques climatiques pointent à l’horizon, la stratosphère « Entreprises » est contrainte de prendre en compte cette nouvelle réalité économique et par conséquent s’inscrire dans une logique de réinvention de son modèle. C’est ce contexte qui a justifié le creuset de la réflexion de cette nouvelle édition, de l’EDGE International Research Days articulé autour du thème : « Un monde en crise : une opportunité pour l’entreprise ». Mobilisant d’éminents experts, cette conférence débat à été la lucarne idéale pour dresser une cartographie de ce nouveau monde ainsi que les enjeux et les défis qui planent sur l’entreprise dans toute sa diversité. Démarrant avec une keynote introductive du président du Conseil de la Concurrence, Ahmed Rahhou, le débat s’est poursuivi avec un panel d’experts qui, au travers de leurs différentes analyses, ont mis la lumière sur le rôle catalyseur du secteur de l’éducation en temps de crise.
Dans le détail, abordant la question du nouveau paradigme économique, le président du Conseil de la Concurrence a tiré la sonnette d’alarme au sujet de la fragilité des Etats et surtout leur résilience à des risques à venir. « Durant la crise du Covid, les Etats ont enregistré des dettes importantes, ce qui à l’avenir pourrait mettre à mal leur capacité de résilience », prévient Rahhou. Et d’ajouter : « l’inflation, le découpage mondial, le protectionnisme, les choix incertains…nous sommes à la fin de la vision d’un monde globalisé ». Un constat qui laisse entrevoir le tableau atypique de ce nouveau monde qui se dessine de jour en jour.
Par ailleurs, sur la question des opportunités, le président du Conseil de la Concurrence à mis en évidence les énormes avantages de la transition énergétique. « C’est un changement de création de valeur en termes d’emploi et une véritable niche d’opportunité pour les entreprises ». De leur côté, les différents intervenants constituant le panel ont convergé sur le fait qu’il faut impérativement rapprocher le monde de l’éducation et celui de l’élite de gouvernance. Pour Fatima Zahra Alami, vice-présidente chargée des affaires académiques au sein de l’UH2C, cette question demeure cruciale dans ce monde exposé à des risques de tout genre. «En tant que producteur de compétence, le secteur de l’éducation doit être associé à la réflexion sur les enjeux de la société », affirme t-elle.
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De son côté, Bennaghmouch Saloua, Maitre de Conférence à l’université Haute Alsace à quant à elle mis le curseur sur la transformation de l’entreprise. En cela elle déclare : « Aujourd’hui, les entreprises dans ce contexte de crise sont obligées d’être dans l’action. Et cela implique un changement de leur modèle économique ». Rappelons d’ailleurs que cette crise a eu des externalités négatives sur bon nombre d’entreprises. « Plusieurs TPE ont été les victimes. Les difficultés d’accès au financement ont fait grimper le pic des défaillances d’entreprises », relate Mohamed Belmaachi, DG de FINEA.
Pour rappel, cette conférence-débat initiée par l’école privée de commerce et de gestion EDGE s’inscrit dans le cadre du rôle des acteurs éducatifs dans la construction d’un monde enclin au développement et plus préparé au choc économique. Cette tribune a été aussi l’occasion pour présenter l’ambition du groupe dans le domaine de la recherche avec sa nouvelle branche de Doctorat en Management. « Une école n’accomplit pas pleinement son rôle, si elle ne s’inscrit pas dans la recherche », affirme Mounir Trifess, DG de l’Edge Private Business School.