La vaccination cale. Pourquoi ? [Par Jamal Berraoui]
Le pass vaccinal, imposé de manière violente, devait relancer la campagne de vaccination. D’ailleurs, le gouvernement s’est vite exprimé en ce sens. Mais les chiffres sont formels, la vaccination cale, au point que même la troisième dose n’avance pas, alors qu’il s’agit d’une population cible qui n’était pas réfractaire au vaccin.
Il faut prendre la chose au sérieux. Il y a deux pôles de résistance à la vaccination. Ceux qui croient défendre les libertés individuelles et ceux qui mettent en question l’efficacité du vaccin, voire même qui le pensent dangereux. Ceux-là sont les plus nombreux.
Les fake news ont fait des ravages parce qu’on les a laissées se propager. Le comité scientifique a pensé qu’il valait mieux ne pas se mettre à la hauteur des niaiseries. C’était une erreur, parce que le scepticisme a proliféré et a atteint de larges couches sociales.
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Des gens éduqués croient que le vaccin diminue la fertilité, voire même qu’il mène à l’impuissance. A chaque fois, le ministère de la Santé est obligé de démentir des rumeurs. Mais le plus grave, ce sont les médecins complotistes. Qu’un médecin discute de l’efficacité du vaccin passe encore. Mais quand l’un d’entre eux dit « Ils veulent vous tuer », cela n’a aucun lien avec la science. Ce médecin est très suivi, il accuse les autorités sanitaires de faire partie d’un complot international visant à tuer des populations.
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Le même traite ses confrères de «baltagias», de gros bras du complot. L’Ordre des médecins devrait réagir et porter plainte. Mais, si l’on veut relancer la campagne de vaccination, il faut deux choses, d’abord veiller au respect du pass sanitaire et c’est de moins en moins le cas, et une vraie campagne d’information.
Les Marocains apeurés par les complotistes ne se vaccineront que si l’on dissipe leur peur. C’est sur le terrain de la communication que se joue désormais le sort de l’immunité collective. Il faut convaincre les réticents pour pouvoir assurer le contrôle du virus. L’injonction ne suffira pas, il faut jouer la conviction.