Economie

3 jeunes marocains dans le filon de la spiruline

Animés par la volonté de «rester au douar», trois jeunes entrepreneurs se sont lancés dans un projet  novateur et prometteur. La culture de la spiruline, une algue aux mille vertus. Un business qui rapporte, mais qui se met lentement en place.

 

Connue pour ses vertus nutritionnelles par les Aztèques, la spiruline a été découverte en Afrique et plus exactement au Tchad par des tribus autochtones.  Grandissant dans les lacs volcaniques ou ceux riches en sels minéraux, la spiruline est  une micro-algue de la catégorie des Scianiobactéries qui est un complément alimentaire naturel riche en vitamines et  en minéraux. Appelée communément algue bleue, la spiruline est riche en fer, calcium, vitamines, protéines, acides gras essentiels, antioxydants et en manganèse. Utilisée dans les programmes de lutte contre  la malnutrition, la spiruline est devenue en Europe un produit  naturel aux nombreuses vertus qui a pris place régulière dans les repas des familles, des  sportifs ou des personnes à santé fragile.

Le hasard fait bien les choses

Découvrant les qualités de cette  algue au gré du hasard, les trois porteurs du projet se sont jetés à l’eau il y a quelques années.  Au départ et grâce au soutien d’ONG françaises et belges, ces derniers avaient monté un élevage de vaches pour développer  leurs revenus et « rester au douar ». « On nous a donné un complément nutritionnel pour  les vaches constitué à 70% de spiruline. Voyant les bienfaits de cette algue, nous avons eu l’idée de nous lancer dans ce projet. Nous avons dû suivre un apprentissage  et une formation durant trois, voire quatre ans.

Après, nous avons créé deux bassins et nous avons commencé à faire des essais », confie Hassan Aït Lahaj. Le jeune entrepreneur  se rappelle aussi du rôle décisif des voyages qu’il a effectués à Marrakech pour rendre visite à Patrick Clément, un français  qui avait créé Vitalgue, une entreprise spécialisée dans la production de spiruline. L’association française Tamounte et l’ONG Terraz lui financeront également un séjour dans une ferme spécialisée au Burkina  Faso où il fera ses premières armes. Le promoteur de la ferme, Pierre Hancel fera également le déplacement à Ouarzazate  pour donner une formation de 22 jours aux jeunes promoteurs qui commencent à maîtriser  la chaîne de production. 

Passant à la production proprement dite après la phase d’essais et de formation, Atlaspiruline dispose aujourd’hui de deux bassins de 50 m3 et compte construire en 2013 deux autres bassins de 100 m3 dont le  premier sera finalisé en avril 2013. «Les bâches sont chères et les intrants aussi comme le sel et le bicarbonate de sodium», déplore néanmoins Hassan Aït Lahaj.  

Des pistes prometteuses 

Selon lui, la production de la spiruline requiert trois conditions essentielles. Elle a besoin d’un PH alcalin entre 10 et 11, d’une eau agitée (car elle ne  doit pas être dormante) et d’une température ambiante de l’eau de 37 degrés. Une fois produite, l’algue est consommée sous  forme de paillettes que l’on ajoute aux plats. 

Atlaspiruline qui se transformera bientôt en SARL a produit,  en 2012, 12 kg de spiruline. «La récolte d’1 kg de biomasse produit 100 g de spiruline sèche», indique Hassan Aït Lahaj. Pour  la commercialiser, les producteurs la mettent sous forme de paquets de 100 grammes ou sous forme de gélules. Vendu  sous la marque Atlaspiruline, le sachet de 100 grammes coûte 150 DH. Voulant développer sa  production pour faire face à la demande sans cesse croissante surtout à Casablanca et à Agadir, Atlaspiruline voit l’avenir  sereinement. «Nous avons pour objectif de cibler le marché national et trois parapharmacies nous  ont contactés de Casablanca et Agadir ainsi que plusieurs sportifs et particuliers qui souhaitent  acheter notre produit.

Actuellement, nous sommes en train de négocier avec une entreprise algérienne qui est également  intéressée. Il nous faut juste un peu de temps pour conclure», souligne Hassan Aît Lahaj. Fortement prisée, l’algue bleue  comme on l’appelle, tout comme Atlaspiruline ont le vent en poupe. Les jeunes promoteurs  qui ont fait preuve de détermination ont pu se forger en peu de temps un nom et tout porte à croire que leur entreprise a de  beaux jours devant elle. ■ 

 
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