A qui profitent-ils les accords de libre-échange?
Ce 24 juin, s’est tenu un nouveau round de négociation avec l’Union Européenne concernant l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA). L’Union Européenne a également lancé une étude d’impact dès le 27 juin, afin d’évaluer les futures conséquences de cet élargissement. En attendant, le déficit de la balance des paiements ne fait que s’alourdir et beaucoup d’industriels accusent les ALE. Pourtant, la liste est longue des opérateurs et des secteurs qui ne cessent d’en tirer profit, même si cela se fait au détriment des comptes extérieurs du pays.
Rien que dans le cadre des accords de libre-échange, l’Office des changes évalue en 2012 le déficit avec l’Union européenne à quelque 51 milliards de dirhams, avec les Etats-Unis à 7,2 milliards, avec la Turquie à quelque 3,2 milliards et dans le cadre de l’accord d’Agadir à quelque 3,03 milliards de dirhams. Au total, en 2012, le déficit lié aux différents accords de libre-échange porte donc sur quelque 65,5 milliards de dirhams. Et bien entendu, un tel déficit pose beaucoup de questions sur les choix du Maroc d’ouvrir son économie.
Il est tout à fait légitime que ces accords soient analysés sous le prisme de la balance commerciale qui est l’indicateur le plus pertinent pour évaluer l’intérêt global que tire la nation de ces accords. Seulement, cette approche globale occulte l’intérêt individuel que des milliers d’opérateurs ont dans ces conventions. Il y a bien entendu, les exportateurs vers l’Union européenne, les Etats-Unis, la Turquie, ou les pays de l’accord d’Agadir (Tunisie, Egypte, Jordanie), mais également les quatre pays de l’association européenne de libre-échange (Lichtenstein, Islande, Norvège, Suisse). Ce côté ne fait l’objet d’aucune remarque défavorable, contrairement à la longue liste d’entreprises qui se fournissent auprès de partenaires situés dans ces pays liés au Royaume par des dispositions supprimant les barrières douanières. Qui sont donc ces importateurs traités comme des pestiférés par leurs homologues marocains qu’ils concurrencent ? Mais aussi et surtout qu’achètent-ils en si grande quantité pour déséquilibrer à ce point les comptes extérieurs du Maroc ?
Ce sont généralement des entreprises très discrètes qu’il est assez difficile de dénicher. Pour ceux qui importent des produits finis, il n’est pas question de se retrouver au sein d’associations professionnelles défendant leurs intérêts en tant qu’importateurs. Même ceux qui importent des produits semi-finis subissant une valorisation locale, ne préfèrent pas être sous les feux des projecteurs. L’enquête qui s’annonce donc assez difficile aura comme point de départ, les données de l’Office des changes. En 2011, « les importations en provenance de l’Union Européenne, effectuées dans le cadre de l’Accord de libre-échange, ont réalisé un accroissement de 12,8% atteignant 75,25 milliards de dirhams contre 66,70 milliards de dirhams en 2010. Elles ont représenté 44,2% des importations totales du Maroc en provenance de l’Union Européenne ».