Abdallah Chater, directeur du CRI de Casablanca-Settat : « Une entreprise qui a cessé son activité sur deux n’a pas bien préparé son plan d’affaire en amont »
Le CRI de Casablanca-Settat vient de rendre publique, une étude afin de mieux connaître le devenir des entreprises créées par son biais. Son directeur décortique les résultats de cette enquête.
Challenge : Quel est l’objectif de cette enquête initiée par le CRI de Casablanca-Settat ?
Abdellah Chater : Plusieurs objectifs ont été tracés pour cette étude, d’abord avoir des données du terrain émanant directement des entreprises, la nouveauté c’est que même les entreprises qui ont cessé ou qui n’ont jamais démarré d’activité ont été intégrées dans le champ de l’étude, cela a permis d’avoir d’une manière objective le développement et le taux de mortalité des entreprises, dévoiler les causes de cette mortalité, mais aussi les facteurs de succès des entreprises actives. L’analyse approfondie de ces facteurs internes et externes expliquant l’évolution des entreprises créées dans la Région de Casablanca, a donné lieu à une série de recommandations pour améliorer le devenir de ces entreprises et identifier les axes d’intervention nécessaires pour favoriser leurs développements, ainsi le plan d’action détaillé est décliné, tel que cité ci-dessous, en mobilisant les pouvoirs publics, secteur privé, associations…
Challenge : Selon l’étude, la durée de vie de certaines entreprises immatriculées via le Centre régional d’Investissement (CRI) de Casablanca-Settat reste réduite : un tiers des entreprises créées ne dépasse guère les cinq ans d’existence. Comment expliquez-vous cette situation ?
Effectivement, sur près de 64.000 entreprises immatriculées via le CRI entre 2003 et 2015, seules 51% étaient toujours actives à fin 2015 pour 249.000 emplois générés. 93% des entreprises actives étant une TPE réalisant un CA inférieur à 10MDh et employant moins de 10 employés. Ceci a été lié à plusieurs facteurs exogènes et endogènes à l’entreprise, révélés lors de cette étude, à travers les retours des entreprises elles-mêmes, ainsi que lors des workshops avec les membres de l’écosystème entrepreneurial au niveau de la Région de Casablanca-Settat.
La préparation du projet entrepreneurial en amont au lancement de l’activité constituerait un facteur clé de succès déterminant, de même que le recours par les chefs d’entreprises, aux bonnes pratiques managériales. Ainsi, près d’une entreprise qui a cessé son activité sur 2 n’a pas bien préparé son plan d’affaire en amont, contre moins d’une entreprise toujours active sur 3. Les entreprises actives sont proportionnellement 2 à 3 fois plus nombreuses que les inactives à avoir mis en place des pratiques de veille marché et concurrentielle, de fixation d’objectifs avec un plan d’action commercial ou encore de formation continue à destination de leurs collaborateurs.
Les principales difficultés exogènes citées par les entreprises sont les délais de paiement client, la concurrence avec les grandes entreprises et l’accès au financement. Concernant ce dernier point, les modalités de garanties exigées (niveau et caution personnelle) constituent le principal frein avec le coût du crédit.
Challenge : Que faut-il alors pour renforcer l’écosystème entrepreneurial de cette région ?
Suite aux différents constats et recommandations de l’étude, plusieurs actions ont été identifiées dans le but de soutenir l’écosystème entrepreneurial de la région de Casablanca-Settat, dont trois initiatives phares : la mise en place d’un dispositif de conseil et d’accompagnement au niveau du CRI de la région afin de mieux guider les créateurs d’entreprises ; la création d’un fonds de promotion de l’investissement régional pour soutenir financièrement et techniquement le développement de l’écosystème entrepreneurial régional ; et l’activation d’un small businesss act au niveau de la région pour faciliter l’accès de la TPME à la commande publique.
En plus, la création d’un Comité Stratégique de la Promotion de l’Entreprenariat dans la région (CSPE) sur initiative de Monsieur le Wali de la Région de Casablanca-Settat, permettra la mise en œuvre des recommandations de cette étude ainsi que le déploiement et le suivi de son plan d’actions. Ce comité veillera de concert avec les différents acteurs de l’écosystème entreprenariat ; (pouvoirs publics, secteur privé, associations…) à entreprendre toute mesure permettant de favoriser la création et le développement des entreprises au niveau régional.
Son actu
Le Centre Régional d’Investissement (CRI) de Casablanca-Settat, a dévoilé les principaux résultats de l’étude «Post création » des entreprises créées à travers le CRI de la région, première du genre au Maroc, menée avec le soutien de la banque mondiale.