« Ach Waqe3 » : l’actualité décryptée par Jamal Berraoui
« Ach Waqe3 » est l’une des émissions phares de MFM Radio qui traite des faits saillants de l’actualité du jour. Elle est décryptée par le journaliste politique et économique Jamal Berraoui.
Dans l’émission de ce mardi 26 novembre 2019, le débat porte sur divers sujets, notamment, la chute de pierres de l’hôtel Lincoln, actuellement en rénovation, l’homicide odieux de Larache, l’entrée en vigueur le 1er octobre de la loi organique relative à l’officialisation de l’usage de la langue amazighe…
– Ce mardi matin, il y a eu une chute de pierres en provenance de l’hôtel Lincoln à Casablanca qui menace ruine à l’avenue Mohammed V interrompant la circulation du tramway sur la ligne 1 au niveau du centre-ville, en attendant que la protection civile et les équipes techniques fassent leur travail et sécurisent les lieux. Heureusement, aucune victime n’est à déplorer, a affirmé la responsable du service de communication de Casa Tramway, Chada Tayeb, dans une déclaration à MFM Radio. Revenant sur les péripéties de cet établissement, Berraoui a rappelé que le ministère de la Culture et l’association de sauvegarde du patrimoine Casa mémoire s’étaient engagés à le restaurer en l’an 2000 en soulignant que l’hôtel appartenait à un ressortissant algérien mais ce dernier a été exproprié. Pour l’analyste de MFM, l’affaire de Lincoln illustre la gestion à la marocaine soulignant que bien qu’il soit classé patrimoine mondial de l’Unesco, il n’a pas été restauré, ce qui explique sa dégradation. Berraoui pense qu’on construira à la place de ce bijou architectural un hôtel sans âme ni attrait. Il ajoute qu’il faudra une décision politique pour réhabiliter le Lincoln et s’atteler sérieusement à préserver le patrimoine de Casablanca, car ce qui est arrivé constitue l’illustration de l’échec d’une politique culturelle au service des trésors dont regorge Casablanca.
– Un homicide odieux a eu pour théâtre la ville de Larache où une belle-mère a tué et démembré un enfant de 7 ans dont une partie du corps a été jetée dans une décharge et le reste gardé au frigo de la famille. Elle a justifié son acte par la « turbulence » du gamin. Les limiers de la police judiciaire ont réussi à remonter jusqu’à l’auteure du crime. Elle a été placée en garde à vue et l’enquête se poursuit pour déterminer l’éventuelle complicité du père.
Berraoui pointe du doigt le manque de communication au sein des familles. Il faut communiquer avec l’enfant plutôt que de le qualifier de turbulent. « C’est sordide ce qui est arrivé. C’est le résultat de la banalisation de la violence et du sang à travers les jeux vidéo… Je crains qu’on fasse appel à un psychiatre qui déclarera que la belle-mère souffre d’ une malade mentale », déplore l’analyste relevant qu’on a un problème au Maroc dans la gestion des divorce et toutes ses incidences négatives sur les enfants. Il appelle à tirer la sonnette d’alarme face à la recrudescence de la violence au sein des familles et à procéder à la révision des lois.
– En dépit de l’entrée en vigueur, le 1er octobre, de la loi organique relative à l’officialisation de l’usage de la langue amazighe, on a assisté lundi au parlement à une polémique lorsque le député pjdiste Ahmed Sedki a fait une partie de son intervention en amazighe provoquant l’ire de certains députés au parlement dont Mohamed Moubdie, pour le parti du Mouvement populaire, censé défendre cette langue. Berraoui estime qu’on doit appliquer la constitution qui redonnait l’amazighe comme étant une deuxième langue officielle. Il appelle à la nécessité d’assurer la traduction, que ce soit au parlement, dans les tribunaux, dans l’administration nationale en général ainsi que dans tous les services publics. Il ajoute qu’au Maroc se pose toujours la question de la promulgation des lois et leur application. On n’a pas répondu aux attentes d’une partie de la population. Toutes les institutions collègues se doivent d’assurer un service de traduction pour les citoyens de langue amazighe, affirme l’analyste de MFM.
– Suite à l’agression à l’arme blanche d’un policier, à Tétouan, qui est intervenu pour neutraliser deux frères au casier judiciaire bien rempli alors qu’ils allaient commettre un vol. Un hashtag de solidarité avec l’agent de police grièvement blessé a envahi la toile, réclamant à la police de faire usage de ses armes dans ce genre de situation. Berraoui appelle à la prudence. « Le policier est au service des citoyens. En cas de danger imminent sur sa personne ou sur des citoyens, il peut recourir à son arme de service selon son évaluation du degré de danger. Au Maroc, le policier est en droit de faire usage de son arme selon la loi. La relation entre policier et citoyen a changé pour le meilleur. C’est au législateur de préciser dans quels cas un policier peut recourir à l’usage de son arme pour éviter tout dérapage », note l’analyste citant plusieurs exemples de pays tels que la France ou les Etats-Unis.
Carte Blanche : Berraoui la consacre à l’Egypte. Il a suivi un reportage d’une organisation gouvernementale. Depuis l’arrivée au pouvoir de Abdel Fattah Al-Sissi, les tribunaux ont prononcé 3.480 condamnations à mort, dont 180 ont été exécutés. A part une poignée de gens condamnés pour des actes criminels de droit commun, plus de 2.500 sont qualifiés de terroristes. Pire encore, des jugements dignes du Guinness Book des records, de 461 personnes condamnées à mort et collectivement en une seule journée. La justice égyptienne, à l’instar de tout régime totalitaire, est instrumentalisée au service du régime. Al-Sissi était content hier d’annoncer que la Banque mondiale va accorder un crédit conséquent à l’Egypte et c’est le pauvre peuple qui paiera l’ardoise salée. En matière de politique économique, il n’y a pas d’erreurs mais des choix de classes, souligne Berraoui. Il a rappelé que lors des années de plomb au Maroc, des instances internationales et des Egyptiens sous Nasser ou Sadat nous ont soutenus. Raison pour laquelle, il reproche aux défenseurs des droits de l’Homme au Maroc qui se sont tus jusqu’à ce jour et n’ont publié aucun communiqué condamnant la politique répressive d’Al-Sissi.
« Ach Waqe3 » est une émission incontournable. Elle est diffusée sur les ondes de MFM Radio du lundi à vendredi à partir de 12h30. Elle est rediffusée le même jour à 19h30.