« Ach Waqe3 » : l’actualité décryptée par Jamal Berraoui
« Ach Waqe3 » est l’une des émissions phares de MFM Radio traitant des faits saillants de l’actualité du jour. Elle est décryptée par le journaliste politique et économique Jamal Berraoui.
Au cours de cette émission de ce jeudi 12 décembre, le débat porte sur:
-La présidentielle algérienne de ce jeudi. Selon les autorités le taux de participation a atteint à 10 heures 5%. La tension est à son comble. Les services de sécurité ont utilisé les bombes lacrymogènes contre les citoyens à Alger. Dans d’autres villes, les protestataires ont empêché l’ouverture de certains bureaux de vote sur fond d’affrontements avec la police et la gendarmerie.
Alger est connue par la densité de sa population. Dans les petites villes, le nombre des éléments des forces de sécurité dépasse celui des habitants. C’est un pur mensonge de la part des autorités algériennes que de dire que le taux de participation a atteint 5% à 10 heures du matin, soit deux heures après l’ouverture des bureaux de vote. Les militaires algériens cherchent à semer le doute au sein de la population dans le cadre de la guerre psychologique. Il existe toutefois deux types d’électeurs : ceux qui vendent leurs voix et ceux qui veulent une issue à la crise. On ne donne pas dans le monde entier le taux de participation à dix heures du matin. Quelle légitimité et quelle crédibilité à accorder à ce scrutin et au président qui sera élu. Malheureusement, l’Algérie va tout droit dans l’impasse et les militaires sont responsables de tous les maux dont souffre le pays. La majorité du peuple algérien tient à balayer tout le système dictatorial instauré depuis 1962 avec un palmarès jalonné d’assassinats politiques et de coups d’Etat. L’armée fera sortir des urnes le président qu’elle veut mais à quel prix, souligne l’analyste de MFM.
-Un hashtag « Nous ne voulons pas mourir de cancer » inonde les réseaux sociaux depuis quelques jours. C’est un cri d’alarme lancé par des femmes atteintes par cette maladie. Elles crient leur désespoir. Les témoignages poignants fusent de toutes parts et demandent le droit aux soins, à l’image d’une jeune malade à qui on a fixé un rendez-vous pour un scanner pour l’année 2021 comme si le cancer pouvait attendre de la ronger. Nouhad de Safi a été obligée de se rendre à Marrakech avec l’espoir de se faire consulter mais a été découragée par l’encombrement de l’hôpital déclarant que si on n’a pas d’argent, il ne reste qu’à acheter son linceul.
L’analyste de MFM estime que lorsqu’ on dit à une cancéreuse d’attendre l’année 2021 pour passer un scanner, cela signifie tout simplement
d’aller mourir. Safi ne dispose pas d’hôpital d’oncologie. Dans cette ville, on demande aux malades d’acheter les médicaments et les consultations dans le privé ou la chimiothérapie est très onéreuse. Si on est mal soigné, cela déteint sur l’économie du pays et la productivité. Le droit à la santé fait partie des droits de l’Homme. Parmi les aberrations, Jamal Berraoui cite l’exemple d’un scanner resté en panne faute d’une pièce de rechange qui coûte 800 dirhams ! Il dénonce une triste réalité d’un secteur aussi stratégique que celui de la santé, malade de ses dysfonctionnements.
-Dans le cadre de la discussion du projet de loi de Finances de l’année 2020, le ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration Mohamed Benchaâboun a eu recours à l’article 77 de la constitution pour s’opposer à l’amendement de l’impôt sur le revenu (IR) relatif aux pensions des retraités, et deux autres concernant l’augmentation des postes budgétaires du ministère de la Santé et l’exonération des indemnités des professeurs chercheurs de l’IR. Benchaâboun a justifié son refus par la crainte de la diminution des recettes et ressources de l’Etat.
On doit savoir ce qui se passe dans le monde. Aux Etats-Unis, le congrès pourrait établir un budget fédéral alternatif en cas de désaccord avec le locataire de la Maison blanche en attendant de trouver une issue. Au Maroc, on ne fait que copier la France et on voit bien aujourd’hui dans quel état ce pays se trouve. L’article 77 vise à ne pas introduire des amendements pour augmenter les dépenses sans proposer en contrepartie une alternative pour avoir d’autres ressources constitutionnellement; les députés marocains doivent être comptables. De toutes les augmentations salariales accordées depuis 15 ans, les retraités en ont été exclus, sans oublier ceux et celles qui n’ont pas du tout une pension de retraite alors que le coût de la vie n’a pas cessé d’augmenter, souligne l’analyste de MFM qui trouve que la proposition de les exonérer de l’impôt constitue une augmentation déguisée. « Pourquoi ne pas augmenter les retraités dans leurs pensions à la base? », s’interroge Berraoui. Quant à la santé publique et au problème des ressources humaines, tout le monde dit que le Maroc subit deux défaites: l’éducation et la santé. On manque de clarté et de vision à ces niveaux. Cela fait des décennies qu’on parle de la réforme du système éducatif. La question n’est pas dans la guerre des chiffres mais dans les services rendus aux Marocains. Les Marocains ne sont pas des chiffres mais des êtres humains. La logique comptable des politiques publiques est un échec. On ne peut se baser sur cette logique pour édifier une société. On n’a pas réellement un projet sociétal, moderniste, souligne l’analyste. La modernité ne concerne que l’économie au profit du patronat, relève Berraoui.
-Selon le quotidien Al Alam, le gouvernement via le ministère des Finances, compte amnistier près de 670.000 Marocains interdits de chéquiers, moyennant une pénalité alors que des parlementaires s’y opposent estimant que les mis en cause par cette interdiction doivent payer devant la justice pour leurs forfaits.
Pour Berraoui, encore une fois, on est dans les chiffres et la comptabilité. La loi est claire à l’égard de toute personne qui émet des chèques sans provisions. Les fautifs passent en justice et paient la somme due en plus des pénalités. D’ailleurs, nombreux parmi ceux et celles qui ont fait des transactions avec des chèques en bois se trouvent derrière les barreaux. S’il y a changement, c’est au ministère de la Justice de se prononcer et non pas à celui des Finances. C’est illégal et un jeu dangereux sinon le ministère des Finances donne par cette démarche un feu vert aux Marocains pour enfreindre la loi sans compter l’impact sur l’économie et le climat des affaires.
Carte blanche : Jamal Berraoui la consacre à cette lenteur administrative qui complique la vie des citoyens. Il donne l’exemple de son frère qui voulait s’installer à Sidi Rahal et a eu besoin pour cela du branchement en eau et électricité dans sa résidence. Il est parti, mercredi, voir les services de l’ONEE où on lui a dit d’attendre 20 jours le temps de contacter et coordonner avec l’administration de Had Soualem, distante de 17 kilomètres. Entre temps, il a été approché par un samsar (intermédiaire) qui lui a fait comprendre que s’il veut que sa demande soit satisfaite avec célérité, il n’a qu’à mettre la main dans la poche. « Mon frère, qui ne mange pas de ce pain, a décliné l’offre. Heureusement, lui, il peut patienter parce qu’il n’est pas dans la rue mais qu’on imagine le cas d’une autre personne dans l’urgence avec sa famille. Face au préposé, tu n’es qu’un chiffre en l’absence d’un interlocuteur au service du citoyen ou une oreille attentive. Un abus de pouvoir sinon que l’ONEE nous explique qu’un simple branchement exige autant de temps. Ce genre de comportement écœure de plus en plus et incite de plus en plus de gens à quitter le pays en raison d’une machine bureaucratique infernale », déplore Berraoui.
« Ach Waqe3 » est une émission incontournable. Elle est diffusée sur les ondes de MFM Radio du lundi au vendredi à partir de 12h30 et rediffusée les mêmes jours à 19h30.