« Ach Waqe3 » : l’actualité décryptée par Jamal Berraoui
« Ach Waqe3 » est l’une des émissions phares de MFM Radio traitant des faits saillants de l’actualité du jour. Elle est décryptée par le journaliste politique et économique Jamal Berraoui.
L’émission de ce lundi 30 décembre 2019 traite des thèmes suivants :
-La presse nationale marocaine a perdu Mustapha Alaoui, son doyen et directeur de l’hebdomadaire arabophone « Al Ousboue Assahafi», le samedi 28 décembre courant à l’âge de 83 ans, des suites d’une longue maladie. Le défunt a été inhumé le jour même au cimetière de Sidi Messaoud à Rabat.
Pour l’analyste de MFM Radio qui a connu Mustapha Alaoui, c’est un cas unique. Si on veut parler de presse indépendante, on ne peut pas le faire sans évoquer Mustapha Alaoui. Il était le précurseur. Dès les années 1960, il a commencé par créer des médias indépendants. A cette époque-là, nous avions la presse gouvernementale avec Al Anbaa édité par le ministère de l’Information et Le Matin. Le défunt avait commencé par la presse d’investigation en lançant Kaoualiss (Les coulisses) mais elle fut saisie et interdite. Il avait une autre particularité, les titres qu’il fondait ne vivait pas de la publicité mais de la fidélité de ses lecteurs en leur offrant des informations de première main, ce qui le distinguait aussi de la presse partisane. Jamal Berraoui rappelle aussi que Mustapha Alaoui était le père fondateur du syndicat national de la presse marocaine et qui n’a rien à voir avec celui d’aujourd’hui. A l’époque, le syndicat était dirigé par les éditeurs, avant que les journalistes prennent le relais. A part les livres qu’il a publiés, ses écrits journalistiques avaient toujours des portées historiques. Il était, à lui seul, une bibliothèque doublée d’un centre d’archives. Il avait une riche documentation. Il était audacieux et connu pour son courage. Il a eu des problèmes avec l’Etat et en particulier avec l’ancien ministre de l’Intérieur quand il a publié une information sur sa maladie. Il avait des relations complexes et tentaculaires qui lui permettaient d’avoir les primeurs de l’information. Il respectait beaucoup son métier de journaliste. On a interdit ses publications et il a fait de la prison à maintes reprises. Aimé ou haï pour les sujets qu’il traitait, il ne laissait personne indifférent par son style acerbe. Il écrivait beaucoup et tenait des rubriques très connues telle qu’El Hakika Addaia (La Vérité perdue). L’analyste de MFM rappelle que le défunt n’a pas atterri par hasard sur la planète du quatrième pouvoir mais a suivi une formation de journaliste en France et a fait des stages dans les plus grands quotidiens de l’Hexagone. Quant à l’avenir de son hebdomadaire, il reviendra à ses enfants qui sont déjà actifs dans le domaine des médias d’en décider mais l’analyste estime que l’aventure d’ »Al Ousboue » se poursuivra. Allah Yarhamou et qu’il repose en paix , conclut Jamal Berroui.
-Le problème de la petite bonbonne de gaz, plus connue sous le nom de (Bota) refait parler d’elle. Le quotidien « Al Massae » rapporte dans son édition de ce lundi 30 décembre que le syndicat national des commerçants et professionnels menace de ne plus vendre aux Marocains la petite bonbonne de gaz au cas où on oblige les petits épiciers à retirer les « botas » des trottoirs. Déjà des commerçants dans diverses villes du royaume ont reçu des notifications de la part des autorités. Les commerçants font savoir que déjà leur marge bénéficiaire de la vente de la bota ne dépasse pas 1,40 dirham.
L’analyste de MFM Radio relève que la marge bénéficiaire de la vente des bonbonnes de gaz s’était déjà rétrécie. A cela s’ajoute le problème de l’espace à l’intérieur des boutiques. Ces épiceries sont d’une superficie trop petite pour les stocker à l’intérieur. Il note qu’on a tendance à prendre des décisions sans offrir d’alternatives. La bota relève d’un service de proximité pour les familles d’autant plus que pour des raisons matérielles ou de sécurité, elles ne peuvent pas se permettre d’emmagasiner chez elles un certain nombre de bota. Aller la chercher chez un point de vente ou une station-service pose problème de convenance. Seules les familles qui ont les moyens peuvent se le permettre. Il reproche le manque d’études d’impact sur les prises de décision et leurs répercussions sur le quotidien des citoyens. En attendant, le commerçant a deux possibilités : soit le non-respect de la loi ou bien cesser de vendre les bouteilles de gaz.
-La police judiciaire de Bir Jdid a arrêté, vendredi, un vendeur de fruits secs qui a mis en ligne une vidéo incitant les élèves à s’attaquer physiquement à leurs instituteurs et professeurs et à l’abandon scolaire. Pour Jamal Berraoui, les internautes n’assument pas leurs responsabilités. Au-delà du contenu, les Youtubeurs et autres utilisateurs des médias sociaux ne savent pas que la police marocaine est à la pointe des technologies pour épingler les fautifs. Est-ce de la liberté d’expression que d’inciter à la violence et à la haine ? s’interroge l’analyste. Il note à cet égard que 760.000 messages ont été détectés rien qu’en France appelant à la haine de l’autre, au racisme et à l’islamophobie. Des actes qui sont passibles de poursuites judiciaires. Les responsables français ont contacté les plateformes qui hébergent ces médias pour les sensibiliser à épurer et bloquer les messages et vidéos enfreignant la loi. On ne peut pas appliquer le code pénal de la presse à des gens qui n’ont aucun lien avec la profession de journaliste, souligne Jamal Berraoui en ajoutant que les gens oublient que lorsqu’on partage des vidéos sordides, on est responsable de ses actes car on est passible de poursuite pour incitation à la haine et à la violence. Il déplore qu’on n’ait pas encore ouvert le débat sur cette question au Maroc ni sur le détournement de la liberté d’expression par des blogueurs. Berraoui évoque le cas du confrère Omar Radi estimant que s’il avait écrit et publié son tweet sur un journal ou un site d’information, on lui aurait reproché d’avoir qualifié le juge de tortionnaire mais à partir du moment où il l’a publié sur son compte twitter, tout le monde dira qu’il avait raison.
– Une vague de colère sur les réseaux sociaux pour le bilan 2019; l’heure d’hiver arrive en tête des problèmes évoqués. Pour Berraoui, elle a été ajoutée pour rendre service aux centres d’appels qui travaillent pour la plupart avec l’Europe mais les entreprises marocaines se plaignent. Les parents d’élèves qui doivent sortir chaque matin pour accompagner leurs enfants dans l’obscurité, sans oublier les femmes qui vont au travail de bonne heure et craignent d’être agressées. L’analyste fait remarquer que l’horloge biologique est une réalité et qu’il est temps que le Maroc remette les pendules à l’heure ! Il note que la productivité prend un coup sans oublier le coût en termes de consommation supplémentaire de l’électricité. Et Berraoui d’interpeller les autorités : Pourquoi le gouvernement qui a promis une étude d’évaluation, tarde-t-il à la publier ?
-Selon le quotidien « Al Massae », le gouvernement compte renflouer les caisses de 2M pour lui permettre de sortir de la crise financière dans laquelle elle se débat, frôlant la faillite. Le porte-parole du gouvernement a répondu aux critiques en affirmant que ladite chaîne sera aidée sans révéler de quelle manière. Ironique dans sa réaction, Berraoui se demande s’il ne faut pas solliciter la Banque mondiale avant de dire qu’il faut remonter à la racine du problème dont souffre aujourd’hui la chaîne. En 2004-2005, 2M avait pratiquement réussi à assurer son équilibre budgétaire et financier et avait la possibilité d’être privatisée et l’entrée dans son capital des banques mais on a pris la décision qu’elle reste dans le giron du pôle public. A ce sujet, il cite le cas de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) qui dispose de 7 chaînes dont deux sont fermées. L’analyste relève que le patron de la régie publicitaire qui alimente 2M est aujourd’hui actionnaire dans Médi1 et Médi 1TV. Il est donc normal, pour des intérêts personnels, qu’il privilégie ses « chaînes ». On a laissé les problèmes et les dettes de 2M s’accumuler et à force de passer des feuilletons à l’eau de rose, la chaîne a perdu beaucoup d’audience. Aujourd’hui, 2M est au bord de la faillite et bon nombre de prestataires attendent d’être payés. Elle aura de grandes difficultés à travailler avec les maisons de production marocaines pour le mois de ramadan prochain.
Carte blanche : Jamal Berraoui la dédie à cette année 2019 qui s’apprête à nous quitter. Il avoue qu’il a décrété le « couvre-fête » et décidé de ne plus célébrer le jour de l’an depuis 30 ans hors de chez lui. Il met l’accent sur le comportement des citoyens et leur relation avec l’alcool et la conduite en état d’ivresse et les dégâts en termes d’accidents et de pertes de vies humaines. Des jeunes en fleur de l’âge nous quittent et le 1er janvier, des familles sont endeuillées. Si on veut sortir,il faut laisser sa voiture et prendre un taxi. Il demande à ce qu’on procède soi-même à l’alcotest. Berraoui qualifie la nuit du jour de l’an de la plus meurtrière au Maroc. A côté des drames de l’alcool, il faut y ajouter les problèmes des drogues et des psychotropes. Rien qu’au titre de cette année, la police a saisi pas moins de 640.000 pilules d’ecstasy sans oublier le reste et les trafiquants qui ont réussi à passer à travers les mailles. On parle toujours de la responsabilité de l’Etat mais on oublie que c’est la responsabilité de tout un chacun, souligne Jamal Berraoui. Son message par rapport à la conduite en état d’ébriété est pratiquement le slogan de pub : boire ou conduire, il faut choisir, en l’occurrence, quand l’alcool est dans l’homme, la sagesse est dans le verre !
« Ach Waqe3 » est une émission incontournable. Elle est diffusée sur les ondes de MFM Radio du lundi au jeudi à partir de 12h30 et le vendredi de 12h à 13h et rediffusée les mêmes jours à 19h30.