« Ach Waqe3 » : l’actualité décryptée par Jamal Berraoui
« Ach Waqe3 » est l’une des émissions phares de MFM Radio traitant des faits saillants de l’actualité du jour. Elle est décryptée par le journaliste politique et économique Jamal Berraoui.
L’émission de ce mercredi 8 janvier, 2020 traite de plusieurs sujets :
-L’Iran a mené des frappes avec des missiles balistiques sur deux bases américaines en Irak. Le guide suprême de la révolution iranienne, l’ayatollah Ali Khamenei a déclaré, dans un discours télévisé, diffusé ce mercredi en direct, qu’une gifle a été donnée aux Américains pour venger le général Qassem Soleimani, chef des gardiens de la révolution, tué le 3 janvier près de l’aéroport de Bagdad. Il a ajouté que ces frappes ne sont pas suffisantes car l’important est que la présence des Etats-Unis dans la région prenne fin. Trump a réagi par un tweet que tout va bien et que la réponse viendra en cours de journée après évaluation. La réaction des pays européens et des pays du Golfe appellent les deux parties à la retenue et à éviter toute escalade. Pour l’instant, nous nous disposons d’aucun bilan fiable. Les Iraniens disent avoir tué 80 militaires américains. De son côté, Donald Trump parle de zéro perte, note l’analyste de MFM Radio. Il ajoute qu’on est en pleine propagande de guerre psychologique et de communiqués dont il faut se méfier. Berraoui souligne qu’en matière de diplomatie, Trump utilise son approche commerciale d’homme d’affaires en poussant son adversaire à ses derniers retranchements pour faire le plus de concessions possibles. Il est allé trop loin en éliminant le général Soleimani. On l’a vu hier avec la bousculade lors des funérailles qui a fait plus de 50 morts avec toutes les conséquences sur le sentiment des foules.
L’analyste estime par ailleurs que l’Iran n’est pas seulement un Etat mais il est surtout soutenu par ce qu’on appelle l’arc chiite et c’est ici que réside le problème. L’analyste fait observer que le dossier nucléaire iranien ne constitue pas le fond du problème dans la mesure où Téhéran a accepté de soumettre son programme à l’inspection de l’agence internationale de l’énergie atomique. Le vrai casse-tête est la présence de l’Iran dans quatre pays arabes. Il est à craindre que les Houtis s’attaquent à l’Arabie Saoudite, le Hezbollah libanais s’en prenne à Israël, sans oublier le front syrien où les soldats américains présents sur le terrain risquent aussi d’être ciblés. Dans tout ce bourbier, la véritable victime est l’Irak qui souffre déjà de problèmes institutionnels. Il est difficile aujourd’hui pour les Iraniens de contester le régime, idem pour l’Irak. Trump a joué avec le feu en liquidant Qassem Soleimani et a bien au contraire consolidé le régime iranien. Berraoui conclut que la région du Golfe et du Moyen-Orient vit depuis 50 ans dans des guerres allumées par les Etats-Unis. La diplomatie et l’armée américaine sont au service des intérêts américains et israëliens.
-Dossier libyen : Des responsables turcs ont rencontré hier le nouveau président algérien Abdelmajid Tebboune. De son côté, le Maroc, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita à travers un long communiqué contenant plusieurs points, exprime sa profonde préoccupation suite à l’escalade militaire dans ce pays, et rejette toute intervention étrangère, y compris une intervention militaire, quels que soient ses fondements, ses motifs et ses acteurs. Le royaume souligne que les interventions étrangères n’ont fait que compliquer la situation, éloigner les perspectives d’une solution politique dans le pays, ancrer les conflits internes et menacer la paix et la sécurité dans la région du Maghreb dans sa globalité. Il ajoute qu’il n’existe pas de solution militaire au conflit en Libye. La résolution de ce conflit ne peut être que politique et consiste en un consensus entre les différentes factions libyennes dans le cadre de l’intérêt suprême de la Libye et du peuple libyen. Pour le Maroc, cette solution politique passe par une étape transitoire selon les dispositions de l’Accord politique de Skhirat et ce, à travers la consolidation de cet accord et son amélioration si nécessaire. Il conclut que la Libye ne peut se transformer en un « fonds de commerce » politique au service des conférences et réunions diplomatiques, au lieu de servir les besoins vitaux du peuple libyen, en matière de paix et sécurité.
Pour l’analyste de MFM Radio, le Maroc exprime une position de principe. La diplomatie marocaine et contrairement à d’autres pays, est fondée sur des principes. Son premier principe est la non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres nations. Le deuxième principe est la recherche constante de solutions politiques aux problèmes. La Libye est proche de nous. Et quand le Maroc se prononce contre toute intervention étrangère dans le conflit, il ne vise pas uniquement la Turquie. Il renvoie dos à dos, Turcs, Egyptiens, Emiratis et autres. Les gens oublient que le royaume a déployé de gros efforts pour concrétiser l’accord de Skhirat, fruit d’un long travail diplomatique. Cet accord a été avorté par des puissances étrangères. Aujourd’hui, la situation est catastrophique surtout que les tribus libyennes sont divisées. Les Européens ne sont intéressés que par le pétrole et la lutte contre l’immigration clandestine. Pour nous Maghrébins, nous sommes concernés au premier degré par le bourbier libyen surtout que ce pays est devenu une caserne d’armements à ciel ouvert. Pour l’Algérie, la guerre est à ses frontières. Avec tous ces problèmes et sur un plan stratégique, le Maroc est en droit de soumettre sa vision, souligne Jamal Berraoui. Il nous faut une mobilisation intérieure et faire comprendre aux gens que nous sommes « encerclés » par ce conflit et les dangers qu’il implique, conclut l’analyste.
-L’évasion de Carlos Ghosn du Japon a fait couler beaucoup d’encre et tout le monde se demande comment il a réussi à se soustraire à la justice japonaise et débarquer au Liban. Il a tenu, ce mercredi, une conférence de presse à ce sujet. Jamal Berraoui est catégorique. Ghosn a utilisé deux mercenaires qui travaillaient pour la CIA qui l’ont exfiltré. Berraoui note qu’on n’est pas dans un film à la James Bond et qu’il faut s’arrêter sur le personnage. Ghosn incarne le capitalisme mondialisé. Quant à aller jusqu’à accuser la justice japonaise de tous les maux, on doit comprendre que la justice est le reflet de la culture du pays. Au Japon, 99% des personnes poursuivies sont condamnées avec des preuves. Pour revenir à Ghosn, il est au Liban. Il fait partie des puissants du capitalisme sans foi ni loi.
-SM Roi Mohammed VI a présidé, ce mardi, au Palais Royal de Marrakech, une séance de travail consacrée au Programme prioritaire national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, indique le Cabinet royal. Selon un communiqué du cabinet royal, cette séance s’inscrit dans le cadre des réunions que le Souverain avait présidées dans le but d’élaborer un projet intégré de ce Programme, qui couvre l’ensemble des régions du Royaume. Lors de cette séance, le ministre de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, et le ministre de l’Intérieur, ont présenté des exposés devant le Roi portant sur les différents aspects de ce Programme et particulièrement en ce qui concerne les axes suivants : l’amélioration de l’offre hydrique notamment par la construction des barrages, la gestion de la demande et la valorisation de l’eau, notamment dans le secteur agricole, le renforcement de l’approvisionnement en eau potable en milieu rurale, la réutilisation des eaux usées traitées dans l’irrigation des espaces verts, la communication et la sensibilisation en vue de renforcer la conscience liée à l’importance de la préservation des ressources en eau et la rationalisation de son utilisation. SM le Roi a donné ses instructions pour la mise en œuvre de ce Programme, dont le coût global atteindra 115 milliards de dirhams.
Pour Berraoui, on doit commencer par résoudre la problématique de l’eau potable. On a bien des populations sorties protester contre la pénurie. On a un problème dans l’agriculture en raison du stress hydrique. L’analyste propose une autre solution en dehors de l’usage des eaux usées en recourant à la désalement de l’eau de mer et revenir à la construction de lacs et barrages collinaires. On doit faire des investissements vitaux pour assurer l’eau potable, permettre aux petits agriculteurs de continuer à travailler le sol plutôt que d’être condamnés à l’exode rural et préserver l’écosystème pour lutter contre la désertification, souligne l’analyste de MFM Radio. Il enchaîne pour parler du port de Safi. Il fait remarquer qu’au départ, qu’il y avait un projet ambitieux avec l’édification d’un port qui sera le pendant de celui de Tanger. Depuis, on a pris du retard et on l’a transformé en port minier au service de l’ONEE. A Safi, on a rayé de la carte le vieux port pour en faire une marina. Par la suite, on a décidé d’en faire une base navale de la marine royale. Mais là où le bât blesse, c’est lorsqu’on accuse des retards de plusieurs années dans l’exécution des projets et, à chaque fois, la planche de salut vient de l’intervention royale pour les rappeler à l’ordre.
-Un rapport parlementaire consacré au commerce de la contrebande du préside occupé de Sebta et la situation humiliante et dégradante des centaines de femmes et d’hommes au poste frontière, recommande, entre autres, une alternative socio-économique avec la création d’une zone franche et une autre industrielle dans la région pour offrir des emplois. Berraoui trouve qu’il était temps de sortir ce rapport et estime que les députés ont raison de réclamer l’instauration d’une zone franche. L’autre problème est de savoir que les contrebandiers sont des Marocains. Il leur faut une alternative et les femmes et hommes porteurs se comptent par des dizaines de milliers. L’analyste est pour un Etat de droit. Il réclame aussi le droit pour ces familles au travail et à la dignité. Elles violent la loi par nécessité. On doit ouvrir le débat sur ce dossier, affirme l’analyste.
-Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que le gouvernement planche actuellement sur la préparation d’un décret pour l’indemnisation des enseignants travaillant dans les zones reculées du royaume. C’est le ministre de l’Education nationale, de la formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Saïd Amzazi qui l’a révélé lundi, lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants. Pour Berraoui, quand on voit quelqu’un travailler dans un endroit isolé et lointain du royaume, il fait face à divers problèmes et contraintes à commencer par les services publics tels que la santé, le transport sans oublier la question du logement ou la scolarisation de ses enfants. Généralement, on affecte dans les zones rurales les débutants et nouveaux diplômés qui, après trois ans d’exercice, peuvent demander leur mutation. On doit toujours partir de la réalité. Il faut encourager les enseignants à aller travailler dans les endroits les plus reculés moyennant des primes. On doit voir dans quelles conditions ils travaillent surtout en plein hiver.
Carte blanche : Jamal Berraoui a regardé et apprécié la vidéo d’un élève de 12 ans originaire de la ville de M’Rirt. Il est passé dans l’émission de 2M, « Kitaboun Qaraatouhou » (un livre que j’ai lu). Il a fait une excellente lecture du livre de George Orwell « La ferme des animaux » dans une excellente langue. Berraoui salue la famille de l’élève et son professeur qui lui a confié le livre. C’est ce genre de professeurs et d’instituteurs militants comme également celui d’Al Hoceima que nous voulons pour notre enseignement, souligne l’analyste de l’émission. Il salue également 2M pour son programme qui incite à la lecture pour qu’on dépasse la sinistrose et qu’on encourage les jeunes à regarder positivement vers l’avenir. Les familles ont une grande responsabilité dans ce chapitre, conclut Jamal Berraoui.
« Ach Waqe3 » est une émission incontournable. Elle est diffusée sur les ondes de MFM Radio du lundi au jeudi à partir de 12h30 et le vendredi de 12h à 13h et est rediffusée les mêmes jours à 19h30.