« Ach Waqe3 » : l’actualité décryptée par Jamal Berraoui
« Ach Waqe3 » est l’une des émissions phares de MFM Radio traitant des faits saillants de l’actualité du jour. Elle est décryptée par le journaliste politique et économique Jamal Berraoui.
Dans l’émission de ce vendredi 31 janvier, le débat porte sur les sujets suivants :
-L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré jeudi l’urgence internationale face à l’épidémie du nouveau coronavirus qui frappe la Chine, alors que le nombre de victimes ne cesse de grimper (plus de 200 morts et 10.000 cas de contamination à ce jour en Chine) et la contamination s’accélère et inquiète au niveau mondial, des dizaines de cas ayant été déclarés dans de nombreux pays. Royal Air Maroc annonce la suspension provisoire de ses vols vers Pékin à compter de ce vendredi 31 janvier et jusqu’au 29 février 2020. Le chef du gouvernement Saad Eddine Otmani déclare que toutes les mesures de précaution ont été prises selon les normes mondiales pour le contrôle et le suivi.
Jamal Berraoui note qu’au début l’OMS minimisait la gravité du virus, puis au fur et à mesure de l’évolution de l’épidémie tire la sonnette d’alarme annonçant au final l’état d’urgence. Ce qu’il faut savoir c’est que le coronavirus et moins dangereux que le sras qui a sévi en 2002-2003, mais il se propage trop vite. L’organisation se base sur le taux de mortalité pour en juger le degré de danger. 200 morts sur 10.000 contaminés, c’est un taux inquiétant certes mas qui reste faible. La grippe, elle, est devenue une maladie passagère courante pour l’homme. Au Maroc, on n’a pas les statistiques de morts par la grippe, mais en France, la grippe tue 10.000 personnes par an, et 8.000 aux Etats Unis. Pour le coronavirus, tous les pays ont pris des mesures de précaution, y compris l’annulation de plusieurs vols vers la Chine. Les scientifiques disent que le virus peut se développer en d’autres formes. Il est important cependant de ne pas céder aux fake news et à la panique.
-Selon certains médias, le yen s’est apprécié face au dollar et que le prix du pétrole a connu une hausse à cause du coronavirus.
C’est normal que cette épidémie ait un impact sur une économie mondiale dont la Chine est la locomotive depuis plus de 15 ans. Cette année, la Chine prévoyait un taux de croissance pour 2020 de 6,5% et c’est son plus bas depuis 15 ans ; elle dépasse toujours les 7%. Maintenant, elle est presque siégée. Pour ce qui est du pétrole, puisque les besoins de la Chine en pétrole vont diminuer, il est normal que le prix du baril soit revu à la baisse plutôt qu’à la hausse. C’est la tendance normale.
-Cinq candidats se sont présentés, jusqu’à présent, aux élections pour le poste de secrétaire général du Parti Authenticité et Modernité (PAM), a annoncé, jeudi à Rabat, le président de la commission préparatoire du quatrième congrès national du parti, Samir Koudar. Il s’agit de Mohamed Cheikh Biadillah, Abdellatif Ouahbi, Samir Belafkih, Abdessalam Boutayeb et Mekki Ezzizi, a précisé Koudar lors d’un point de presse consacré au quatrième congrès national du parti, prévu le 7 février à El Jadida. Ce sont les congressistes qui trancheront sur le choix de la direction du parti et sur ses futures alliances, a-t-il affirmé, notant que les candidatures féminines aux postes de décision sont les bienvenues. Par ailleurs, s’agissant de certains différends qu’a connus le parti dernièrement, Koudar a noté que le PAM a « mené de multiples batailles et s’en est sorti plus fort », affirmant qu’il en est de même pour la dernière bataille, malgré ses inconvénients.
L’analyste de Radio MFM estime que c’est un point positif que d’avoir plusieurs candidats indiquant qu’auparavant les élections se cuisinaient en interne. Il pense que Cheikh Biadillah est le candidat favori pour plusieurs raisons. D’abord, il ne faut pas oublier qu’il était le premier SG du PAM et l’un des fondateurs du mouvement pour tous les démocrates. C’est aussi un ancien ministre. Ensuite, il a des qualités personnelles intrinsèques ; c’est un homme sage unificateur, qui ne fait pas de sorties médiatiques arbitraires. C’est pour cela qu’il inspire confiance. Le problème du PAM c’est qu’il est composé de membres issus de différents courants.
-L’Economiste a abordé cette semaine le sujet d’un commerce florissant. Il s’agit d’entrepreneurs qui sont depuis début 2020 à vendre leurs entreprises exportatrices qui ont été créées en 2019 en vue de préserver l’avantage des incitations fiscales. Ces entreprises ont bénéficié d’exonération de la TVA selon les dispositions de la loi de finances 2020.
C’est une manière de détourner la loi, devenue habituelle chez les Marocains, constate Berraoui. Cinq ans c’est rien dans la vie d’une entreprise, il faut voir plus loin. Pur investir il faut avoir une stratégie claire, des objectifs et un produit qui se vend. Chez nous, beaucoup de gens investissent selon s’il y a ou pas la TVA et si l’Etat accorde des subventions.
– La plateforme d’écoute et d’accompagnement «Kolonamaak», décidée aux femmes et filles en situation de vulnérabilité, a été lancée, mercredi à Rabat, « afin d’améliorer leurs conditions et de protéger leurs droits de toute violation ». Mise en place sur instructions de SAR la Princesse Lalla Meryem, présidente de l’Union Nationale des Femmes de Maroc (UNFM), cette plateforme a pour objectif de signaler tout abus ou violence dont seraient victimes les femmes et les filles, et de les orienter vers les autorités compétentes. Les bénéficiaires recevront également des conseils sur les possibilités d’emploi, de formation ou de création d’entreprise ou de projets générateurs de revenus aux niveaux local et régional.
Dans les années 60-70, l’Union Nationale des Femmes de Maroc était mal vue dans la société marocaine. C’était le cas de tous les mouvements féministes au Maroc. Mais ces femmes travaillent avec beaucoup de sérieux et la princesse Lalla Meriem est sensible aux problèmes qui touchent l’enfant et la femme. Nous n’avons pas besoin d’une seule plateforme mais de plusieurs parce que la femme se fait violenter et la famille qui doit la protéger n’y voit que le côté matériel. Pour elle, cette femme, qui est pourtant la leur, représente une charge supplémentaire et donc il faut qu’elle prenne son mal en patience et retourner chez elle auprès de son bourreau. Dans plusieurs domaines, le droit de la femme est bafoué ; au-delà des soulaliates, elle se fait exproprier de son héritage par ses frères sans qu’elle ait la possibilité de se défendre. Il ne faut pas hésiter à créer des institutions de ce genre pour lui venir en aide. La femme c’est la moitié de la société, comment veut-on décoller avec une femme sans droits. Donc c’est une bonne initiative que je ne peux que saluer et encourager.
-Akhbar Al Yawm écrit qu’après le tollé soulevé autour des profits importants des banques qui, selon certains, ne participent pas au développement de l’économie nationale, les patrons de ces établissements financiers ont fait des sorties pour présenter le rôle important des banques dans le soutien des entreprises et le développement de l’économie nationale. Dans ce sens, le PDG d’Attijariwafa bank a présenté devant le parlement sur les bénéfices de ces banques et la manière dont ils sont partagés reconnaissant par ailleurs le manque de communication entre ces institutions financières et l’opinion publique. Kettani a indiqué que le taux d’intérêt en vigueur au Maroc est de 2,4%, proche de celui des pays développés (2,3%), tandis que dans les pays émergeants, il est de 3,4%.
Il a raison, lance Berraoui, qui souligne par ailleurs qu’on mélange les choses. Il faut savoir qu’on ne peut pas conduire de réformes économiques sans un secteur bancaire solide. Et pour qu’il soit ainsi, il ne doit pas perdre mais gagner. Pour ce qui est du financement de l’économie, Berraoui rappelle que les banques ont traversé pendant 3 années une crise de liquidité. Une bonne partie des fonds ont été engrangés par l’immobilier à travers le nombre importants de crédits octroyés aux promoteurs qui ont connu une crise au niveau de leurs produits haut standing. Ce créneau leur a bouffé 6 milliards de dirhams. D’autre part, il y a eu un problème d’accès des TPME au financement à cause de la non éligibilité de ces dernières aux critères des banques. Aujourd’hui, M. Jouahri essaye de mettre un cadre qui permet aux TPME de bénéficier de soutien financier.
Carte blanche : Aujourd’hui, Jamal Berraoui pose une question : peut-on dissocier une œuvre d’art de son créateur ? Ce débat a été interrompu après la deuxième guerre mondiale. En France, il y avait eu deux grands écrivains Céline et Brasillach qui ont été maudits à cause de leur antisémitisme. Leurs œuvres ont été ensuite bannies. Dernièrement, un autre cas a suscité une grosse polémique ; il s’agit du dernier film de Roman Bolanski qui a eu douze nominations qui ont été remises en cause suite aux multiples procès de pédophilie portés contre le réalisateur. Il y a plusieurs cas de ce genre qui ouvrent le débat si on doit considérer la conduite morale de l’artiste dans l’évaluation de son œuvre. Au Maroc, nous avons plusieurs cas aussi dont l’affaire de Saad Lemjarrad qui est toujours poursuivi en justice en France pour une affaire de viol. La question qui se pose : est-ce qu’on doit toujours diffuser ses chansons sur antenne s’il ne sera pas innocenté ? Pour Berraoui, si l’accusation de viol venait à être confirmée, il ne doit plus être diffusé parce qu’il chante un sentiment aussi noble que l’amour alors que dans la réalité il serait un « violeur ».
« Ach Waqe3 » est une émission incontournable. Elle est diffusée sur les ondes de MFM Radio du lundi au jeudi à partir de 12h30 et le vendredi de 12h à 13h et rediffusée les mêmes jours à 19h30.