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Afem : bataille à couteaux tirés

Que se passe-t-il concrètement au sein de l’Association des femmes chefs d’entreprises du Maroc ? C’est la question que se posent plusieurs personnes depuis quelques semaines. Le Conseil d’administration tenu le 30 avril a statué sur la démission de l’actuelle présidente de l’Afem, Aicha Laasri Lamrani. Sauf que cette dernière ne compte pas se laisser faire.  

Rien ne va plus au sein de l’Association des femmes chefs d’entreprises du Maroc (Afem). Tous les yeux sont rivés sur la date du 25 juin où se tiendra l’Assemblée générale de l’Afem, qui entérinera, entre autres, les décisions prises lors du Conseil d’administration du 30 avril dernier. Mais, en attendant, la situation semble bien compliquée. Alors que le Conseil a statué sur la démission de la présidente nationale élue en juin dernier, Aicha Laasri Lamrani, jugeant qu’elle ne pouvait mener à terme son mandat à la tête de l’Afem, a installé un comité collégial de gestion pour conduire les affaires courantes de l’association jusqu’à une prochaine élection.

La présidente élue affirme qu’elle demeure toujours présidente, selon la loi, dans une récente sortie médiatique. Ce qui pousse certains observateurs à dire que la situation actuelle ressemble à un serpent à deux têtes, car d’un côté le comité collégial agit au nom de l’association, tandis que de l’autre, Aicha Laasri Lamrani estime toujours que sa légitimité est intacte.

Mais, pour Saloua Karkri-Belkeziz, fondatrice de l’Afem, la page est déjà tournée. «Aicha Lasri Lamrani n’a pas réussi à faire fonctionner les instances de décision de l’association depuis son élection. Plusieurs personnes ayant participé à son élection ont démissionné juste après, y compris sa colistière qui a largement contribué à son élection», explique-t-elle. D’aucuns n’hésitent toutefois à dire que ce sont des conflits internes qui ont engendré cette situation. «Je reconnais que diriger une association de plus de 600 membres n’est pas chose aisée », ajoute la fondatrice de l’Afem.

Il est notamment reproché à la présidente de ne pas avoir pu, entre autres, fédérer autour de sa vision, et surtout de ne pas avoir tenu une promesse de campagne : celle d’entamer le chantier de refonte en vue d’adapter l’association aux nouvelles mutations, notamment la régionalisation avancée, qui aurait conféré plus d’autonomie aux présidentes régionales en vue de prendre des initiatives à fort impact au niveau de leurs régions respectives. Khadija Idrissi Janati, colistière de Aicha Lasri Lamrani et ex vice-présidente de l’Afem, confie pour sa part que tout avait bien démarré au lendemain de l’élection.

Remettre l’association sur les bons rails

« Nous étions très opérationnelles dès les premiers jours parce que chacune savait déjà ce qu’elle avait à faire. Au bout d’un mois, selon les statuts de l’Afem, tous les bureaux doivent être désignés par la présidente et validés par le Conseil d’administration. Nous avons donc constitué le bureau et il fallait le faire valider. Sauf que la présidente a hésité pendant longtemps avant de porter cette question au niveau du CA, ce qui, à un moment, a commencé à mettre tout le monde mal à l’aise. Le bureau était constitué de beaucoup de jeunes conformément aux promesses de campagne. Or Aicha Lasri Lamrani a souhaité faire autrement en disant qu’elle voulait équilibrer le bureau et qu’elle ne pouvait pas travailler qu’avec des jeunes. Cela a créé des frictions au sein de l’équipe, parce que c’est un retour sur l’engagement et sur la vision de départ qui prônait un renouvellement, voire une réinvention de l’Afem », explique celle qui a démissionné quelques mois seulement après l’élection.

De sources bien informées, chaque fois que la présidente nommait un nouveau bureau, quelques semaines plus tard, plusieurs membres démissionnaient et il fallait encore repartir de zéro. Une situation qui a fait que près d’un an après l’élection, l’Afem n’a pas pu avoir un bureau digne du nom pour pouvoir déployer les chantiers prévus.

« Il n’y a pas un problème particulier avec la personne de Aicha Lasri Lamrani. Mais, la situation dans laquelle se trouve l’association est déplorable et il faut agir», estime Saloua Karkri-Belkeziz. L’espoir reste porté sur l’AG du 25 juin pour remettre l’Afem sur les bons rails. Mais, beaucoup redoutent quand-même un serpent à deux têtes, après cette date.

« Il n’est pas exclu que Aicha Lasri Lamrani ne reconnaisse pas les décisions de l’Assemblée générale prochaine et continue de prétendre agir en tant que présidente de l’association. Etant donné aussi qu’elle connaît tout un chacun des membres de l’association mieux que les membres du comité des sages, elle a donc toute la latitude qu’il faut pour convaincre un grand nombre à sa cause », analyse notre source. Comme quoi le bout du tunnel est encore loin.

 
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