Affaire Galvan : Au-delà de l’émotion
Il n’y a pas un seul être doté de raison qui puisse être effleuré par l’idée que le Roi du Maroc a sciemment gracié le pédophile. Les deux communiqués du Palais Royal répondent largement à la question. Il s’agit d’une erreur, d’une horrifiante erreur. Le Roi a assumé ses responsabilités et il faut le souligner.
Seulement des questions lancinantes demeurent. La chaîne n’a pas fonctionné. L’ordre royal s’impose évidemment. Mais à aucun niveau, de celui qui dans l’entourage du Roi, a transmis l’ordre à celui qui a signé la levée d’écrou, aucun responsable n’a estimé utile de remonter l’information, de dire attention il y a dans le lot un monstre.
L’enquête ouverte ne doit pas se limiter à livrer à la vindicte populaire un ou plusieurs noms. Le communiqué du Palais, le premier met en exergue la nécessité de revisiter les procédures de la grâce. C’est ce à quoi il faut se rattacher. Il faut que cette mesure soit encadrée par des critères pour respecter la justice, le droit des victimes à la réparation tout en étant un acte souverain. Il s’agit de respecter l’esprit de la Constitution.
L’émotion qui a entouré cette affaire était plus que légitime. Pour avoir eu les photos qui ont condamné le pédophile, en avoir vomi, je peux vous assurer que si quelqu’un l’élimine en Espagne, j’en serai heureux.
Mais cette tragédie doit servir à la construction démocratique. Il serait malheureux de fermer la parenthèse. La chaîne de commandement n’a pas fonctionné parce qu’à aucun niveau, y compris celui du premier récipiendaire de l’ordre Royal, l’esprit de responsabilité n’a primé.
Le ministre de la Justice s’est empressé, par voie de communiqué de se déclarer irresponsable. Effectivement son département n’a pas été impliqué, c’est une vérité. Mais cela manque d’élégance, de solidarité. Ramid étant, de par la Constitution, ministre de Sa Majesté. Laensar a fait pire. Selon son communiqué, il n’y a eu aucun ordre pour tabasser les manifestants. Il est réellement fou. Si les flics ont pris la décision de leur propre chef, celle de violenter les Marocains, cela signifie que nous vivons en pleine anarchie et que le directeur de la DGSN et Laensar doivent démissionner séance tenante. Durant quatre jours nous avons assisté à un véritable bal de faux-culs. Dans ce pays personne n’est responsable. Sauf le Roi. Il assumé de manière claire, ce qui rétablit le lien de confiance avec le peuple. Mais les autres ont tous fait dans la médiocrité, la lâcheté. La principale leçon à tirer c’est celle-là. Il faut que les responsables arrêtent de se cacher derrière le Palais. Sinon il n’est pas question de parler de monarchie parlementaire.