Agriculture : des drones au service du développement du secteur
Le secteur agricole marocain a réalisé un saut qualitatif au cours de la dernière décennie à la faveur du Plan Maroc vert (PMV), qui a inscrit parmi ses objectifs la réalisation d’un changement dans les modes de production, qu’il s’agisse d’une agriculture vivrière qui utilisait des décennies durant des techniques traditionnelles ou encore de l’agriculture moderne qui requiert d’importants investissements financiers et l’usage de techniques et de moyens développés.
Les résultats obtenus dans différentes régions du Royaume dénotent le grand impact positif de la mise en oeuvre du PMV dans ses deux piliers. Toutefois, l’atteinte de ces résultats éclatants ne relève pas du pur hasard, mais elle est le fruit d’efforts soutenus au niveau de la planification et de la conception de programmes concrets, et de l’implication effective des différents intervenants pour relever ce défi.
Dans cette optique, la dynamique d’accompagnement s’est poursuivie pour la mise en œuvre du PMV, en particulier en ce qui concerne le premier pilier portant sur l’agriculture moderne, où la recherche scientifique continue sa marche de développement aussi bien au niveau de la production des plants de certaines cultures qu’en matière de valorisation des produits agricoles et de création de nouvelles techniques, en mettant à contribution les technologies modernes pour le développement de l’activité agricole.
Dans ce sillage, une équipe scientifique composée de quatre jeunes ingénieurs (Sahib El Alami, Oumaima Labou, Mouad Omarir et Mohamed Machatati), encadrée par Dr. Abbas Kailil, est parvenue récemment à mettre au point une nouvelle technique innovante pour le traitement des cultures par voie aérienne, permettant notamment de prendre des photos aériennes précises des zones emblavées et de détecter de manière précoce des maladies susceptibles d’affecter les cultures.
Cette technique novatrice, présentée mercredi dans la ville d’Ait Melloul (province d’Inzegan Ait Melloul), à un groupe d’agriculteurs et d’investisseurs dans la région de Souss-Massa, consiste en la conception d’un drone d’un diamètre de 1,80 m et de 80 centimètres de hauteur, doté d’un réservoir pour liquides et pesticides d’une capacité de 20 litres, et équipé de solides hélices qui permettent d’agiter les branches d’arbres pour laisser pénétrer les pesticides.
Ce drone, qui ne peut être mis en service qu’après l’obtention de l’autorisation des autorités compétentes, est équipé d’un système d’exploitation sophistiqué et peut être programmé pour effectuer une série de missions bien définies, dont la prise de photos aériennes précises montrant les zones irriguées, les zones non irriguées et celles nécessitant plus d’irrigation, a expliqué Kailil.
Chaque drone peut assurer le traitement des cultures, des arbres et d’autres plantes, avec des pesticides sur une superficie allant jusqu’à 60 hectares par jour et ce, de manière efficace, touchant les différentes parties de la plante par le liquide grâce au mouvement des hélices, outre la réduction du coût (moins de 30 à 40 dirhams par hectare) et la cadence élevée du traitement.
Cette innovation technologique joint l’efficacité au respect des normes environnementales, a ajouté le professeur Kailil, notant que les opérations d’expérimentation ont montré que l’utilisation de ce drone, qui vole à une altitude ne dépassant pas 30 mètres, permet d’économiser jusqu’à 40% du volume des pesticides utilisés.
L’équipe de recherche marocaine ayant développé cette technologie, qui est désormais opérationnelle et exploitable par les agriculteurs, se penche également sur un plan d’action ambitieux pour aller de l’avant sur la voie du développement de cette technologie, en vue de fournir d’autres services qui soient en phase avec la vision du Plan Maroc Vert.