Agriculture: La datte étend ses palmes
La filière des dattes commence à se structurer grâce à la mise en place d’une stratégie qui a porté ses fruits. En témoignent les chiffres présentés par Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture, lors de la troisième édition du Salon international des dattes du Maroc à Erfoud.
«Le Maroc détient actuellement près de 4,5% des parts de marché mondial des dattes. Il s’agit d’une contribution que nous envisageons d’augmenter à 6% à l’horizon 2016». Voilà en gros l’objectif annoncé par Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime lors de la conférence tenue dans le cadre de la troisième édition du Salon international des dattes du Maroc à Erfoud. Tenue du 8 au 11 novembre 2012, sous le thème «Le palmier dattier, une dynamique en marche», cette édition a mis clairement le point sur le potentiel d’investissement que représente cette filière agricole, ainsi que l’état d’avancement du contrat-programme signé par l’Etat et la profession en 2010, et qui porte sur plusieurs mesures incitatives à l’investissement dans le secteur.
Un bilan honorable !
En somme, «la culture des dattes ne fait plus partie des activités fragilisées par la sécheresse et les maladies», confirme le ministre. En moins de deux années, le secteur attire de nombreux investisseurs, ce qui est la preuve d’un véritable dynamisme. Dans le détail, pas moins de 793.600 palmiers ont été plantés, soit 26,5% des objectifs arrêtés pour l’échéance 2020 qui prévoit la plantation de 3 millions de palmiers. «A ce rythme, les objectifs tracés seront atteints au plus tard en 2017», déclare Aziz Akhannouch. Il ajoute que «cette avancée est due à plusieurs variables, dont principalement la politique de recherche variétale qu’a initiée le Maroc depuis plus de 40 ans». A ce niveau, il est à préciser que ces travaux de recherche ont porté notamment sur la sélection et la multiplication des variétés résistantes au bayoud, une maladie virale qui attaque le plant par la racine. Résultat, la production de plants dans les laboratoires d’Errachidia et de Marrakech à partir des souches dépasse le seuil des 500.000 par an. Ces plants qui représentent, conjointement avec l’irrigation, l’essentiel du coût d’investissement sont fournis à hauteur de 80% gratuitement aux petits producteurs. De plus, les équipements des exploitations de moins de 5 ha en matériel d’irrigation sont subventionnés à 100% ainsi que la fourniture de plants même pour la production intensive.
La datte dominée par la micro-exploitation
La micro-exploitation prédomine à hauteur de 80% dans les palmeraies qui concentrent 48.000 ha. Superficie qu’il faut réhabiliter par l’arrachage de palmiers mâles improductifs et autres variétés de faible valeur commerciale. Certes, la palmeraie marocaine se distingue par un profil variétal des plus riches dans le monde avec plus de 430 espèces répertoriées jusqu’à présent et 800 non répertoriées. Cependant, les variétés demandées sur le marché ne représentent qu’une part minime (mejhoul, boufeggous, bouskri, aziza, nejda). Dans cette optique, le défi serait de convaincre les petits producteurs d’opérer une reconversion variétale. Ce qui n’est pas gagné d’avance, notamment quand on sait que certains disposent d’un nombre limité de plants qui ne dépasse pas les 10.
D’autant plus que le processus de production d’un palmier nécessite entre 6 et 8 ans. D’où l’option «de développer des plantations hors zone des oasis où l’eau ne pose pas problème puisque la nappe y est à la fois courante et renouvelable», explique le ministre. Cette superficie qui sera cédée au privé pour la production intensive doit aussi bénéficier aux petits producteurs, à la condition de se constituer en coopératives ou en groupements d’intérêt économique (GIE). A l’heure actuelle, le secteur a connu la création d’une vingtaine de GIE, dans le but de bénéficier des subventions destinées aux infrastructures de valorisation, tels le froid et les stations de conditionnement.
793.600
C’est le nombre de palmiers plantés depuis la mise en vigueur du contrat-programme en 2010.