Agriculture : OCP encourage l’intensification de la technique du semis direct
OCP poursuit sa mobilisation pour une agriculture marocaine plus résiliente. Ainsi, le groupe a lancé en octobre 2019 le programme Semis direct Al Moutmir visant à booster l’utilisation de la technique du semis direct au niveau national, afin de permettre aux agriculteurs d’améliorer leur production et leurs rendements. Les résultats obtenus à nos jours sont très prometteurs. Les détails.
Le changement climatique fait peser de sérieuses menaces sur le secteur agricole. Les saisons sont de plus en plus bouleversées occasionnant ainsi le dérèglement du calendrier des agriculteurs, qui voient ses rendements s’effriter au fil des années. Pour faire face à cette situation, le Maroc, depuis des décennies, a pris plusieurs mesures qui ont porté leurs fruits grâce au Plan Maroc Vert. Parmi ces mesures figure le semis direct. Une solution technologique pour augmenter la résilience de l’agriculture face aux changements climatiques que l’OCP, partenaire du monde agricole, porte désormais à bras-le-corps.
« Face aux changements climatiques et à la rareté des précipitations, il est nécessaire de se pencher sur des modèles territoriaux de transition agro-écologique de l’agriculture qui puissent mettre à l’échelle des mesures variées et complémentaires d’adaptation. C’est dans ce cadre qu’OCP a lancé en octobre 2019 sa nouvelle offre de semis direct avec le concours de plusieurs associations et coopératives agricoles à l’échelle nationale », explique le groupe. Notons que cette offre a été lancée en partenariat avec l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) et l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), et a pour objectif d’accélérer l’adoption de la technique du semis direct au niveau national. Le programme est déployé par l’OCP, en collaboration avec les associations et coopératives, experts scientifiques, experts de l’agriculture de conservation, industriels, etc.
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Dans le détail, la phase I du programme va toucher 2000 agriculteurs et agricultrices bénéficiaires, sillonner 76 communes territoriales au niveau de 18 provinces et surtout plus de 10 000 hectares de superficie cultivée, avec plus de 95% en céréales et le reste répartis entre des légumineuses (4%), oléagineuses et textiles (colza et lin) 1 %. Dans le cadre de cette accélération, OCP a mis 35 semoirs à la disposition des coopératives et associations agricoles et a dédiée 600 plateformes de démonstration. Aujourd’hui, les résultats obtenus jusque-là sont prometteurs.
« J’ai été initié à la technique du semi direct en 2013. Ayant constaté son efficacité, nous avons émis le souhait de l’expérimenter, chose que nous ne pouvions pas faire à cause de la cherté du semoir. En 2019, l’équipe de Al Moutmir nous a fourni les machines et l’assistance nécessaire. Aujourd’hui, 30 agriculteurs l’utilisent sur une superficie de 320 hectares. Le semi direct nous a permis de faire des économies conséquentes », confie Lagziri Rachid, agriculteur et président de l’Association Rdat pour l’agriculture durable à Sidi Kacem. « Tout d’abord, il y a un gain pour l’agriculteur au niveau du coût du labour. Aussi, au niveau de l’utilisation des semences, on remarque : entre 100 et 150 kg/hectare pour cette technique contre au moins 200 kg/hectare pour la technique du semis conventionnel). Cela nous permet une économie en moyenne de 1300 DH/hectare. Nous sommes actuellement en période de moisson, et la qualité des récoltes des céréales et des haricots est supérieure », se réjouit-il. Pour sa part, Youssef Youssefi, agriculteur à El Jadida, qui a découvert cette technique il y a seulement quelques mois, est plutôt satisfait.
« Nous sommes en train d’expérimenter cette technique pour la première fois cette année. Lors d’une rencontre sur les engrais, nous avons fait la connaissance d’un ingénieur de l’OCP qui nous a proposés son application. C’est ainsi que nous l’avons testé pour le blé tendre et dur. L’OCP a mis à notre disposition un semoir, les semences, les engrais et les pesticides. L’ingénieur nous rend visite pour nous assister lors de chaque étape. Et nous ne sommes pas encore en période de moisson, mais nous voyons que, d’ores et déjà, les résultats sont encourageants. La quantité des récoltes est supérieure de 2/3 par rapport à la méthode habituelle », assure-t-il également.
Pour Thami El Khabir, président de la coopérative agricole Tomi dans la province de Safi, l’initiative de l’OCP tombe à point nommé également. « Notre expérience avec le semis direct a commencé avec Mr Kamal Alhiane, agronome de l’équipe Al Moutmir, qui nous a expliqués cette technique qu’on ne connaissait pas avant. Il a animé plusieurs sessions de formation au profit des agriculteurs de notre coopérative. Aussi, notre tractoriste a bénéficié d’une formation sur la maintenance et le réglage du semoir, animée par les experts du programme Al Moutmir et de l’INRA », témoigne-t-il. Il ajoute aussi qu’Al Moutmir a mis à la disposition de la coopérative un semoir neuf du type à soc ayant permis de réaliser plus de 290 ha dans plusieurs douars de la commune Dar Si Aissa. « La mise à notre disposition du semoir nous a permis de diversifier les activités de notre coopérative pour générer des revenus en mobilisant notre tracteur et le tractoriste contre une prestation symbolique », assure-t-il.
Force est de souligner que le programme Semis direct Al Moutmir s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par OCP en vue de contribuer à la promotion et à l’accélération de mesures d’adaptation de l’agriculture marocaine aux changements climatiques via un développement agricole résilient. Pour rappel, l’OCP a lancé Al Moutmir en septembre 2018. Il s’agit d’une offre multiservices comprenant des solutions innovantes et personnalisées pour mieux accompagner les agriculteurs et surtout les petits, grâce à la promotion des meilleures pratiques agricoles, techniques et de gouvernance, et en particulier la fertilisation raisonnée comme véritable levier pour améliorer la productivité et préserver les ressources naturelles.
Des résultats prometteurs
Depuis le lancement du programme Semis direct Al Moutmir, les résultats obtenus à nos jours, et surtout dans cette période marquée par la rareté des précipitations, sont prometteurs comparés aux superficies cultivées en conventionnel et ce suivant le même itinéraire technique et en apportant les mêmes intrants. Dans le détail, on note une amélioration nette du taux levé de 12% en moyenne à l’échelle des plateformes nationales.
De même, il y a une réduction des coûts du travail du sol de 900 à 1200 DH/ha soit plus de 80% du coût global dédié au travaux de sol et de préparation de lit de semis, et une réduction des coûts de la semence de 100 à 130 DH/ha, soit 30 à 35% avec de réels gisements d’amélioration qui pourraient venir de l’adoption des agriculteurs des doses recommandées.
Aussi, cette technique montre une amélioration moyenne de 10% dans l’homogénéité du couvert végétal relevée en moyenne et une grande tolérance au stress hydrique aux stades tallage et montaison avec précocité dans l’épiaison dans les zones Bour défavorable. On remarque aussi une limitation de la perte d’eau par évaporation et une meilleure utilisation de la réserve en eau du sol.