Economie

ALE Maroc – Sénégal: pourquoi ce n’est pas pour maintenant

Thierno Alassane Sall, ministre sénégalais des Transports et des infrastructures, a fait une déclaration que la presse s’est empressée d’interpréter comme annonçant de futurs accords de libre-échange.  Il a en effet affirmé que : «nous comptons prendre des mesures de réduction, voire de suppression des barrières douanières pour faciliter les échanges entre les deux pays». Pourtant, c’est loin d’être le cas, puisque le Sénégal n’a pas toute la latitude pour s’engager dans un accord commercial bilatéral. En tant que membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le Sénégal fait partie d’une union douanière regroupant 7 autres pays. Il s’agit d’un espace commun, dans lequel les frontières commerciales sont théoriquement supprimées. Même si dans les faits, il existe de véritables barrières.

Quoi qu’il en soit, un accord de libre-échange avec le Sénégal, pris individuellement, est impossible. Donc s’il faut aller vers un accord de libre-échange, ce sera avec l’UEMOA. D’ailleurs, un tel accord est paraphé depuis 2002, n’a pas encore été signé et encore moins ratifié. Il faut dire que la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest estiment ne pas être prêts pour la suppression de leurs barrières douanières. C’est ce qui retarde la conclusion définition. A plusieurs occasions, le Maroc en a exprimé le besoin et s’active diplomatiquement auprès des Etats les plus influents de cette organisation, notamment le Sénégal et la Côte d’Ivoire. En attendant, il faut s’en tenir à l’accord bilatéral qui a été signé entre le Maroc et le Sénégal et qui est toujours en vigueur. C’est en effet, un accord qui exonère de droits de douane une très longue liste de produits d’origine ou en provenance du Maroc et exportés vers le Sénégal. Pratiquement tous les secteurs peuvent en bénéficier. Il y a bien entendu les produits agricoles comprenant les fruits et légumes frais, réfrigérés ou en conserves, les jus de fruits ou de tomates, etc. Dans la pratique, les exportations de fruits et légumes connaissent une forte croissance au cours des dernières années concernant les produits agricoles. La liste comprend également des produits manufacturés dont le textile, le PVC, les ouvrages en plastiques, la peinture, etc.  Enfin, on y retrouve également des produits beaucoup plus complexes, tels que les véhicules utilitaires à moteurs comme les camions et autocars. Ces dernières années, les exportations vers le Sénégal ont fortement augmenté, passant de 617 millions de dirhams en 2007 à plus d’un milliard de dirhams en 2012. Pour la Cote d’ivoire, l’évolution est comparable avec 270 millions de dirhams en 2007 à 542 millions de dirhams en 2011. 

 
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