Politique

Algérie : la semaine décisive

Le respect de la constitution est impossible, l’armée doit trouver une issue politique, les positions sont trop éloignées et le risque du pire se renforce.  

Il n’y a que deux candidats pour les présidentielles du 4 juillet. Deux citoyens algériens qui n’ont aucune notoriété. La commission de suivi des élections n’est pas désignée, les maires et les juges ont annoncé qu’ils ne participeront pas à l’organisation, même les partis qui soutenaient le régime, le FLN et le RND, s’y refusent. L’article 102 de la constitution algérienne est caduc.

« Au-delà des tactiques, nous assistons au même débat que celui de l’indépendance algérienne »

Dans 40 jours, Bensalah, le président par intérim devra quitter son poste, et c’est le Premier ministre Bedoui, honni par le peuple, qui gérera le pays jusqu’à la nomination d’un nouveau Président. Le chef d’Etat-major sait que son agenda de sortie de crise, dans le respect de la constitution est définitivement compromis.

Le bégaiement de l’histoire

Face à ce blocage, on voit deux revendications se renforcer au sein du Hirak : la constituante et le retrait de l’armée de la sphère politique. C’est le débat de 1962. Aït Al Houcine et Boudiaf, fondateurs du FLN, enfants de la Toussaint, étaient sur ces deux revendications et étaient soutenus par les maquis de l’intérieur. Abane Ramdane a été assassiné avant l’indépendance parce qu’il proclamait la prévalence de l’intérieur sur l’étranger et du politique sur le militaire. C’est par la répression que l’Armée d’Oujda a instauré son ordre politico-militaire qui perdure jusqu’à aujourd’hui, confisquant la révolution algérienne.

Au-delà des tactiques, nous assistons au même débat que celui de l’indépendance algérienne. Parce que la situation est aussi profonde, tous les pronostics sont ouverts, y compris celui d’un nouvel écrasement dans le sang.

Des solutions politiques pour une transition douce, ont été présentées. Taleb Ibrahimi en est un personnage clé. Il avait déjà essayé d’éviter le coup d’Etat de 1992. Il est respecté par tous, a été le patron du FLN en France, ministre des Affaires étrangères et a donc la connaissance du sérail.

Gaïd Salah a jusqu’ici ignoré les propositions de Talbi, s’attachant aux élections. Mais là, celles-ci étant impossibles à tenir, il est obligé de rechercher une autre sortie. Le temps lui est compté, s’il veut éviter un affrontement sanglant et permettre une sortie par le haut. Les entourloupes n’ont aucune chance face à la détermination du Hirak.

 
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