Algérie : le régime n’y est plus !
La proposition d’El Gaïd Salah, chef d’Etat-major de l’armée algérienne, de lancer une procédure de destitution du Président, le fameux article102 de la constitution a fait pshitt. Elle a mis hors-jeu Bouteflika et son clan, au point qu’il n’y a pas eu la moindre réaction de leur part, mais la rue, le peuple, la refusent.
Cette disposition prévoit que la déclaration de la vacation du pouvoir fait que le président de la chambre hérite de la charge présidentielle pendant 90 jours et doit organiser des élections présidentielles. Too late ! Trop tard. Cette proposition aurait pu contenter le peuple il y a quelques semaines. Elle est ressentie comme une nouvelle entourloupe pour contourner la vraie revendication, celle de changer l’ensemble du système.
L’initiative de l’armée, tardive, est un élément qui ajoute plus au trouble sans apporter une réponse. Ce que les Algériens veulent, ce n’est pas le lâchage du frère de Bouteflika et sa côterie de voleurs, mais l’éloignement de l’armée de la sphère politique.
« Le peuple récupère son dû et même l’armée super puissante n’y peut rien »
Parce que les généraux, les colonels, ont dit clairement qu’ils refusent le conflit, l’affrontement ; le régime politico-militaire du FLN s’affaisse totalement. Le Président n’a plus aucune légitimité, le Premier ministre désigné n’arrive pas à constituer un gouvernement parce que personne ne veut y venir, les médias publics se révoltent. Le régime est fini.
Mais il a un instinct de survie et sa colonne vertébrale, l’armée, essaye de trouver une issue. Le débarquement de Bouteflika et sa clique aurait pu suffire le 22 février, pas aujourd’hui alors que des millions d’Algériens réclament la fin du système. Les patrons ont dégommé Ali Haddad de la présidence de leur syndicat. Il symbolise la rapine, parti de rien, il est milliardaire en dollars grâce à Saïd Bouteflika le frère du Président.
L’opposition n’est pas en meilleur état. Sa feuille de route pour la transition n’est pas acceptée pour les manifestants, dont une partie, fort injustement, lie des opposants historiques au système.
Le mouvement trouvera sa voie entre une constituante et une transition aménagée. L’affrontement n’est pas une perspective. Le système FLN est fini. La révolution algérienne a été confisquée pendant six décennies ; le peuple récupère son dû et même l’armée super puissante n’y peut rien. C’est une leçon d’histoire que nous vivons en direct.