Blog de Jamal Berraoui

Arrêter le massacre

Au moment même où l’on demande aux salariés de faire des efforts et où l’on annonce des hausses de prix importantes, chaque jour dévoile son lot d’avantages indus. L’affaire Daidiâa, dans son volet judiciaire n’est pas terminée parce que le jugement n’est pas définitif. Ce qui est scandaleux, c’est que le ministère des Finances, accorde à un agent de maîtrise, une villa de 800 mètres carrés, dans un quartier résidentiel à Casablanca en tant que logement de fonction. Cela s’est passé au début des années 2000, alors que le gouvernement avait déjà pris la décision de permettre aux fonctionnaires d’acheter leur logement. C’était un cadeau, une rente accordée à un syndicaliste, membre de la Chambre des conseillers. C’est parce que le propriétaire initial de la villa a obtenu un jugement, définitif, celui-là, contre l’Etat que l’affaire est devenue publique. Sinon, on n’aurait jamais pu apprécier la générosité de l’administration vis-à-vis de certains agents. Le gouvernement actuel a soulevé la question des détachements auprès des syndicats. Il le fait en marchant sur des œufs. Or, la plupart des « détachés » exercent d’autres activités et ne réservent que peu de temps au travail syndical. La réglementation n’est pas appliquée, puisque même les syndicats, sans représentativité aucune, ont leur lot de détachés.
Des hommes politiques, de tous bords, ont bénéficié d’avantages, de terrains, de fermes, d’autorisations diverses en dehors des procédures. Tout ce beau monde, Daidiâa en tête, affiche sa volonté de combattre l’économie de rente. Quelle crédibilité accorder à la classe politique si de tels agissements perdurent ?
Le gouvernement s’attaque aux carrières et aux agréments. Mais il ne faut pas sous-estimer le poids de la rente née des cadeaux entre amis, des passe-droits. Les pertes pour les caisses de l’Etat sont importantes, le coût politique l’est encore plus. Si on veut crédibiliser les institutions représentatives, et on doit le faire parce que c’est l’unique moyen de conforter la démocratie, alors il faut arrêter le massacre. Les hommes politiques se doivent d’être irréprochables.
Beaucoup de choses, légales, ne leur sont pas accessibles, s’ils respectent leur statut d’hommes publics. Tout simplement parce que le soupçon de népotisme s’imposera inévitablement. L’administration a une obligation morale de transparence et d’équité dans toutes les cessions au profit de ses agents quel que soit leur grade. Ce n’est qu’en respectant ces règles qu’on renforcera la confiance des citoyens. Pour le moment, ils sont ulcérés par le nombre de cadeaux dévoilés et se disent que ce que l’on ne sait pas est sûrement plus scandaleux.

 
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