Assad peut-il gagner ? par ( Jamal berraoui )
Il y a quelques mois, suite à l’abominable attaque aux armes chimiques contre les civiles, Damas était vouée à un tapis de bombes. Les hésitations d’Obama et le pressing de la Russie l’ont sauvée. Il y a d’évidence des changements stratégiques qui s’opèrent dans le sillage de l’accord sur le nucléaire Iranien.
Londres et Washington ont annoncé de manière simultanée, qu’ils arrêtaient leur aide matérielle aux insurgés. Ils ont profité du fait que les groupes islamistes ont délogé l’armée syrienne libre de plusieurs localités qu’elle contrôlait. Ces mêmes groupes islamistes ont condamné à mort « tout syrien qui participerait à Genève II au nom de l’opposition. Or, l’accord Kerry Lavrov prévoit que Genève II fait partie du nouveau Yalta pour la région.
Pour le moment, personne n’est dupe, il n’y aura pas de miracle. Cependant, les diplomates persistent à croire que le processus peut aboutir un jour, à une solution politique. L’Ecueil Bechar Al Assad n’est plus un préalable, même pour Washington.
La difficulté dans ce schéma, c’est que sur le terrain, ce sont les brigades islamistes, y compris celles liées à Al Qaïda qui dominent. Ce qui était une révolution populaire s’est transformé en une guerre civile, confessionnelle par la faute de ceux qui ont armé les opposants, le Qatar en premier lieu.
La décision de stopper l’aide, non létale par ailleurs, est plus symbolique qu’autre chose. Les groupuscules reçoivent des financements privés et s’arment chez les trafiquants.
Le scénario tel qu’il s’esquisse paraît en faveur d’Assad. L’opposition est plus divisée que jamais au point de s’entretuer. Ceux qui se déplaceront à Genève n’ont pas de légitimité et les pays occidentaux ne veulent pas d’une république islamique en Syrie.
Cependant, on ne voit pas comment les armes peuvent se taire, alors que ceux qui les portent ne sont pas partie prenante du processus. Trop de sang a coulé, la haine s’est installée. Sur le plan militaire aucun camp n’est en mesure de l’emporter rapidement.
La Syrie s’engage dans le tunnel du chaos durable. Assad a montré une grande résilience en s’appuyant sur ses alliés, la Russie, l’Iran et le Hezbollah, mais aussi les minorités effrayées par les intégristes. Cela ne lui garantit aucune pérennité, son régime présentera un projet alternatif. Mais le peut-elle ? Oui mais, cela prendra beaucoup de temps car la dictature avait pris soin d’empêcher toute forme d’organisation indépendante. Or, il en faut une pour présenter un projet mobilisateur et surtout unioniste, qui ne peut être que laïc dans le cas de la Syrie. Le drame des réfugiés, des civiles est insoutenable, mais il n’y a pas de solution rapide en vue. La Tragédie syrienne est appelée à durer, Assad et son régime aussi.