« Au-delà de la mesure d’audiences » par ( Jamal Berraoui)
A l’expiration de son contrat et suite à un nouvel appel d’offres, la Médiamétrie n’est plus en charge de la mesure d’audience des chaînes-télés. Cette opération est surtout importante pour les annonceurs d’abord et pour le management ensuite.
Pour nous téléspectateurs, cela n’a strictement aucun impact, personne ne zappe en fonction des chiffres d’audiences publiés. Ceux-ci sont d’ailleurs souvent trompeurs, parce que le paysage audiovisuel marocain ne se réduit pas aux trois chaînes publiques. Il est d’ailleurs prouvé que le public de celles-ci est de plus en plus rural, justifiant peut-être les choix effectués pour le Ramadan où le Maroc est présenté comme un espace totalement ruralisé.
La réalité c’est que tous les foyers citadins, ou du mois l’extrême majorité sont équipés pour recevoir des certaines de chaînes étrangères, y compris celle qui sont payantes. Cela coûte 2000 dh à l’achat et 800 dh par an comme abonnement. C’est illégal, mais tous les Marocains y ont recours, au point que la Box commercialisée par Ittissalat n’a eu de succès que dans les campagnes, que Bein Sports enregistre le même échec que Canal + Horizon, il y a longtemps. Dans les campagnes, le taux de pénétration de la machine magique reste limité par l’accès à internet, les différences de revenus des foyers et la proximité qui exige la relation avec le fournisseur, souvent appelé à la rescousse pour « combattre » les nouveaux codes des chaînes payantes, qu’ils cassent au bout de vingt-quatre heures. Journalistes et cadres des médias publics ont le même système chez eux.
MBC, Al Jazeera, Bein Sports, les différentes « Rotana » d’un côté, les chaînes d’information, les Canal +, les OCS, M6, TF1 et le service public français de l’autre sont, pour le moins, des concurrents très sérieux aux médias publics et ce à longueur de journée. Le décalage horaire fait que les feuilletons de MBC sont suivis par les femmes au foyer l’après-midi. Comme généralement les chaînes marocaines ne les importent que plusieurs mois après… !
Ce n’est pas un problème simple à résoudre. Ce qui devrait constituer la force des locaux c’est une proximité mais dans l’excellence. On en est bien loin en toute objectivité. Le risque c’est une opinion publique formatée ailleurs. C’est un risque certain comme disent les financiers parce que l’on n’a vu aucune réaction des responsables de l’audiovisuel.