Azeddine Akesbi : « On a rarement abordé la redevabilité et la transparence dans la gestion des EEP »
Azeddine Akesbi est un économiste et un chercheur infatigable. Pour lui, le développement de la transparence devrait être une priorité dans le chantier stratégique de la réforme de l’État et de son mode d’intervention, notamment par le biais des Établissements et Entreprises Publics (EEP). À travers trois questions, l’interview accordée à Challenge essaie de faire le point sur le bilan des anciennes réformes et les priorités actuelles.
Challenge : Depuis les années 1980, avec le plan d’ajustement structurel (PAS), la réforme des EEP a été pratiquement synonyme de « privatisation ». Quel bilan peut-on faire globalement de cette période ? Quelles sont les principales insuffisances et faiblesses, surtout en matière de « gouvernance » ?
Azeddine Akesbi : Les orientations menées dans le sens de la réforme du secteur public étaient depuis toujours principalement guidées par des considérations liées au transfert du patrimoine de l’État au secteur privé et par des considérations budgétaires. Elles s’inscrivent dans une orientation politique néolibérale qui vise à réduire au maximum le rôle de l’État, en particulier dans les segments pouvant être une source d’activités lucratives. Parallèlement aux opportunités offertes au privé, dans le cadre d’une économie de rente, il y a la préoccupation de renflouer les finances de l’État. Dans le contexte d’un endettement important et de déficits budgétaires conséquents, à défaut de réformer la fiscalité et d’élargir son assiette, l’État a privilégié le recours à des rentrées en ressources exceptionnelles par le biais des privatisations, ce qui l’a poussé jusqu’à la liquidation des joyaux du pays comme la Samir (et aussi une entreprise très rentable comme Maroc Télécom). Cette politique a été mise en œuvre en l’absence d’une véritable stratégie pouvant guider le secteur public. Des études ont été entreprises et ont montré l’existence de sérieux dysfonctionnements du secteur public (EEP).
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Cependant, on a rarement abordé le volet de la gouvernance, des responsabilités des gestionnaires et de l’État. En particulier, la redevabilité et la transparence dans la gestion des EEP sont évacuées (BNDE, CIH , ONE)…
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Autres sujets du dossier :
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