Benkirane assume ( Par Jamal Berraoui )
Le Chef du gouvernement a choisi quelques journalistes pour ce qu’il a appelé une « rencontre de communication ». L’exercice n’est pas très clair, puisque les journalistes essayaient de poser des questions mais qu’il n’y répondait que de manière sélective.
En tous cas, il assume tout : personne n’est intervenu dans la constitution du gouvernement. L’inflation dans le nombre de ministres s’explique par l’entrée des femmes (elles sont donc en surplus !) et le rééquilibrage entre les partis. L’expérience aurait montré que les grands ministères ont toujours « un parent pauvre » d’où la nécessité de les diviser. Saâd Eddine El Othmani est parti parce que les bouleversements dans le monde ont nécessité ce changement. C’est à nous de comprendre, dixit Benkirane. Le ministère de l’Intérieur ne convient pas à un homme politique, parce qu’il a des compétences sécuritaires, qu’il tabasse les manifestants et que donc cela nuit à sa popularité. Selon ce raisonnement, en faire un ministère de souveraineté c’est un cadeau à la classe politique.
Il n’y a eu aucune annonce fracassante, ni de calendrier pour les réformes. Il faut dire que les journalistes ont attendu la dernière minute pour en parler. Une grande partie de l’émission a été consacrée à Hamid Chabat et au récit des relations entre les deux hommes.
Je ne sais pas si Benkirane a convaincu les Marocains. Comme il le dit, le journaliste que je suis n’a aucun mandat pour les représenter. Même la sphère médiatique oubliera les péripéties de la constitution du gouvernement très vite. Par contre, il n’y aura aucun état de grâce. C’est sur sa capacité à réformer, vite et bien, que la nouvelle majorité sera jugée et ce n’est pas d’une facilité déconcertante, loin de là. Il faut que Benkirane cesse de croire que parce qu’il est sérieux, les Marocains vont tout accepter. L’allongement de la durée des cotisations pour les retraites, les hausses de prix, le gel des salaires ne passeront pas comme une lettre à la poste. Or, c’est ce que recommande le FMI et il a reconnu que c’est un partenaire qui a son mot à dire. La seule nouveauté c’est que cette fois, le chef du gouvernement n’a pas fait d’humour. Simple coïncidence ou révélateur d’un état d’esprit chagrin ?