Bientôt un SUV premium «made in Morocco» !
Africa Motors (Groupe Auto Hall) et son partenaire DFSK poursuivent scrupuleusement leur stratégie de développement dans le Royaume. Outre l’élargissement de sa gamme d’utilitaires et la mise en route de son unité d’assemblage à Ain Sebaâ, l’opérateur vient de faire son incursion dans le segment des SUV. Abdellah El Mouadden, directeur général d’Africa Motors, nous livre plus de détails à travers cet entretien sur les ambitions stratégiques de la marque qu’il dirige.
Challenge : Quelle lecture faites-vous de la performance commerciale de DFSK dans le Royaume à fin 2019 ? Et que vous inspirent les premiers résultats commerciaux à fin janvier ?
Abdellah El Mouadden : Nous pouvons nous prévaloir d’un bilan commercial très positif. Depuis notre arrivée sur le marché des véhicules utilitaires légers (VUL n.d.l.r) en 2015, plus particulièrement dans le segment des petits pick-up, nous avons vendu à ce jour plus de 4 000 unités. S’agissant de la performance commerciale de DFSK, nous avons terminé l’année 2019 à la troisième position avec 11 % de parts de marché sachant que sur les derniers mois de l’année, nous étions en tête du classement des ventes sur le segment des véhicules utilitaires légers. Ce qui a attesté de notre montée en cadence progressive. L’année commerciale 2020, quant à elle, a débuté sous les meilleurs auspices puisqu’à fin janvier, nous étions en tête du segment des VUL avec 20% de parts de marché et nous poursuivrons nos efforts tout au long de l’année, notre objectif étant de confirmer et de consolider cette position du leader du segment.
Comment expliquez-vous cette performance ?
Toute l’équipe d’Africa Motors, plus particulièrement celle du marketing, de la communication et du commercial, a mis en place une stratégie de développement bien pensée qui s’est avérée payante. Nous nous sommes appuyés sur la qualité et sur la polyvalence de nos produits dont les usages sont multiples. Ajoutez à cela une grille tarifaire très attractive et un coût total d’exploitation de ces véhicules très intéressant pour notre clientèle ; autant d’atouts qui ont contribué à cette performance. Mais le succès ne serait pas total sans l’appui d’Auto Hall qui, comme vous le savez, dispose d’un très large réseau à travers le Royaume, de ressources dédiées de grande qualité, et qui bénéficie d’une très grande expérience dans la distribution automobile et dans le service après-vente. Je souligne également, le soutien et le support de notre partenaire DFSK qui mise sur le potentiel du marché et dont les ambitions pour le Maroc ne s’arrêtent pas en si bon chemin.
Vous aviez annoncé en juin dernier le lancement d’une unité d’assemblage locale pleinement opérationnelle en début d’année pour les petits pick-up. Où en êtes-vous par rapport à ce projet ?
Effectivement, le 20 juin 2019, nous avions signé avec notre partenaire DFSK un accord de coopération stratégique, sous le regard bienveillant de notre Président Directeur Général M. Abdellatif Guerraoui, avec un plan de démarrage local de l’assemblage de la série K01 dans un délai de 6 mois. Auto Hall détenait déjà une plateforme industrielle à Ain Sebaâ pour laquelle nous avons effectué un investissement d’appoint. Les premiers véhicules sont sortis comme prévu fin décembre avec également une multitude de déclinaisons de carrosseries utilitaires assemblées dans notre usine. Aussi, nous envisageons la production de 2000 unités sur ce modèle pour un volume de vente de 4000 unités en 2020. Cette décision de les assembler localement a été judicieuse, dans la mesure où la Loi de finance 2020 prévoit une augmentation des droits de douane de 25 à 30% pour cette catégorie de véhicule. Du coup, l’activité de montage local nous permet de réaliser une économie sur le prix de revient, dû essentiellement au différentiel entre le droit de douane des véhicules montés localement (CKD) et ceux importés et montés (CBU).
Outre le Royaume, envisagez-vous d’exporter une partie de cette production ?
Cela fait partie de nos objectifs d’élargir notre champ d’intervention, notamment vers d’autres marchés en Afrique, ou ailleurs. Cela devrait se faire à moyen terme.
L’épidémie qui frappe la Chine et les contraintes engendrées, entre autres, sur le secteur automobile, peuvent-elles avoir une incidence sur votre activité de montage ?
Avant toute chose, je tiens à préciser que la Chine est un grand pays et qu’il parviendra, à coup sûr, à surmonter cette douloureuse épreuve. Nous sommes de tout cœur avec eux. Nous avons été sollicités pour leur apporter modestement un support en provenance du Maroc. Nous leur avons fait parvenir par avion 130 000 masques de protection d’une valeur d’un peu plus de 1 million de DH. Ce don envers notre partenaire a été pris en charge par la Fondation Auto Hall. Sur le plan industriel, DFSK a repris normalement ses activités après les fêtes de fin d’année en Chine. En ce qui nous concerne, nous n’avons pas été impactés sur le plan industriel et commercial. Du coup, la production et les livraisons ont repris normalement.
La gamme des utilitaires DFSK pourrait-elle s’élargir à des modèles de plus grande taille ?
Absolument ! Nous disposons désormais d’un pick-up diesel de plus grande taille baptisé Supercab. Il peut accueillir dans la cabine le conducteur et deux passagers, sa charge utile pouvant aller jusqu’à 1 400 kg. Nous proposons, également un nouveau fourgon C35, lui aussi de grande capacité de charge en volume. Deux véhicules qui susciteront beaucoup d’intérêt de la part de notre clientèle professionnelle.
Outre les VUL, vous investissez le segment des SUV. Quelles sont vos attentes avec cette nouvelle gamme de véhicules ?
Nous disposons depuis peu du Glory 580, un SUV de 7 places, disposant notamment d’un habitacle spacieux en cuir et animé par une boîte de vitesse automatique et nous venons de lancer officiellement le Glory ix5, un SUV coupé premium, confortable et très bien équipé. Et comme gage de qualité, une garantie de sept ans est offerte aux clients, ce qui atteste du sérieux du constructeur et de la qualité de ses produits. Des modèles qui donneront à notre clientèle la possibilité de disposer d’un véhicule de niveau supérieur à un tarif très compétitif. Vous l’aurez remarqué, de plus en plus de constructeurs s’orientent vers des motorisations plus respectueuses de l’environnement, essence ou électriques. Justement, notre partenaire DFSK est très en pointe dans ce domaine, notamment sur le volet électrique. D’ailleurs, nous dévoilerons lors du Salon Auto Expo en juin prochain des modèles 100% électrique de la gamme SERES, produits intégralement dans les usines 4.0 de notre partenaire.
Quels sont les autres chantiers qui vous tiennent à cœur à plus ou moins long terme ?
Nous allons poursuivre, en collaboration avec les sous-traitants marocains, notre programme d’intégration locale dans le segment des VUL sachant que notre marge de progression y est encore grande. Parallèlement, nous nous appliquerons à développer la commercialisation de notre gamme SUV dont le potentiel est avéré. Personnellement, je rêve et je serai fier qu’un jour un SUV premium badgé DFSK et destiné à la classe moyenne puisse être fabriqué sur le sol marocain avec l’implication sans exclusion de tous les sous-traitants marocains dans une usine de grande capacité à destination du marché local et à l’export. Un projet «Made in Morocco» d’envergure !