Bombardier fait du Maroc son hub pour l’Afrique et l’Europe
La concurrence entre le français Alstom et le canadien Bombardier dans le secteur ferroviaire monte et chacun essaie de gagner du terrain. Pour profiter des nombreuses opportunités qu’offre ce secteur, en plein développement dans le royaume avec des grands projets structurants comme le LGV et autres, les opérateurs rivalisent de stratégies pour se positionner. Dans ce sens, Bombardier Transport, filiale du groupe canadien Bombardier, opérant dans plusieurs secteurs dont notamment l’aéronautique, opère une montée en puissance au Maroc. L’entreprise vient en effet de revoir ses ambitions à la hausse. Ainsi, tous les objectifs d’investissement annoncés précédemment ont été réévalués pour être ajustés à l’aune des opportunités au Maroc et du Maroc vers l’Afrique subsaharienne. L’industriel tablait sur la construction d’une usine de 50.000 m2, mais aujourd’hui, il est question de construire un site de production de 145.000 m2 au vu des enjeux. Les effectifs de Bombardier Transport au Maroc seront également triplés. L’année dernière l’entreprise comptait 800 salariés, mais il est désormais question de passer à 2000 collaborateurs rapidement. « Nous avons réévalué tous les plans initiaux que nous avions annoncés. Il y a de nouvelles opportunités en Afrique en termes de besoins en matière de mobilité, et cela nous a amenés à tripler nos ambitions sur le Maroc », explique Taoufiq Boussaïd, PDG de Bombardier Transport. « Nous avons aussi choisi d’utiliser le Maroc comme une porte vers l’Europe également. Les compétences ici sont à un niveau plus que satisfaisant. L’usine devrait être opérationnelle d’ici 2020 ».
Fabriquer des trains Made in Morocco
Bombardier Transport se positionne d’ores et déjà sur le prochain appel d’offres de l’ONCF qui devrait intervenir durant le premier trimestre de 2020 et vu déjà par les professionnels comme l’un des « plus gros appels d’offres jamais lancés par une entité publique au Maroc ». La filiale ferroviaire du groupe Bombardier est également en discussion avec les autorités en vue de doter les villes comme Tanger, Marrakech, Agadir et autres de moyens de mobilité tels que le tramway.
Rappelons que c’est le français Alstom qui a remporté le marché des Tramway au niveau de Casablanca et Rabat. « Nous sommes en train de rencontrer tous les différents interlocuteurs dans les différentes villes pour leur expliquer les solutions que nous pouvons apporter et leur donner des exemples de ce que nous avons pu déjà faire dans d’autres pays », confirme Taoufiq Boussaïd. Parallèlement, l’entreprise guette également les opportunités en Afrique de l’Ouest où les besoins sont pratiquement similaires à ceux du Maroc. « Le Maroc, pour nous, revêt une importance stratégique et représente absolument le hub pour l’Afrique et l’Europe qui constituent nos deux marchés à l’export », assure le PDG. Une fois que l’usine sera installée, Bombardier entend orienter au moins 60% de son activité à l’export. « À terme, nous voulons construire nos trains sur place ici. Il ne s’agit pas juste de produire des pièces de rechange et autres. Nous allons fabriquer des locomotives Made in Morocco », précise Taoufiq Boussaïd. En tant qu’intégrateur, l’industriel mise beaucoup sur le sourcing local. C’est d’ailleurs pour cette raison que Bombardier Transport a tissé autour de lui un écosystème performant. D’ailleurs, l’objectif de l’industriel est d’atteindre un taux d’intégration situé entre 40% et 50% au bout de quatre ou cinq années d’activité, et puis, de monter progressivement après. Force est de souligner que ce taux est largement dépendant de la quantité de fournisseurs qui vont venir se greffer sur l’écosystème Bombardier au Maroc.
Pour rappel, en 2016, Bombardier Transport a reçu deux commandes spécifiques. La première concerne le renouvellement de 14 trains électriques de l’ONCF opérant sur la ligne Casablanca-Rabat pour un budget de 118 millions de DH, et la deuxième porte sur un contrat de signalisation pour équiper les lignes ONCF de Casablanca-Kénitra et Sidi Yahya-Tanger, pour un budget de 3,2 millions de DH.