CAF : les indiscrétions du symposium de Skhirat
Le 18 juillet 2017 restera parmi les moments forts qu’aura vécus le monde du football africain. Des centaines de personnalités se sont donné rendez-vous à Skhirat pour construire ensemble une vision pour le football continental.
Un Qatari à Skhirat
Il est président délégué du PSG, et l’une des figures qui comptent et pèsent lourd, aujourd’hui, dans le monde du foot. Son pays doit organiser le Mondial 2022, il rêve de remporter la Ligue des Champions européenne, et toute la France rêve avec lui, car le foot français est pauvre en trophées de clubs, mais c’est en patron de «beIN Sport» que Nasser El Khelaïfi a assisté à l’ouverture mardi du Symposium de Skhirat. Il détient les droits des compétitions de la CAF pour la zone MEN (Middle East, North Africa) une zone où les pays maghrébins souffrent de la concurrence des pétrodollars, soulevant les nombreux conflits que l’on sait.
C’est en dirigeant conciliant et ouvert à toutes les doléances que le jeune boss qatari est venu à Rabat, d’où il est reparti ravi. Du nouveau dans le ciel des satellites pour que les matchs de Coupe du Monde, et Coupe d’Afrique des Nations deviennent plus accessibles aux bourses des ménages modestes ?
Nasser El Khelaïfi a déclaré «On y travaille avec le groupe Lagardère, partenaire de la C.A.F, et où le Marocain Driss Akki est en première ligne ».
Du cousu main
Un très élégant porte-documents a été remis aux médias accrédités. Beaucoup ont été ravis de le voir siglé « Pierre Cardin », griffe prestigieuse s’il en est ; d’ailleurs pour le reste, tout ce symposium de la CAF à Skhirat a été du cousu main, tant il fut bien… ficelé.
Le talon de Madjer
Le talentueux footballeur algérien, Madjer, qui a laissé son nom à cette fameuse talonnade qu’il a réussie en finale de Coupe d’Europe face au Bayern de Munich, était, bien sûr, présent à Skhirat, tout heureux d’être au Maroc, où il compte beaucoup d’amis. La dynamique Kaïma Belouchi, désormais patronne du service sport d’Al Oula (TVM) n’a pas manqué de l’interviewer. Kaïma sera moins inspirée lorsqu’elle demandera à Ahmed Ahmed ce qu’il comptait faire pour lutter contre la superstition et les gris-gris dans le foot africain. Le président de la CAF ne se démonta pas et répondit : « Moi je suis musulman, pratiquant et ne croit qu’en Allah, maître de toutes choses ».
Démocratie participative
Ces deux mots ont été martelés par tous les responsables présents pour illustrer la nouvelle ère de la CAF, « plus ouverte et plus juste, plus près de la base ». D’aucuns auraient voulu que cela se manifestât lors du déjeuner de gala où les V.I.P étaient séparés du gros des troupes.
Cependant, grâce à Rahal, maître d’œuvre et traiteur de légende, la démocratie aura été respectée.
La même gastronomie pour tous et servie à point. Son tagine d’ombrine aux olives n’a pas fini de faire parler.
Pique Olympique
Parmi la brochette d’invités de prestige qu’a connus l’ouverture du symposium, mardi matin, le premier ministre du gouvernement marocain, Saâdeddine El Othmani, entre autres, et Nawal El Moutawakel du CIO, il y avait Kamal Lahlou, bien sûr. Un Kamal qui a longuement côtoyé les nombreux VIP présents et qui a lancé, lors du déjeuner de gala à Gianni Infantino : « Pourquoi le foot n’est-il pas plus représentatif aux Jeux Olympiques, à l’instar des autres disciplines, comme l’athlétisme, la natation ou même la gymnastique ». L’Italien, patron de la FIFA et célébrissime chauve ne s’est pas fait beaucoup de cheveux pour répondre à Kamal : « J’en conviens, mais ce serait trop difficile, trop compliqué de faire bouger les choses ». En clair, il n’a pas envie de se couper les cheveux en 4 avec le CIO.
Renard et Giresse
Les deux hommes sont des techniciens français. Ils sont courtois et appréciés partout où ils passent. Ils ont de nombreux amis en Afrique. L’un est coach du Maroc, l’autre du Mali. Leur choc est prévu pour août 2017 sur la route de la Coupe du Monde 2018. Leurs chances sont égales et les deux hommes sont restés prudents dans leurs déclarations. Le ton à Skhirat était à l’apaisement et à la conciliation. L’été prochain, ce sera alors le temps des passions.
Comme l’éclair
Mohamed Gartili, doyen des dirigeants marocains du foot était présent à l’ouverture du symposium. Il est parti avant midi après avoir hautement apprécié la teneur de la Lettre Royale, mais aux débats et autres salamaleks, Gartili aura préféré le retour à sa chère ville de Khémisset.
La légende et l’Histoire
Ahmed Ahmed, président de la CAF, veut aller dans le sens du modernisme, mais entend respecter l’Histoire du foot africain et de ses joueurs de légende. Cela a fait sourire de toutes ses dents, le fantasque Joseph Antoine Bell, qui se veut légende du foot camerounais, alors qu’en raison de son caractère, disons spécial, il a raté l’épopée des Lions Indomptables en 1990. Et lui qui fut champion d’Afrique en 1988 à Casablanca, s’est vu remplacé et avec quel brio, par « l’ancien » Thomas N-Kono et n’aura joué aucun match au Mondial de 90, en raison de sa grosse gueule. Trop parler nuit, parfois, mais mardi, souriant et élégant comme jamais, Bell avait du mal à répondre à toutes les sollicitations, et il a su lancer les clins d’œil qu’il faut à qui de droit.
La « gaffe » d’Infantino
En fait, ce n’est pas une vraie gaffe, mais plutôt un péché de jeunesse. Le président de la FIFA, sûr de son charme et de son influence sur l’auditoire, a prononcé une allocution qui visiblement n’avait pas été bien réfléchie. S’il avait pris la peine de l’écrire, le sieur Gianni n’aurait sûrement pas laissé cette bêtise qui est devenue une insulte à l’Histoire du foot africain et particulièrement du Maghreb. Le président de la FIFA a déclaré que tout jeune gamin de 12 ans, il avait en 82 suivi les matchs de la Coupe du Monde (Espagne), compétition remportée par l’Italie comme chacun sait.
Une Italie, ajouta malicieusement Infantino, qui n’avait échappé à une défaite face au Cameroun (premier tour), grâce à une glissage du gardien des Lions indomptables. Et tout le monde éclata de rire, et Infantino ajoutant : « Cette année là, j’ai découvert le potentiel du foot africain ».
Seulement, si l’enfant Infantino ne peut, bien entendu, n’avoir que l’âge qu’il a ; devenu président de la FIFA, il devrait transcender les âges et les époques. Car, pour beaucoup de générations avant la Coupe du Monde 82, il y a eu celle de 1978 (Argentine) où la Tunisie de Chetali avec Attouga avait signé une victoire contre le Mexique : tout simplement la première victoire africaine de l’Histoire en Coupe du Monde. Et puis, dans cette même Coupe du Monde que vit, émerveillé, Infantino, à l’âge de 12 ans, n’y eut-il pas cette fracassante victoire de l’Algérie de Mahaddine Khalef, sur l’Allemagne (2-1) ? Une Algérie qui, sans le scandale d’un match « truqué » entre cette même Allemagne et l’Autriche, aurait pu et aurait dû être le premier pays africain qualifié au 2ème tour d’un Mondial. En 86, c’est le Maroc de Faria qui connaîtra cet honneur. Un Maroc qui, en 70 avait fait déjà sensation au Mexique. Mais chut, là on va trop loin dans le temps pour notre boss de la FIFA.
Troussier, le chinois
Philippe Omar Troussier est en Chine où il est conseiller de la fédération de cet immense pays pour ce qui concerne les équipes nationales.
Il a suivi le symposium avec intérêt, il vient le plus souvent possible au Maroc où ses deux enfants ont même participé dernièrement comme cavalières à la Semaine du Cheval.
Une presse tout- terrain
La presse sportive marocaine est quoiqu’on dise chouchoutée, on lui a jeté Renard dans les bras pour qu’elle se réconcilie avec lui !!! Elle était fort nombreuse à Skhirat, même si parfois cette presse se croit tout permis lorsqu’elle a coincé Infantino contre une porte, pour soi-disant lui poser des questions, alors qu’elle le bousculait pour écouter ce qu’il disait à d’autres. Très peu professionnel tout cela, mais comme on le sait depuis longtemps, ce n’est pas grave, on commence à s’y faire.
Frank Simon, « rabroué »
Il est connu comme le loup blanc. Il est spécialisé en foot africain qu’il couvre pour l’hebdo célébrissime « France Football », mais une question lui a valu d’être rabroué par Fahmy de la CAF.
Frank Simon doutait qu’une CAN à 24 équipes soit viable en Afrique. La réponse fut si sèche et brutale que l’ami Frank en fut tout secoué. Il en a fait des yeux ronds durant longtemps « Je connais bien Fahmy pourtant, et je suis surpris de sa réaction » a-t-il déclaré. Qui a dit que les temps étaient au changement à la CAF ?
Les ateliers du symposium
Tous les sujets et dossiers inhérents au foot africain ont été programmés pour être étudiés sous forme d’ateliers. 8 en tout où on a débattu de tout … et de rien, comme dans celui (le n° 6) consacré à la «Com » et aux médias.
On a dû y supporter les éternelles lamentations de nos confrères sur les accréditations et leurs difficultés à voyager pour couvrir les événements. En gros, ils souhaiteraient que la CAF les prenne en charge !
Très peu éthique, tout cela, mais qui se souci d’éthique ? On se le demande.