CAM – plan Maroc Vert. Engagement réaffirmé pour la valorisation de l’agriculture et le développement durable du monde rural
Challenge : Le crédit agricole porte une histoire qui le lie au service public. Malgré les évolutions successives de ses activités et son rôle, il reste l’acteur principal du financement du monde rural. Comment votre institution arrive-t-elle à concilier les exigences du service public et celles qui découlent des règles prudentielles qui régissent le système bancaire marocain en conformité avec un cadre de référence national et international de plus en plus professionnel et contraignant ?
Tariq Sijilmassi : Le Groupe CAM a pour mission principale le financement de l’agriculture et des activités concernant le développement économique et social du monde rural. Pour réaliser cette mission, il assure en plus de sa mission de service public, des activités de banque universelle.
Cette double spécificité se manifeste dans la stratégie de la Banque et dans son organisation. En effet, les performances du CAM sur le marché en pleine croissance de la banque de détail lui ont permis de restructurer son organisation d’une manière innovante pour plus d’efficacité. Ainsi, l’architecture adoptée pour assurer la double vocation du CAM consiste à faire coexister deux blocs ayant chacun leurs spécificités :
– Un bloc bancaire rentable, agissant dans tous les secteurs d’activité économiques avec un intérêt particulier pour la filière agro-alimentaire. Ce bloc vise une création de valeur optimale et est basé sur un portefeuille d’activités diversifiées et rentables.
– Un bloc d’activité lié à la mission de service public, comprenant l’ensemble des entités à vocation de solidarité avec le monde rural. Son objectif est de financer des activités agricoles ou para-agricoles en milieu rural en se basant non pas sur des critères de rentabilité optimale, mais plutôt sur des objectifs d’augmentation des revenus des agriculteurs, d’amélioration des conditions de vie des populations, et de création de richesse dans le monde rural.
Ces deux blocs travaillent en synergie à travers un panel d’outils qui permettent d’agir sur l’ensemble des composantes du secteur agricole et donnent un portefeuille d’activités variées, les unes rentables et les autres moins rentables mais tout aussi nécessaires. Cette logique permet ainsi d’apporter une réponse globale, novatrice et efficace aux problèmes de financement du monde rural.
C : Jouer le rôle du principal organisme de financement du monde rural et notamment, du secteur agricole exige une planification des ressources et des emplois sur une longue période. Est-ce que Le CAM dispose d’un plan stratégique à long terme pour accompagner une volonté politique royale déclarée et mise au rang des priorités nationales ?
T.S : Bien évidemment. Nous venons de lancer un nouveau plan d’entreprise triennal CAP 2016 dont l’objectif premier est la consolidation de la performance opérationnelle de la banque, la sécurisation de ses fondamentaux et la maitrise de ses risques, ainsi que le développement de son activité commerciale avec une croissance soutenue du nombre de clients. A travers ce programme, nous réaffirmons notre soutien à l’agriculture et au monde rural en mobilisant une nouvelle enveloppe de 25 milliards de dhs pour l’accompagnement du Plan Maroc Vert dans toutes ses composantes. A l’instar de ce plan,chaque phase de l’évolution de la Banque a été accompagnée par un plan stratégique. Lors de la transformation de la Banque en société anonyme, nous avons mis en place OUFOK 2003 dont l’objectif était de garantir la restructuration de la banque et l’instauration d’une culture de rentabilité et de performance. Nous avons lancé par la suite, le plan CAP 2008 pour répondre aux nouvelles exigences en matière de règles prudentielles, réorganiser les fonctions support de la banque et mettre en place un schéma directeur informatique. Lors de l’annonce du Plan Maroc Vert, nous avons entamé CAP 2013 qui a institué le Groupe Crédit Agricole du Maroc en tant que Groupe composé de 4 filiales ( TEF, ARDI, CAM Gestion et Holdagro) et qui a également mis l’accent sur la finalisation et la généralisation du nouveau Système d’Information des Opérations Bancaires (SIOB).
C : Vous avez procédé à la création d’une filiale « Tamwil al Fallah » pour accompagner et répondre aux besoins de financement des petits agriculteurs. Les opérations de cette filiale nécessitent des ressources spécifiques et concessionnelles. Dans quelle mesure vos partenaires internationaux et notamment ceux qui disposent de fonds dédiés aux financements concessionnels pourraient vous appuyer dans cette mission de service public ?
T.S : Tamwil El Fellah bénéficie effectivement de l’appui d’un certain nombre de bailleurs de fonds. Ses résultats probants lui ont valu de gagner la confiance et l’appui de ces bailleurs qui l’ont reconnu en tant que modèle unique en matière de méso-crédit dédié à l’agriculture solidaire et ce, suite à des études et des missions d’évaluation et de diagnostic stratégique menées par l’Agence Française de Développement et la Banque Mondiale.
Fort de ces évaluations positives, Tamwil El Fellah a commencé à diversifier ses sources de financement en signant avec l’AFD, en novembre 2013, une convention de crédit portant sur l’octroi à TEF d’une ligne de crédit de 20 millions d’euro. Cette ligne est destinée au refinancement des petits agriculteurs porteurs de projets d’investissement rentables et qui sont exclus du système bancaire classique. Ce contrat est la concrétisation de la convention de partenariat signée entre l’AFD et le CAM devant SM le Roi, le 03/04/2013. Il est à signaler que l’AFD a déjà déboursé 10 millions d’euros au profit de TEF.
Parallèlement à cela, TEF et JAIDA, ont signé en novembre 2013, une convention de mise en place d’un crédit au profit de TEF de 200 millions de dirhams, consacrés au financement de son activité.
TEF a aussi été approché par d’autres bailleurs de fonds internationaux, BERD et KFW qui ont proposé d’accompagner son développement à travers des lignes de crédit à des conditions spécifiques.
C : Après plusieurs projets et programmes de développement du secteur agricole, le Maroc a opté pour une stratégie à long terme dans le secteur de l’agriculture. Croyez-vous que nous avançons, à travers les différents projets de cette politique publique qu’est le Maroc Vert, dans la réalisation de grands objectifs de modernisation de notre agriculture et de transformation du monde rural ?
T.S : L’avenir du secteur agricole est étroitement lié au développement équilibré de l’espace rural qui couvre pratiquement 80 % du territoire. Il repose sur la reconnaissance du rôle multifonctionnel de l’agriculture ; l’amélioration de la compétitivité ; la prise en compte des défis environnementaux ; la diversification des activités économiques ; la préservation du patrimoine rural. Ce sont autant d’éléments qui sont pris en compte dans la stratégie du Plan Maroc Vert qui ne manquera pas, à travers ses deux piliers, d’impacter positivement le développement du monde agricole et rural.
C : Le Maroc Vert nécessite un accompagnement technique, politique et surtout financier. Quel rôle joue le CAM en tant que pivot dans le financement de différentes actions de ce très important projet ?
T.S : Le Groupe CAM a depuis toujours joué un rôle prépondérant dans l’accompagnement du Plan Maroc Vert et ce, depuis son lancement en 2008. Nous sommes en fait le bras financier du Plan Maroc Vert. Ce Plan a constitué pour le GCAM une plateforme de travail en lui procurant une meilleure visibilité aussi bien sectorielle, que territoriale sur son champ d’action.
Ainsi, dès Octobre 2008, le GCAM s’est engagé dans la mise en œuvre du PMV en mobilisant une enveloppe de 20 milliards de dirhams sur 5 ans, répartis selon les 3 systèmes de financements mis en place par le groupe CAM (Financement classique, Méso financement via Tamwil El fellah et Microcrédit par la Fondation ARDI). Le Groupe CAM accompagne les projets identifiés dans le cadre du Plan Maroc Vert qu’ils relèvent du pilier I ou du pilier II. Il a également accompagné un ensemble de projets structurants du secteur agricole.
L’intervention du CAM, depuis, a enregistré des résultats probants dans la mesure où les objectifs intermédiaires fixés par années ont été atteints, voire nettement dépassés. Aujourd’hui, nous venons d’allouer une nouvelle enveloppe de 25 milliards de Dhs réaffirmant ainsi notre soutien à l’agriculture et au monde rural et notre volonté d’accompagner le Plan Maroc Vert dans toutes ses composantes.
Par ailleurs et au-delà de l’aspect purement financier de l’intervention de la banque verte, le Groupe CAM a également pour priorité l’accompagnement des actions de l’Etat, la bancarisation du monde agricole et rural, le soutien à la formation, et le développement durable.
C : Le CAM joue un rôle très important dans l’organisation du Salon International de l’Agriculture au Maroc. Quel est l’apport de cet événement à notre agriculture et dans quelle mesure notre économie rurale pourrait tirer profit de cette rencontre internationale ?
T.S : Le Salon International de l’Agriculture au Maroc confirme aujourd’hui pleinement sa place dans le calendrier international des événements du secteur agricole en tant que salon de renommée visant la création d’un espace dédié aux rencontres et échanges entre les différents opérateurs du monde agricole.
Son impact sur l’agriculture et le monde rural est indéniable. Le SIAM a accompagné le Plan Maroc Vert depuis son lancement ; toutes les éditions ont été dédiées à des thématiques en droite ligne avec les problématiques du PMV : Agriculture solidaire, Recherche et Innovation, Commerce Agricole…
Dans ce cadre, le SIAM constitue un excellent vecteur de partage de savoir-faire, d’expertise et de technologies dédiés à la valorisation de l’agriculture et au développement du monde rural.