CAN 2013, le populisme versus le sport
Dous l’avions dénoncé dans notre dossier de la semaine dernière et c’était prémonitoire : l’instrumentalisation politique du sport continue de plus belle. Ali Fassi Fihri président de la FRMF, et le ministre Ouzzine sont convoqués devant la Chambre des conseillers pour être auditionnés. Ils sont « accusés » d’avoir « vendu des illusions » aux Marocains. Il est étonnant de voir un parti comme le RNI, qui a dirigé le département des sports pendant une législature, crier le plus fort au sein de la meute alors que les résultats étaient tout aussi minables. Il y a d’abord une rectification à apporter, ni Fassi Fihri ni Ouzzine n’ont promis de gagner la CAN. La fédération a dégagé les fonds nécessaires, 7.000.000 de dirhams, mais n’a pas la responsabilité de la gestion technique des matchs. Le ministre, lui, n’a rien, absolument rien à se reprocher. Il n’a pas le droit de s’approcher du fonctionnement des fédérations.
Les règles des fédérations internationales sont très strictes là dessus. Ne faisant pas lui-même partie des mal nommés lions de l’Atlas, il n’a aucune responsabilité dans les performances. Au-delà, il faut bien se rendre compte que l’instrumentalisation politique des résultats sportifs est un signe de sous-développement. Jamais dans une grande démocratie, la représentation nationale ne s’ingère dans la gestion d’une fédération sportive, quels que soient les résultats. Ali Fassi Fihri doit régulièrement passer devant les parlementaires. Le ministre lui, est responsable de la politique sportive, de la réalisation des infrastructures, de la légalité des institutions fédérales, mais en aucun cas de la marche des équipes nationales. Les parlementaires ont le droit, et le devoir, de questionner le ministre sur ses prérogatives et non pas lui faire porter le chapeau des échecs répétés des sportifs de haut niveau.
Ce qui se passe est une manoeuvre politicienne de bas étage. On instrumentalise le sentiment de déception populaire après l’élimination de la sélection à la CAN. Ce faisant, on crée un lien entre une prestation sportive et le fameux honneur national comme s’il s’agissait d’une guerre et non pas d’une compétition. A neuf minutes de la fin du troisième match, Taoussi et son équipe étaient premiers de leur groupe. Si ce résultat avait prévalu, « l’honneur national » aurait-il été sauf ? Ne tiendrait-il qu’à ce genre de péripétie ? C’est la sixième fois consécutive que l’équipe nationale quitte la CAN dès le premier tour. Ni les ministres successifs, ni les dirigeants n’y ont pu quelque chose, nous ne sommes pas une grande nation du football, c’est tout ! Les parlementaires feraient mieux de s’occuper de la santé publique et de l’Education nationale au lieu d’utiliser les aléas du sport. ■