Habitat

Casablanca concentre le quart des ménages du menaçant ruine

La ville de Casablanca, qui est en train de compter ses morts (dans un bilan provisoire  de l’effondrement de l’immeuble, a fait 4 morts et 24 blessés) abrite l’une des plus fortes concentrations de ménages qui habitent dans des maisons ou des immeubles vétustes et qui menacent de tomber sur leurs habitants ou leurs voisins. Selon le recensement effectué par le Ministère de l’Intérieur en 2013, Casablanca a elle seule concentre le quart des ménages qui habitent dans des habitats menaçant ruine (HMR), soit 20733 sur les 81932 ménages au niveau national. La Préfecture la plus gravement touchée est Casablanca -Anfa qui, avec 4.476 HMR,  abrite le quart du total casablancais.

Les pathologies du bâti  observées 

Les types d’habitat les plus touchés par le menaçant ruine se retrouvent dans l’ancienne  médina, les quartiers anciens du centre ville, les quartiers clandestins, l’auto-construction et les habitations vacantes et désertées. Les pathologies et les ordres les  plus observées sont de nature diverses : fissurations, humidité, décollement des revêtements, fléchissement accentué des structures porteuses, éclatement du béton et corrosion des armatures avec des signes de rupture…

Parmi les causes qui ont conduit de tels désordres, on peut citer :

  • Le vieillissement et le manque d’entretien,
  • Lasurexploitation ou les modifications interne (ex. suppression d’un élément porteur) ou externe (ex. exécution de fouilles mitoyenne),
  • La défaillance des études ou de l’exécution des travaux,
  • L’utilisation de matériaux de mauvaise qualité,
  • Les agressions du milieu environnant,
  • L’engagement d’entreprises peu qualifiées …..

Face  à cette situation le Conseil de villes et les autorités locales ne sont pas restées inactifs. Le tableau ci-dessous montre que la liste des maisons est non seulement connue mais elle a déjà fait l’objet de décision d’évacuation. Presque la moitié du parc menaçant ruine  à Casablanca doit être évacué. Or sur les 1990 décisions d’évacuation, seules 440 ménages ont été évacués. Il reste 1450 qui logent dans des maisons qui présentent des troubles graves de structures et qui risque de s’effondrer d’un moment à l’autre. C’est dire toute l’immensité des catastrophes à venir et la nécessité d’un plan  d’urgence d’évacuation.

Les entraves aux interventions opérationnelles :

–    Le constat et l’expertise des habitations :

Généralement, les décisions prises à l’égard de ce phénomène sont basées sur des constats visuels imprécis, sans une expertise rigoureuse, pour différencier ce qui peut être conforté de ce qui doit être démoli et préalablement évacué.

Cette situation est due à l’absence de :

  • cadre juridique obligeant les propriétaires à expertiser périodiquement l’état physique de leur patrimoine, à l’instar des obligations dues aux automobilistes pour expertiser leurs véhicules ;
  • dispositif d’intervention d’urgence permettant aux autorités publiques, en cas de défaillance ou d’absence des propriétaires, de prendre en charge le financement des expertises à établir par des BET spécialisés ;
  • structures administratives dédiées et dotées de moyens humains spécialisés et matériels d’interventions et d’investigation adéquats.

menacant ruine

L’évacuation :

En l’absence d’un accompagnement social facilitant l’accès des occupants nécessiteux à un autre loyer ou à la propriété dans le cadre des programmes d’habitat social, les autorités se heurtent à une forte résistance de la part desdits occupants lors de l’exécution des décisions administratives portant évacuation des habitations menaçant ruine.Cette situation décourage certains présidents de communes à prendre les arrêtés d’évacuation. Par ailleurs, et dans certains cas, ces arrêtés d’évacuation sont utilisés par les propriétaires comme un moyen pour libérer leurs locaux, afin de faire fructifier leur patrimoine. Le propriétaire sous prétexte de la menace de ruine, avertit l’Administration pour procéder à l’évacuation. Il y a lieu de conclure :

  • l’absence d’un accompagnement social des occupants se trouvant dans la nécessité (par des primes à la location ou autres) ;
  • la déresponsabilisation des propriétaires, qui souvent tirent profit de cette situation.

L’étaiement et le confortement :

Dans plusieurs cas, l’engagement des travaux prescrits pour le confortement et l’étaiement de l’habitation menaçant ruine, se heurte à l’absence du propriétaire (dans plusieurs cas des héritiers), ou à son refus d’engager lesdits travaux, sous prétexte du faible revenu des loyers. Devant cette situation, la commune n’use pas de sa prérogative d’engager d’office lesdits travaux, aux frais du propriétaire, et ce non seulement en raison, des montants à mobiliser, mais également en l’absence de dispositifs garantissant aux communes d’être remboursées.

 

 

 

 
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