Ce célèbre magazine français est placé en redressement judiciaire
Un an seulement après son rachat par le patron de presse Georges Ghosn, VSD, magazine emblématique des années 80, a été placé en redressement judiciaire. Ghosn accuse l’ancien propriétaire Prisma d’être à l’origine des déboires du journal.
Le magazine a été placé en redressement judiciaire le 5 août par le tribunal de commerce de Paris, selon une décision consultée lundi par l’AFP. Le numéro d’août devrait paraître mardi avant un numéro spécial consacré à la chirurgie esthétique, a indiqué Georges Ghosn. Il a également souligné avoir réglé une dette à l’imprimeur sur ses fonds personnels pour permettre la parution de ce nouveau numéro.
L’ancien patron de France-Soir est en conflit avec le groupe Prisma qui lui a cédé le magazine en juin 2018. La cession de VSD à sa société suisse Ghosn Capital avait été bouclée dans un climat très tendu, les salariés de l’hebdomadaire qualifiant ce projet de cession de « plan social déguisé » et son repreneur de « fossoyeur ».
Georges Ghosn a reçu près de deux millions d’euros pour éponger des dettes et financer le départ de salariés dans le cadre d’une clause de cession. Mais il y a eu « beaucoup d’irrégularités » dans la cession, accuse Georges Ghosn qui menace Prisma d’une action judiciaire. Contactée lundi, la direction de Prisma n’a pas souhaité commenter ces informations.
Le patron de VSD assure n’être pas responsable de ce qu’il appelle un « trou de trésorerie » et se veut rassurant quant à l’avenir du titre, qui ne compte plus qu’une quinzaine de salariés: « On a failli mourir en bonne santé et on a maintenant une chance réelle de poursuivre notre chemin », a-t-il lancé.
Le magazine au logo arc-en-ciel a été lancé en 1977 par l’ancien directeur de l’information d’Europe 1, Maurice Siegel. VSD (initiales de Vendredi, Samedi, Dimanche) devait occuper une place en kiosques laissée libre en fin de semaine par les autres hebdomadaires.
Avec ses unes choc, ses pages loisirs, ses photos sulfureuses de stars, d’actualité ou d’aventure, et quelques grandes signatures, le magazine a réalisé de belles ventes jusqu’à un premier redressement judiciaire en 1995.
Le groupe Prisma (Femme Actuelle, Gala, Geo), le reprend alors et le tient à bout de bras pendant des années. En 2018, il le cède pour un euro symbolique au vétéran de la presse Georges Ghosn, qui a été propriétaire de plusieurs journaux économiques (La Tribune, l’Agefi, le Nouvel Economiste…) et s’était notamment emparé du défunt journal France-Soir en 1999, avant de le revendre un an plus tard.
De mensuel à hebdomadaire
Ghosn applique à VSD le même traitement qu’au « Nouvel économiste » quelques années plus tôt: la diffusion mensuelle devient hebdomadaire, avec une pagination et un prix augmentés. Il prône dans VSD un retour au « vrai journalisme » avec de nouvelles rubriques, tout en gardant son « ADN ».
Dans un secteur des magazines en pleine crise, les ventes de VSD avaient chuté à moins de 80.000 exemplaires fin 2018, selon l’ACPM, et les annonceurs ont déserté le titre. Elles sont depuis remontées à 90.000 exemplaires, assure Georges Ghosn. Depuis, la quasi-totalité de l’ancienne équipe a fait valoir sa clause de cession pour quitter le titre.
Six anciens de VSD devaient encore réclamer à l’automne le chiffrement de leurs indemnités devant la Commission arbitrale des journalistes, a indiqué le syndicat SNJ-CGT de Prisma. Une dizaine d’autres salariés réclament encore de prendre leur clause, refusée par le nouveau PDG. Mais la procédure de redressement suspend le versement de l’ensemble de ces sommes.
« Le titre était mort, cette situation était prévisible », accuse une ancienne journaliste du magazine. « On savait qui était Ghosn, et on lui a quand même donné les clefs du journal ».