« Ce genre de rencontre favorise le développement du co-investissement au niveau de l’Afrique »
En marge du Forum économique Maroc-France, qui s’est tenu le 16 novembre à Skhirat, à l’initiative de la CGEM et du MEDEF, dans le cadre de la visite officielle du premier ministre français, Édouard Philippe, au Maroc, Challenge.ma a rencontré Mohamed El Kettani, PDG du groupe Attijariwafa bank. Détails…
Challenge : Quel regard portez-vous sur cette édition du forum économique Maroc-France ?
Mohamed El Kettani : Le Club des chefs d’entreprise Maroc-France, sous l’égide de la CGEM (Ndlr : Confédération marocaine des entreprises du Maroc) et du MEDEF (Ndlr : Mouvement des entreprises de France) a organisé ce forum à Skhirat. Cette rencontre s’est intéressée à la problématique des villes durables compte tenu de l’explosion démographique que connait le continent africain. Comme vous le savez, 24 millions d’Africains vont nourrir nos villes chaque année sur les 20 années à venir, et cela présente des opportunités extrêmement importantes en matière de développement des infrastructures, du transport, de la gestion des déchets, etc. Il y a aussi l’agro-industrie. L’Afrique importe pas moins de 35 milliards d’euros de nourritures par an et les projections à l’horizon 2030 prévoient 110 milliards d’euros, si rien n’est fait, alors que l’Afrique dispose de 65% des terres arables, avec une disponibilité de l’eau extrêmement importante. Donc, notre continent peut devenir le grenier du monde, et à ce titre, cela ouvre des autoroutes de développement aux opérateurs de l’agro-industrie. Le troisième thème ayant marqué cette journée concerne la jeunesse africaine et française. Il s’agit aujourd’hui de savoir comment aider les startups dans cette transition numérique que connait le monde pour que le continent africain ait sa part naturelle. Trouver de l’emploi aux jeunes aujourd’hui est un défi très important, et le seul levier possible pour leur donner une chance, c’est l’entrepreneuriat. Donc, ce genre de rencontres permet d’accompagner la réflexion, et aussi de trouver les meilleurs moyens de mobiliser les PME et les startups françaises, marocaines, et africaines de façon générale, afin de favoriser le développement du co-investissement au niveau de l’Afrique.
Challenge : Les entreprises marocaines, notamment les PME, commencent à se développer peu à peu en France ces dernières années. Mais, le rythme est encore lent. Comment accélérer cette tendance aujourd’hui ?
Notre réflexion, avant, était basée sur un schéma Nord-Sud et non Sud-Nord. Mais depuis quelques années, le concept de co-production et de co-localisation est en train de faire du chemin. Ce qui fait que maintenant nous voyons des PME marocaines qui acquièrent des positions en France dans plusieurs secteurs comme l’automobile, l’offshoring, les systèmes d’information. Cette tendance de plus en plus visible permet un partage équitable de la chaîne de valeur pour optimiser les coûts de production. Cela permet aussi de maintenir les emplois, voire de les renforcer en France. De même, on peut à partir du Maroc aller créer des emplois et des capacités additionnelles dans les pays d’Afrique subsaharienne. Donc, la co-production n’est pas un concept creux, mais plutôt une réalité qui permet aux entreprises d’être plus compétitives.