Interview

« Certains constructeurs, dont Renault, étudient la possibilité d’un sourcing au Maroc »

Jacques Prost , DG du Groupe Renault Maroc

Malgré la crise en Europe et le marché automobile dans le Royaume qui démarre timidement depuis le début de l’année, Jacques Prost, patron de Renault Maroc reste optimiste. À l’heure de faire les comptes, l’usine de Renault Nissan à Tanger a doublé sa capacité de production grâce à sa nouvelle ligne de fabrication affectée à la Sandero. Quant au volet commerce, le Groupe Renault poursuit tambour battant sa croissance. 

Challenge. Quel bilan faîtes-vous de l’activité de l’usine de Renault Nissan de Tanger à fin 2013 ? Qu’en est-il de l’activité de votre filiale commerciale ?  

Jacques Prost. Par rapport à 2012, le bilan est satisfaisant : nous avons doublé notre volume de production grâce aux belles performances des Dacia Lodgy et Dokker, notamment à l’export. Nous y associons également la Sandero. Dans le détail, nous avons écoulé 100.940 véhicules dont 10.000 Sandero. S’agissant de notre activité commerce, notre Groupe est leader du marché des véhicules neufs avec 39.4% de parts de marché à fin février.

 C. Pour autant, l’usine ne tourne pas encore à plein régime. Sa cadence de production devrait s’accentuer à l’avenir ? 

J.P. Nous espérons qu’a fin 2014, nous parviendrons à augmenter, sinon doubler cette cadence. Comme vous le savez, l’ensemble de notre production est destiné à l’export, notamment vers l’Europe. Or, ce continent a essuyé les affres de la crise économique qui s’est poursuivie l’année dernière. Toujours est-il que l’embellie semble de retour. Par ailleurs, plusieurs conflits ont éclaté dans la zone Afrique, ce qui nous a contraint à revoir à la baisse nos prévisions. Mais nous poursuivons notre déploiement dans cette zone, car les potentialités de développement y sont réelles.

C. Qu’en est-il de l’ILN (International Logistics Network ndlr), cette activité de pièces exportables produites par l’usine de Tanger et par des fournisseurs marocains dont le démarrage s’est effectué courant 2013 ? 

J.P. Je suis assez satisfait de ce démarrage d’activité qui a eu comme premier client le Brésil avec les pièces de Logan et de Sandero. Nous allons devoir intensifier nos efforts pour poursuivre notre performance, car le Brésil sera rejoint cette année par l’Inde, la Russie et la Colombie qui figureront parmi les pays clients de l’activité. Je pense que cette année, nous parviendrons à produire et à exporter 30.000 équivalents voitures.

 C. Quel regard portez-vous sur le taux d’intégration des équipementiers locaux au sein de l’usine de Tanger ? Ce taux peut-il encore augmenter ? 

J.P. Aujourd’hui, le taux d’intégration est de l’ordre de 40%. Il devrait progresser à plus ou moins long terme et se situer entre 55 à 60%. Il faudrait un autre projet de la taille de Sandero pour impulser une nouvelle dynamique en matière d’intégration. Par ailleurs, sachez que certains constructeurs automobiles, dont Renault, étudient la possibilité d’un «sourcing» au Maroc, notamment pour fournir des usines espagnoles. Ce qui est de bon augure pour les fournisseurs locaux.

 C. L’arrivée d’une nouvelle chaîne de fabrication à l’usine de Tanger pour un autre véhicule Dacia est-elle envisagée ? 

J.P. Non, pas pour l’instant. Nous disposons désormais de deux lignes de fabrications à même de produire chacune 170.000 véhicules l’an, soit un total de 340.000 unités. Très clairement, nous devons monter en performance pour atteindre ces objectifs chiffrés. Le vrai challenge de l’usine et de nos équipes courant 2014, c’est réellement de tirer la performance.

 C. Votre Groupe accorde beaucoup d’importance aux ressources humaines, notamment en matière de formation ?  

J.P. Nous avons effectué plus d’un million d’heures de formation axées quasi exclusivement sur l’activité industrielle à destination des opérateurs, des techniciens, des ingénieurs… Sachez que nous travaillons activement sur un grand projet de création d ‘une école du management dans le Royaume, car dans cette branche, nous avons un manque de profil. Or, nous avons forcément au sein de nos équipes des gens talentueux qui désireraient évoluer. C’est un projet qui pourrait être effectif dans les trois années à venir.

C. Quels sont les grands projets qui vous tiennent à cœur pour le compte du Groupe  ? 

J.P. Nous lancerons prochainement dans le Royaume à travers un plan stratégique de développement baptisé «Vision Maroc 2016», une feuille de route claire et précise de nos objectifs priorisés cette année. Nous essayerons de garder notre place de leader dans beaucoup de domaines, tant au niveau industriel qu’en matière de commerce.

 
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