CFG Bank en voie vers une nouvelle recapitalisation
Après deux augmentations de capital en 2016 et 2018, CFG Bank est à nouveau en route vers une nouvelle recapitalisation de 400 millions de dirhams. Avec des pertes cumulées de près de 550 millions de dirhams, la banque, qui se prévaut d’avoir conquis une clientèle urbaine exigeante avec « un service de qualité fluide, simple et efficace », arrivera-t-elle à convaincre, cette fois-ci, des actionnaires qui ont déjà mobilisé 600 millions de dirhams en deux ans pour financer la mise sur orbite de l’activité bancaire ?
Le groupe CFG Bank tend à nouveau la sébile à ses actionnaires. En effet, le petit poucet du secteur bancaire marocain a convoqué, pour le mois de mars prochain, ses actionnaires en Assemblée générale extraordinaire, afin de valider le principe d’une augmentation de capital de l’ordre de 400 millions de dirhams (prime d’émission incluse).
Cette nouvelle opération hissera ainsi à un milliard de dirhams le montant total des fonds propres levés par CFG Bank au cours des cinq dernières années, après les recapitalisations successives de 2016 et 2018, qui ont porté chacune sur un montant identique de 300 millions de dirhams et qui ont vu l’arrivée de plusieurs nouveaux institutionnels dans le tour de table, comme la Compagnie Interprofessionnelle Marocaine de Retraite (CIMR), AXA Assurances Maroc et les fonds d’investissement panafricains Amethis et Afric Invest. «Depuis le lancement du projet bancaire, CFG Bank a investi plus de 600 MDH dans son système d’information et le développement de son réseau qui compte aujourd’hui 17 agences et près de 80 guichets automatiques de dernière génération. Pour financer ce programme d’investissement ainsi que l’activité de crédits et de marchés et les pertes d’exploitation des premières années, CFG Bank a réalisé 2 augmentations de capital en septembre 2016 et avril 2018, totalisant 600 MDH», souligne Souad Benbachir, administrateur directeur général associée de CFG Bank.
Il faut dire que la transformation progressive depuis près d’une décennie de la société créée en 1992 par Amine Alami et Adil Douiri, avec le soutien du groupe Benjelloun (qui en est toujours un des actionnaires les plus importants à ce jour), d’un groupe de services financiers ayant un focus quasi-exclusif sur les métiers de banque d’affaires (conseil, intermédiation boursière, gestion d’actifs, banque privée, private equity…) en une banque commerciale universelle avec un réseau d’agences Retail (certes en nombre limité) qui collecte des dépôts et distribue des produits de banque classique (crédit immobilier, crédit à la consommation, leasing, crédit d’investissement…), a naturellement créé un besoin important en fonds propres qu’il a fallu combler continuellement par recours à des fonds externes à défaut de pouvoir le faire par capitalisation des bénéfices. «Aujourd’hui, le total bilan de CFG Bank atteint plus de 6 milliards de DH, avec près de 4 milliards de DH de crédits à la clientèle, après 4 ans d’activité seulement. La banque marque un taux de progression des crédits de 50% d’une année à l’autre depuis 2016. Afin de financer la croissance future et rapide de son activité bancaire, CFG Bank a recours à une troisième augmentation de capital de 400 MDH», précise Souad Benbachir.
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Pour l’instant, rien ne filtre sur l’identité des actionnaires qui comptent suivre la prochaine augmentation de capital, ni sur l’utilisation de la nouvelle manne à lever ; mais pour les observateurs avisés, il s’agit d’une recapitalisation impérative afin de se conformer aux règles prudentielles édictées par Bank Al-Maghrib, sachant que les fonds propres de CFG Bank ont été laminés par les lourdes pertes essuyées depuis son obtention du sésame de licence bancaire par la Banque centrale en 2012. D’ailleurs, les derniers comptes consolidés publiés par la banque sise Rue Ibnou Toufail à Casablanca, à savoir ceux du premier semestre 2019, font ressortir un cumul de pertes de 546 millions de dirhams (dont plus de 100 millions de dirhams au titre du seul exercice 2018), soit autant que l’argent levé lors des deux précédents tours de financement. Autant dire que jusqu’à présent, l’afflux de capitaux propres n’a servi qu’à boucher les trous des pertes enregistrées les sept dernières années ! Ce qui pose la question lancinante de l’horizon du retour à l’équilibre de cette banque qui a voulu apporter une rupture dans le paysage conservateur, voire sclérosé du secteur bancaire à travers une digitalisation à fond et se voulant des plus personnalisées. Une offre qui a fait mouche auprès d’une clientèle premium dans quelques grandes villes marocaines.
«Cette dernière augmentation de capital devrait permettre d’accompagner le développement de la banque sur les prochaines années, avec un objectif d’introduction en bourse à l’horizon 2023. L’opération est en cours de réalisation », estime l’administrateur directeur général associée de CFG Bank. Selon les dernières sorties du management de cette banque qui pèse moins de 1% du total des crédits bancaires de la place, l’équilibre d’exploitation sera atteint dès 2020 dans le sillage d’un doublement de l’activité entre 2018 et 2020.