Santé

Chambre des Conseillers : la sécurité sanitaire est une priorité centrale de la souveraineté nationale

La crise sanitaire due au Covid-19 a bien révélé les faiblesses structurelles du système de santé. Aujourd’hui, la réforme de ce système est inscrite parmi les objectifs urgents et stratégiques. La Chambre des Conseillers a eu le mérite d’aborder cette thématique et d’élaborer un rapport de qualité pour contribuer au processus de réforme du système de santé. Eclairage sur les principaux aspects de ce rapport.

Avec moins de 28 000 médecins exerçant dans les secteurs public et privé, et un déficit estimé officiellement à 32 000 médecins, le système actuel de santé ne peut guère offrir un niveau minimal de soins à la population. La moyenne annuelle de consommation individuelle en médicaments, ne dépasse guère 431 dirhams (2017), soit à peu près le 1/5 de la moyenne par habitant en Europe, ou encore 1/10 de la moyenne par habitant aux Etats Unis d’Amérique. Cette situation est aggravée par la mauvaise répartition territoriale, plus que déséquilibrée, des infrastructures et des ressources humaines dédiées au secteur de la santé.

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Le récent rapport présenté à la Chambre des Conseillers, tout en dressant un état des lieux, et sans trop s’y attarder, se projette vers la recommandation de solutions pratiques qui devraient être avant tout le fruit de concertations collectives, impliquant tous les acteurs concernés, pour gagner en adhésion et en crédibilité. Le concept-clé à la base de l’approche adoptée et qui devrait guider l’ensemble des réformes du système de santé est celui de « souveraineté sanitaire ». Il est question de disposer d’un système de santé capable de faire face aussi bien aux situations courantes qu’aux situations exceptionnelles d’épidémies. Tout en sachant qu’avec le processus de vieillissement de la population marocaine, déjà entamé, l’avenir sanitaire de la population n’est pas si difficile à prévoir. Qui dit population âgée, dit quasi automatiquement augmentation de la fréquence des maladies chroniques, avec tout ce qui s’ensuit en termes de ressources croissantes à mobiliser dans le domaine sanitaire.

L’enjeu central dont les Conseillers semblent être parfaitement conscients, est relatif à la question de la gouvernance du système de santé. Car c’est là que résident les « crocodiles », c’est-à-dire les principaux obstacles et résistances au changement, compte tenu des intérêts et des mauvaises habitudes accumulés au cours des dernières années d’application des programmes d’ajustement structurel, où le concept de santé a été relativement déshumanisé pour intégrer la logique marchande. Que prônent les Conseillers ? Il est d’abord question de regrouper les différents programmes sociaux dans le cadre d’une vision stratégique globale. Ce qui rejoint parfaitement la méthode préconisée dans le nouveau modèle de développement.

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Cela signifie une meilleure convergence des objectifs de tous les intervenants dans le domaine de la santé : convergence territoriale, en impliquant les acteurs régionaux et locaux ; convergence en matière de politique du médicament, avec une priorité au développement de l’industrie pharmaceutique locale ; réforme des caisses de mutuelle et d’assurance maladie, et surtout amélioration substantielle des conditions matérielles et morales de travail des ressources humaines ; sans oublier la digitalisation qui ne devrait être perçue ni comme une « baguette magique », ni comme du « maquillage sur de la morve ». Celle-ci devrait garantir une meilleure traçabilité des prestations de soins, et surtout contribuer à la mise en place d’un système de veille sanitaire capable de renforcer qualitativement la réactivité du système de santé, et de mieux anticiper dans les cas d’urgence sanitaire.   

 
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