«Collectif des 670» contre «Manifeste des 400» : quand les artistes marocains se déchirent sur fond de machination contre le Maroc
« Commençons par écarter les faits », ainsi entame Jean Jacques Rousseau son célèbre Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Si l’attitude est symptomatique depuis Platon de bon nombre d’intellectuels et penseurs, qui préfèrent les Idées au réel avec un penchant avéré pour les Concepts purs fussent-ils contredits dans le monde Sensible, elle est également au cœur des « outils » de persuasion de masse nés à la fin du XIX siècle à mesure que les révoltes ouvrières se multiplient dans le monde occidental et que les idéologies et contre-idéologies fleurissent. Les instigateurs de la dernière campagne anti-marocaine qui a mobilisé quelque 400 artistes (ou prétendus artistes) et un journal parisien plutôt conservateur et peu enclin à se laisser instrumentaliser par des propagandes d’arrière-garde, n’ont bien évidemment pas dérogé à cette mécanique si bien décrite et analysée en 2018 par le cinéaste américain Jimmy Leipold dans un documentaire édifiant intitulé « Propaganda, la fabrique du consentement ».
Lire aussi | Touria Jabrane s’est éteinte
D’ailleurs, le titre aussi aguichant que farfelu «La situation au Maghreb est potentiellement explosive » choisi par Le Figaro (puisque c’est de cet ex-vénérable quotidien français dont il s’agit) dans son édition du vendredi 21 août 2020 pour intituler son article à charge, en dit long sur cette volonté de nier le réel, ou du moins le travestir outre-mesure dans l’unique dessein d’attenter à l’image d’un pays (en l’occurrence le Maroc, puisqu’il est le seul visé par cette philippique à sens unique malgré l’objet trompeur de l’accroche) en faisant croire au lecteur que notre pays est au bord de la guerre civile. Rien que cela ! Quant à la caution intellectuelle apportée tant par les 400 enrôlés (dont certains presque malgré eux) que par un historien autoproclamé spécialiste du Maghreb et qui n’est pas à son premier livre sur le Maroc émaillé d’approximations, d’incohérences et de préjugés, elle ne résiste point ni à l’examen critique ni à la vérification des « pièces à convictions » à l’aune du réel et des faits. Pour preuve : le présumé récent « pillage de deux camions de Coca Cola à Casablanca » par une population affamée (ou assoiffée de sodas !) et aux abois, n’existe que dans l’imaginaire de Pierre Vermeren qui s’y est donné à cœur joie pour soutenir fallacieusement sa thèse (dont il s’est manifestement épris au fil des livres qu’il a commis sur le sujet) et qui se résume ainsi : le Maroc est un Etat totalitaire qui viole les droits de l’Homme et son régime est au bord de l’implosion. Une prophétie que cet historien pour les classes terminales rabâche depuis plusieurs années (ce qui relativise tout de même le « bord » en question). Quant aux maux dénoncés dans « Cette ombre-là » (tel est l’autre nom du fameux Manifeste des 400) et qui seraient incarnés dans la « répression » et la « diffamation » en passant par les «harcèlements» et «emprisonnements politiques» dont pâtiraient de plus en plus les intellectuels, journalistes libres et artistes au Maroc, il suffit de rappeler que les avancées en matière de construction de la démocratie et de consolidation des libertés individuelles ont été la marque de fabrique du règne de SM le Roi Mohammed VI. Et cela est reconnu par la plupart des instances internationales, qu’elles soient publiques ou non gouvernementales et ce, y compris de la part de celles qui ont fait montre par le passé d’un parti-pris avéré contre le Maroc et ses institutions.
Lire aussi | Covid-19 : le Maroc, troisième pays africain le plus touché
Certes, dans ce processus où la pratique démocratique s’ancre au fil des décennies et ne se décrète pas malgré des textes législatifs avant-gardistes, des « rechutes » sont parfois à déplorer et le rôle des intellectuels et artistes authentiquement démocrates est justement de les dénoncer dans la vigilance et la fermeté et non pas dans la véhémence et l’appel à l’anarchie et au soulèvement. La contre-pétition initiée ces derniers jours par un collectif de 670 signataires qui se comptent exclusivement parmi les rangs des artistes et des créateurs marocains (dont plusieurs ténors tels Abdelewahab Doukkali, Abdelhadi Belkhayat ou le cinéaste Lahcen Zinoun….), en est la parfaite illustration en choisissant la critique constructive tout en dénonçant « le caractère non équilibré et volontairement à charge contre les institutions de l’Etat» qui caractérise « le Manifeste des 400 » et qui « a induit en erreur l’opinion publique nationale et internationale».