Comment la Marche verte a lancé le processus démocratique
La Marche verte était un coup de génie, elle a imposé la décolonisation mais a aussi impulsé un processus de démocratisation qui a abouti au gouvernement d’alternance. C’est ce front intérieur solide qui permet aujourd’hui les succès diplomatiques et l’isolement de l’Algérie et des séparatistes.
Feu Hassan II a reçu en 1972 une missive du Général Franco, lui demandant de l’aider à créer un Etat du Sahara Occidental en s’appuyant sur la fameuse «Jamaâ», parlement croupion local. Le sang du monarque marocain n’a fait qu’un tour. Abdellatif Filali raconte dans ses mémoires la colère du Roi. Un Etat au sud du Maroc signifiait stratégiquement la coupure du pays avec ses racines africaines et sa transformation en une île encerclée.
Hassan II a beaucoup réfléchi et dans une situation géopolitique qui était celle de la guerre froide, a cherché à avoir le soutien le plus large. C’est pour cela qu’il a introduit la question auprès de la Cour internationale de la Haye.
Mais cette démarche n’avait de sens que si l’unanimisme était au rendez-vous. Or, le Maroc sortait de deux tentatives de coup d’Etat et, en mars 73, d’une tentative de guérilla. Le génie de Hassan II c’est qu’il a réussi à transcender les divergences, qui mettaient en cause sa propre légitimité, pour créer une unité autour de ce qui devient la première cause nationale. Allal El Fassi est mort à Bucarest, alors qu’il rencontrait Ceausescu pour défendre la marocanité du Sahara. Abderrahim Bouabid a même visité le Chah d’Iran qui n’était pas sa tasse de thé idéologiquement.
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