Comment l’USFP compte rebondir
Réconciliation, ouverture sur la société et débats internes soutenus, l’USFP veut retrouver son lustre en s’appuyant sur la pensée prospective.
Non, le processus de réconciliation des Tihadis n’est pas un gadget. C’est en tous cas ce que la commission chargée d’organiser l’événement, à la fois au niveau national et local s’évertue à adresser comme message.
Le 60ème anniversaire de la création du Tihad est un argument fort. Ce parti veut d’abord montrer comment il a pesé sur la vie politique au Maroc. Des documents écrits, audio, des images seront mis à la disposition du public. Dans ce cadre, la commission a délibérément choisi de ne rien censurer. Les invités de la cérémonie du 29 octobre seront surpris. Ils pourront voir les photos, mais aussi les écrits de Bouabid, Benbarka, Abdellah Ibrahim, Fkih Basri et Bensaid Aït Idder. Tous les livres consacrés au mouvement seront exposés, y compris les plus critiques. Cet événement permettra aussi de mettre en lumière la production Tihadie au niveau de la pensée. Les documents des congrès de l’USFP, avec l’analyse sociologique politique et les propositions seront présentés. Certains restent d’actualité, on peut penser à « la démocratisation de l’Etat et de la société » qui réclamait une monarchie parlementaire en… 1989.
Quel projet pour l’avenir ?
Mais cet exercice n’est pas uniquement narcissique. Il ne vise pas à glorifier le passé, avec ses multiples erreurs, ni à organiser un événement nostalgique. L’objectif est de relancer l’USFP, dans une conjoncture très difficile pour le pays. La bipolarisation a échoué, le jeu politique est vicié et la gauche est en miettes.
Il est impératif pour l’USFP de sortir des congrès organisationnels où l’unique enjeu c’est d’élire les instances dirigeantes. Pour la première fois au Maroc, un parti annonce qu’il désignera la commission préparatoire de son prochain congrès 18 mois avant la tenue de celui-ci. L’objectif, c’est de permettre un vrai débat pour que le parti soit réarmé au niveau de la pensée et que le congrès puisse sortir avec un vrai projet pour l’avenir, qui encadrera l’action politique des futurs dirigeants. C’est un projet colossal parce qu’il influera sur la classe partisane et créera enfin les conditions des vrais clivages.