Conseil Bank Al Maghrib : les messages de Jouahri
Le taux directeur ne bouge pas. Bank Al Maghrib tiendra une réunion avec le secteur bancaire en mai prochain pour faire le point sur plusieurs questions comme la mobilité bancaire, les crédits aux entreprises etc.
La banque centrale a tenu le 21 mars son premier Conseil de l’année 2017. Il en ressort notamment que Bank Al-Maghrib a décidé de maintenir le taux directeur à 2,25%. « Le Conseil a jugé que le niveau actuel du taux directeur continue d’assurer des conditions monétaires adéquates », a souligné Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib. On note aussi que l’inflation s’est maintenue à 1,6% en 2016, ce qui est en ligne avec les prévisions de la banque centrale, qui remarque qu’au premier mois de cette année, elle s’est établie à 2,1%. Passant en revue la conjoncture nationale, Abdellatif Jouahri a fait remarquer que 2016 a enregistré 37000 pertes d’emplois et une baisse sensible du taux d’activité. Toutefois, Bank Al-Maghrib reste optimiste quant à la reprise de l’activité en 2017. Au sujet des finances publiques, le Conseil a noté que l’exercice budgétaire de 2016 s’est soldé par un déficit, hors privatisation, de 42,1 milliards de DH ou 4,2% du PIB, en dépassement de 5,5 milliards de DH ou 0,7% du PIB par rapport à la cible de la Loi de Finances.
Les observations du Wali sur les dossiers chauds
• Impact du retard dans la formation du gouvernement sur les réformes en cours
« Il va de soi que cette situation a un impact. Les réformes que nous sommes en train de mener nécessitent que je rencontre et que j’informe le gouvernement, y compris le Parlement. Mais, je les rencontrerais quand tout sera mis en place. Je ne vais pas croiser les bras et attendre. J’ai donc entamé des rencontres avec les opérateurs, la presse, les banques, le régulateur au titre du marché des capitaux et aussi au titre de l’assurance, les chambres de commerce et d’industrie, les bureaux de change… Nous sommes en train de toucher tous ceux qui sont concernés par la réforme. Aussi, nous sommes en train de finaliser une charte de la communication qui vise à apporter le maximum de réponses au sujet de la réforme du régime de change ».
• Crédits bancaires aux entreprises
« En 2015, quand on a vu les crédits aux entreprises afficher un taux négatif, nous avons tout de suite réagi. Début 2016, nous avons mis en place l’accord tripartite (Bank Al-Maghrib – GPBM – CGEM) et nous avons transmis les recommandations au gouvernement. Ma prochaine réunion avec le Groupement Professionnel des Banques du Maroc (GPBM), en mai vraisemblablement, en tous cas avant le mois de Ramadan, je vais m’assurer que toutes les banques ont réagi positivement à ce qu’on leur a demandé. Nous leur avons demandé aussi que s’il y a refus de crédit, les banques doivent donner le motif de ce refus au client. Les comités régionaux tripartites que nous avons décidé de créer pour se réunir et être de proximité avec la clientèle pour lui donner des éléments d’information, et ensuite faire remonter la préoccupation des opérateurs, commencent à se mettre en place. De notre côté, nous avons continué le programme en faveur de la PME, ainsi que celui du fonds de soutien à l’entreprise intermédiaire. Et comme nous l’avons dit, s’il y a un problème de refinancement à ce niveau, nous sommes là pour faire le nécessaire pour l’activité économique du pays. Quand nous faisons nos simulations au titre de la demande de crédits, nous constatons que la demande reprend. Je serai mieux à même d’y voir plus clair après ma réunion avec le GPBM en mai pour avoir plus d’éléments dans ce sens »
• Délais de paiement et des créances en souffrance
« A ce sujet, nous avons mené une action au niveau de la banque centrale. Dans ce sens, nous avons invité une banque centrale du Portugal qui a vécu les mêmes problèmes. Toutefois, nous n’avons pas toutes les données dans sa globalité, mais je pense que le fait de l’accélération des paiements de TVA, un engagement pris par le gouvernement, constitue déjà un élément positif. A mon sens, il est nécessaire qu’on revoit le problème dans sa globalité. Cependant, nous voyons que le problème des délais de paiement s’aggrave. Nous devons donc trouver la méthodologie d’approche. Définir qui doit à qui ? Parce que l’on met généralement au banc des accusés le public, c’est-à-dire le Gouvernement et les entreprises publiques vis-à-vis du secteur privé. Mais, il y a aussi les entreprises du secteur privé entre elles, et également celles du secteur public entre elles. Pour cela, nous devons avoir toutes les données afin de tirer les conclusions nécessaires. Au sujet des créances en souffrance, on note une augmentation. Le dossier de la Samir en particulier est entièrement provisionné par le secteur bancaire. Ce qui nous importe, ce n’est pas uniquement le niveau de créances en souffrance mais aussi le provisionnement, et sur ce point, nous sommes très stricts vis-à-vis du secteur bancaire».
• Mobilité bancaire
« Vous savez que nous avons bataillé au niveau de Bank Al-Maghrib pour mettre en place cette mobilité. Mais c’est le début, et croyez-moi que cela fait partie des points essentiels que je vais aborder lors de ma réunion avec le secteur bancaire en mai prochain. Il y a aussi un autre point essentiel sur lequel je vais revenir qui concerne les incidents liés aux clôtures de comptes. Là aussi, nous avons mis en place, avec une directive de ma part au secteur bancaire, des séries de traitements de la réclamation de la clientèle. Il s’agit de choses qui se mettent difficilement en place. Il y a aussi un autre point qui concerne le dégagement des cautions par le secteur bancaire, parce que, souvent, les gens terminent leur crédit en cours et ont des difficultés à récupérer leur caution. Je vais aussi revenir sur ce point lors de ma prochaine réunion avec le GPBM ».