Coronavirus : le télétravail au Maroc a besoin d’une loi-cadre [Etude]
L’instauration du confinement en mars dernier par les autorités a contraint de nombreuses entreprises à expérimenter le télétravail. Plus de cinq mois après, plusieurs voix s’élèvent pour appeler l’Etat à encadrer le télétravail. C’est le cas de cette nouvelle étude qui vient d’être publiée et qui prône notamment une réglementation du télétravail.
Baptisée « Le télétravail au Maroc: Nouveaux espaces, nouvelles temporalités : Nouveaux rapports au travail ? », cette étude estime que la mise en place du télétravail implique un véritable changement de paradigme. Le rapport, publié par Economia, centre de recherche de HEM, précise que ce nouveau paradigme nécessite de nouveaux règlements, voire une loi-cadre qui normerait la pratique du télétravail. « Ce cadre aura pour objectif de limiter les abus et les risques, régler les différends en cas de problèmes et encadrer les problématiques d’assurance et de rémunération », souligne-t-on. Notons que cette étude dévoile notamment les réalités du télétravail et apporte également des solutions pour faire évoluer son cadre. Elle a été réalisée durant la période allant de mars à juin 2020 où le télétravail a été imposé par les contraintes du nouveau coronavirus.
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« En effet, la nature de l’activité, la nature du poste et de la tâche, la position hiérarchique, l’appétence de travailler seul ou en groupe dans un espace physique commun, la culture de l’entreprise et le degré d’intégration du télétravail et au niveau d’exigence et aux sollicitations au bureau ou à domicile sont des éléments qui influent directement sur la perception du télétravail. Cette perception dépend également de la conception du bien-être de tout un chacun, des ressources et contraintes budgétaires et du rapport au changement », indique le rapport.
« Or l’ensemble des experts sondés, qu’ils soient managers, cadres intermédiaires, chefs de projet, dirigeants ou experts, s’accordent tous sur la nécessité de fixer de nouveaux cadres. Ils vont même jusqu’à prôner une révolution de cadres managériaux où les managers doivent apprendre davantage à accepter de lâcher du lest en termes de contrôle et de faire confiance a priori à leurs collaborateurs », poursuit le rapport, ajoutant qu’ils doivent également réinventer de nouveaux modes de coordination, de contrôle et d’évaluation et développer davantage un management par objectifs qui nourrirait l’autonomisation des équipes.
Par ailleurs, l’étude démontre également que la progression lente et régulière du télétravail dans le monde s’accompagne de la convergence de nombreux enjeux sociaux, économiques, politiques, voire environnementaux. L’auteur du rapport estime ainsi qu’il peut être une réponse à la pollution par la réduction des émissions de gaz à effets de serre induite par la limitation des transports ou comme un moyen de réaménager les territoires par la délocalisation d’activités hors des grands pôles. « Le télétravail constitue dans cette perspective une économie d’énergie et donc financière, comme il peut l’être pour l’entreprise, qui y voit un intérêt croissant grâce à une meilleure rentabilité de sa structure », fait observer le document.
La pandémie mondiale Covid-19 marque indubitablement un tournant dans cette progression, en imposant aux organisations privées comme publiques, une nouvelle réflexion quant à l’intégration du processus de travail à distance, voire de modification plus ou moins importante de leurs modèles d’affaires et configurations organisationnelles.