Parce que les pouvoirs publics ont été prompts à réagir, le Maroc s’en sort très bien face au coronavirus. La pandémie a fait très peu de morts, beaucoup moins que les accidents de la route.

A mon avis nos gouvernants sont en train de rater la sortie et de gâcher les fruits politiques de leur réaction exemplaire au début de l’épidémie. Mais peu importe, ce n’est que l’avis d’un citoyen parmi d’autres. Par contre, nul ne peut contester que la vague qui arrive, certaine, sera beaucoup plus compliquée à gérer. Récession, chômage, surendettement de l’Etat, inflation faiblement maîtrisée, pauvreté accentuée, voilà ce qui nous attend et pas pour un week-end, plutôt pour deux ans au minimum.

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Face à cette situation, il faut que le débat démocratique vive, que les divergences s’expriment, y compris par des conflits sociaux. Il ne faut pas être tétanisé par la peur, mais enhardi par le challenge. Nous nous en sortirons, comme toujours, parce que ce magnifique peuple accepte les sacrifices, que sa résilience est proverbiale, que ce mélange improbable de fatalisme et d’optimisme béat qui marque notre culture nous rend bizarrement très fort. Nous nous en sortirons comme toujours, parce que nous assumons tous les dégâts, c’est notre manière d’être et c’est ce qui va nous sauver, une nouvelle fois.

Mais un peuple est composé d’hommes et de femmes, d’individus. Et si nous voulons affronter le mur, il vaut mieux que les individus ne soient pas dépressifs. De grâce déconfinez à votre manière, adorez votre nouveau totem qui est une date, le 10 juin, ignorez les réalités comme bon vous semble, mais arrêtez votre propagande. Les télés sapent le moral des troupes.

Restez chez vous ! Le slogan est éculé, la manière spartiate de l’énoncer est insupportable. Ceux de nos confrères qui se sont prêtés à ce jeu se sont fait piéger. Ils passent aux yeux de l’opinion pour des Roquets. Qu’ils se taisent et un jour on oubliera leur séjour en Corée du Nord sur ordre de l’absurdistan.