Coronavirus : voici comment le virus mute rapidement pour échapper aux anticorps [Étude]
D’après une récente étude, la souche originale du virus SARS-CoV-2 ne tarde pas à muter dans l’organisme pour échapper aux anticorps et aux lymphocytes T. Une situation qui inquiète de nombreux immunologistes.
C’est le site d’information BioRxiv (archive de dépôt de préprints consacrée aux sciences biologiques) qui a publié ladite étude qui met en évidence la forte capacité du coronavirus à muter pour échapper aux anticorps. On apprend ainsi que les chercheurs, (menés par Rino Rappuoli, le chef de la R&D externe de GSK Vaccines, ont injecté la souche initiale du SARS-CoV-2 dans le plasma d’un patient convalescent pour voir comment le virus réagissait. « Durant 38 jours, le plasma a neutralisé le virus sans problème même dilué 640 fois. Mais le rapport de force n’a pas tardé à s’inverser », constatent les auteurs de cette expérimentation.
Lire aussi| Coronavirus : le Maroc suspend ses liaisons aériennes avec d’autres pays
« Au bout du 45e jour, une première mutation échappant aux anticorps est apparue sur la protéine de pointe sur 36 % des virions. Après un passage supplémentaire, cette mutation concernait 100 % des virions et avait déjà divisé l’efficacité du plasma par quatre. Après 12 passages et 80 jours, est alors apparue la fameuse mutation E484K, présente notamment chez les variants sud-africain et brésilien, et détectée récemment chez le variant anglais », indiquent les chercheurs, ajoutant qu’à cette date, la capacité de résistance du sérum a encore été divisée par quatre et que ce dernier était alors déjà 16 fois moins neutralisant qu’au départ. « La dernière mutation, l’insertion spontanée d’une longue chaîne de 11 acides aminés 11 à la position 248 de la protéine de pointe, est particulièrement intéressante car elle constitue une stratégie d’évasion immunogène bien connue décrite dans la grippe, le VIH-1 et d’autres virus. Mais alors que ce genre de mutation de grande ampleur met généralement des années à se produire, elle est ici intervenue en moins de trois mois ! », poursuivent-ils.
Lire aussi| Coronavirus : un nouveau variant découvert en France
Futura-sciences.com fait aussi observer qu’une autre récente étude, publiée dans la revue Science Immunology, montre que certains peptides mutants du virus ne se lient pas efficacement aux protéines de la surface des cellules infectées, ce qui veut dire que ces cellules ne peuvent pas être reconnues par les lymphocytes TCD8+, chargés de les détruire. « Ces peptides mutants diminuent la multiplication des lymphocytes T, retardent la production de facteurs inflammatoires tels que l’IFN-γ et interrompent l’activité globale de destruction cellulaire des lymphocytes T tueurs », souligne le rapport. Selon futura-sciences.com, cette situation inquiète de nombreux immunologistes « qui estimaient jusqu’ici que l’action des lymphocytes T pouvait compenser une efficacité amoindrie des anticorps ». Force est de rappeler que le président du Conseil scientifique en France, Jean-François Delfraissy, avait qualifié, il y a quelques semaines, le coronavirus de virus intelligent et diabolique.