Coupes africaines des clubs et FRMF : l’honneur est sauf !
Est-on vraiment les plus forts ?
C’est rentré dans nos habitudes, on peut dire que c’est même dans l’ADN de chaque Marocain. Sans exagérer, on certifie ici qu’au Maroc, dans notre cher pays, tous les citoyens (et citoyennes) ont la nette impression qu’ils vivent dans le pays du football. Ne leur parlez pas d’Egypte, du Cameroun, du Ghana et du Nigéria ou encore moins du Sénégal, non, ils ne veulent rien entendre.
Pour nous, pour toujours, le meilleur foot africain est le foot marocain. Et pas besoin de nous pousser beaucoup pour que chacun vous récite de mémoire, et par cœur, tous nos hauts faits d’armes : n’est-on pas le pays de Ben Barek ? N’est-on pas la première nation à se qualifier à une phase finale de la Coupe du Monde? N’est-on pas le pays qui a réveillé la FIFA et obligé à regarder ailleurs qu’en Europe et Amérique Latine? N’a-t-on pas été qualifiés – et pas qu’une fois – de Brésiliens de l’Afrique? N’en ajoutez plus, la coupe est pleine, d’accord, d’accord, c’est nous les meilleurs ; mais seulement quand on se réfère à l’Histoire.
Une histoire, certes, qui a voulu que l’on ait été premier en tout, seulement on a tendance à oublier que rien n’est plus fragile que la place de numéro 1. Être premier, c’est être en point de mire, être dans une position où tout le monde veut vous dépasser. Et souvent, c’est une place qui, flattant les orgueils, pousse aussi son titulaire à s’endormir. Il est alors dépassé, parfois irréversiblement.
Au Maroc donc, on ne se serait pas rendu compte que depuis des lustres, pas mal de pays ont fait mieux que nous en football, rendant notre palmarès de plus en plus maigrichon, et notre supériorité continuellement remise en question.
Ainsi, il est anormal et dérangeant quand on entend claironner partout que la CAN 2019 est pour nous : «Jibouha yal w’lad» devient le refrain à la mode sur nos libres antennes. Vainqueur de la CAN 2019 ? On ne demande pas mieux, c’est le souhait de tous, mais chaque chose en son temps. Gagnons les rencontres, match par match et attendons d’arriver, inchaa Allah en finale.
Ensuite, il faudra patienter, de manière organisée, concentrée et sérieuse jusqu’au coup de sifflet final.
D’ici là, arrêtez de souffler dans les trompettes de la renommée, qui, comme le chanta naguère Brassens, sont parfois mal embouchées.
Le Raja passe la main
Le président Lekjaa peut souffler et clamer mission (à moitié) accomplie, car il a assuré sa réputation de président qui s’interdit de tirer les ficelles pour favoriser les uns au détriment des autres.
Les mauvais esprits l’attendaient au tournant dans ces qualifications de la CAF où 3 clubs marocains étaient engagés pour deux places, seulement, à gagner.
On sait que dans ce groupe, chaud et chahuté à souhait, ce sont le Hassania d’Agadir et la Renaissance de Berkane qui ont réussi la «qualif», laissant le Raja à quai. Un résultat qui a eu le bon goût de mettre tout le monde d’accord. Le Hassania gadiri, si correct et si fair-play a réussi un exploit historique pour toute la famille soussie, et Dieu sait que cette région où le football a produit joueurs et dirigeants exemplaires a bien mérité ce sacre.
Et puis quelle classe et quelle modestie dans ce club gadiri qui revient de loin, lui qu’on croyait «écrasé» entre le poids du Raja et l’influence Berkanie. Mais non, il est là, il reste en vie mais il ne plastronne pas pour autant. Son entraîneur a fait une simple déclaration qui en dit long sur la compétence du bonhomme : «On a réussi l’important, il nous reste maintenant à conquérir l’essentiel ».
Bonne route pour Agadir sur la route du Trophée africain qui viendrait (ô beau rêve) orner les vitrines d’un club emblème d’une région magnifique.
Quant au Raja, il a, comment dire, été éliminé avec les honneurs du communiqué. Il s’est réveillé de ses cauchemars récurrents, mais désormais il peut toiser tout le monde en club dominateur qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être. Mais que voulez-vous? Il a été arnaqué, et il a aussi arnaqué, mais comme tout cela a été fait avec des soi-disant rajaouis, alors on oubliera et on passera à autre chose. En se promettant des jours meilleurs et surtout en évitant de tomber encore dans de fâcheux travers.
La FIFA avec F comme fric
Le foot est une belle affaire. Cette activité est même la plus belle affaire du monde. Affaire économique s’entend, et l’actuel président Gianni Infantino n’a pas l’intention de faire «moins bien» qu’Havelange ou Blatter. Lui, venu pour sauver les meubles, qu’il disait, et renforcer la réputation malmenée de la grande maison Football (bla, bla, bla ….), va faire exploser la banque.
Son projet de Mondial des clubs qu’il a fait adopter aux USA lors du Conseil de la FIFA tenu à Miami, est un pur chef d’œuvre.
Il espère ainsi renflouer les caisses de la FIFA, alors que celle-ci a déjà plus de pognon qu’il n’en faut.
Mais comme l’UEFA (Europe) est encore plus riche et qu’elle peut devenir gênante pour l’autorité de senior Infantino, celui-ci espère l’affaiblir en créant d’autres pôles de richesse dans le foot.
C’est compliqué, bien sûr, et surtout casse-cou. Et surtout dans les 24 équipes l’Afrique, l’Asie, et l’Amérique Latine ou l’Océanie, auront toujours moins de place que l’Europe.
Alors à quoi bon se démener pour se retrouver avec le même problème à l’avenir ?
Et puis c’est loin d’être fait.
Au Congrès de Paris (Juin 2019), ça risque de chauffer.