Crise franco-algérienne : la décision de LREM d’ouvrir un bureau à Dakhla fait capoter la visite du Premier ministre français à Alger
Le déplacement du Premier ministre français Jean Castex à Alger, prévue aujourd’hui dimanche 11 avril, à l’occasion d’un comité intergouvernemental franco-algérien, a été reporté sine die dans la soirée du jeudi 8 avril à la demande de la partie algérienne. Si le gouvernement algérien n’a fourni aucune explication, des sources concordantes françaises et algériennes évoquent des raisons diplomatiques.
« Provocation » sur la question du Sahara, taille de la délégation ministérielle française, « armada de journalistes » parisiens, soutien au mouvement pro-démocratie du Hirak… Les médias algériens ont tiré samedi 10 avril à boulets rouges sur Paris, après l’annulation à la demande d’Alger de la visite prévue ce dimanche du Premier ministre français Jean Castex.
Discorde autour du Sahara
La question du Sahara est « sensible » pour l’Algérie et l’annonce jeudi 8 avril du parti du président français LREM (La République en marche) d’ouvrir un bureau à Dakhla, est considérée comme « une provocation » de la France, explique à l’AFP le chercheur Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen à Genève. Selon ce chercheur algérien, « il y a un courant anti-algérien (au sein du parti présidentiel) qui veut maintenir la tension entre les deux pays ».
Une ligne rouge pour Alger qui soutient le Polisario. Le même jour, souligne El Watan, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a réitéré « le soutien de la France au plan d’autonomie marocain comme une base sérieuse et crédible » pour régler ce conflit, lors d’un entretien avec son homologue marocain Nasser Bourita. Une autre ligne rouge pour Alger.
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« On est en droit de s’interroger sur le jeu trouble des autorités françaises », écrit l’éditorialiste du quotidien francophone El Watan sous le titre : « Graves hostilités françaises ».
« Le report de la visite de Castex confirme la profondeur du fossé entre l’Algérie et la France : la rupture s’amplifie », renchérit le plus fort tirage arabophone, El Khabar.
Le déplacement de Jean Castex, prévu dimanche à l’occasion d’un comité intergouvernemental franco-algérien (CIHN), a été reporté sine die dans la soirée du jeudi 8 avril à la demande de la partie algérienne. Si Alger n’a fourni publiquement aucune explication, des sources concordantes françaises et algériennes ont attribué cette annulation surprise à la taille de la délégation ministérielle française (réduite à trois ou quatre membres du gouvernement en raison du « contexte sanitaire ») jugée insuffisante côté algérien.
La réunion de dimanche avait pour but de tenir pour la première fois depuis décembre 2017 un « Comité intergouvernemental de haut niveau », co-présidée par Castex et son homologue Djerad, afin de faire le point notamment sur la coopération économique entre les deux pays.
Pour lechercheur algérien Hasni Abidi, ni la version française sur le report (« contexte sanitaire » du Covid-19) ni celle avancée en coulisses par Alger sur la taille de la délégation, ne sont crédibles.
Le Quotidien d’Oran note par ailleurs que l’ambassadeur algérien n’a toujours pas présenté ses lettres de créances au président Macron « alors qu’il se trouve à Paris depuis huit mois ».
En outre, les médias algériens pointent aussi la venue, à l’occasion de la visite à Alger que devait effectuer Castex, d’« une armada de journalistes qui pouvaient mettre à profit sa visite pour focaliser sur les militants du Hirak », le mouvement populaire qui exige un changement de régime depuis deux ans.
Les autorités algériennes cadenassent la couverture du pays par les médias étrangers par le biais de procédures d’accréditations bureaucratiques et opaques.
Avec AFP
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