Dans l’antre de Total Maroc
Pour gagner la bataille de la qualité en matière de carburant, Total au Maroc a misé sur la certification. Un moyen de rassurer sinon fidéliser sa clientèle d’autant que cet opérateur vient de se voir certifié ISO 001:2008. Visite guidée de son complexe industriel de Mohammedia.
Minutieux, tel pourrait être le qualificatif requis en matière de sécurité pour toute personne invitée à franchir la grille du complexe du Groupe pétrolier. «Prenez soin d’éteindre tout appareil électronique en votre possession», nous a précisé cet agent de sécurité qui, du reste, s’est appliqué à consigner toutes informations relatives à nos identités et à nos supports respectifs. Blouses blanches, film de protection pour cheveux, casques de chantiers, lunettes et chaussures spécifiques, briefing relatif à la sécurité en cas d’explosion… nombreuses ont été les consignes de sécurité dispensées par le staff.
De quoi nous permettre d’amorcer cette visite en toute quiétude et de découvrir l’un des maillons essentiel du dispositif qualité de cet opérateur : le laboratoire d’analyse. Ainsi, Total Maroc a confié l’inspection, la surveillance et l’analyse de ses produits pétroliers à Saybolt Maroc, une filiale de l’américain Saybolt, Groupe qui dispose à ce jour d’un réseau mondial de 150 bureaux et de 80 laboratoires d’expertises pétroliers.
Une inspection qui s’effectue via sa plateforme d’analyse située en plein coeur des installations pétrolières de Total à Mohammedia et qui a vu le jour courant 2006. Présent à nos côtés pour cette visite, Eric Gosse, le directeur de Total au Maroc, en a profité pour nous communiquer le montant global investit dans ce laboratoire : de l’ordre de 10 millions de DH.
Un laboratoire d’une propreté clinique disposant de plusieurs plans de travail sur lesquels trônent éprouvettes et autres pipettes concourant à l’analyse de produits pétroliers en tout genre. Il va sans dire que l’informatique est de la partie, à en croire les quelques PC disposant de logiciels étudiés pour ce genre d’analyses.
Revêtu de leurs blouses blanches d’une propreté impeccable, les chimistes présents lors de notre visite nous ont expliqué que leur outil de travail intervient notamment au moment des transferts de carburant tant de la raffinerie (la Samir) que des cargaisons en provenance de l’étranger vers les dépôts de Total Maroc. Et que conformément à la réglementation en vigueur ans le Royaume, 21 tests de contrôles y sont effectués s’agissant du supercarburant, contre 18 en ce qui concerne le gasoil 50 ppm. Par ailleurs, ce même laboratoire ne sert pas uniquement les intérêts de Total, les concurrents pouvant y avoir accès eux aussi dès lors qu’ils souhaitent réaliser leurs propres tests de qualité. Un laboratoire qui constitue l’une des premières barrières de contrôle concourant à l’amélioration de la qualité du carburant et qui se voit épaulé par des laboratoires mobiles.
Un réseau de stations fortement contrôlé.
Autre outil fondamental du dispositif qualité de Total, les unités mobiles, plus précisément des véhicules aménagés comprenant deux chimistes à bord et disposant de l’attirail nécessaire à des fins d’analyses.De quoi leur permettre de contrôler environ 60 stations-service par mois, soit quelques 8.000 km parcourus durant cette période par ces véhicules. Faut-il souligner que Total dispose de 270 stations-service à travers le Royaume, autant de points de distribution que contrôlent tout au long de l’année les chimistes du laboratoire (une seule station est contrôlée en moyenne quatre fois l’an). Des véhicules ayant nécessité un coût d’investissement de 1,5 million de DH et dans lesquels sont réalisés dans chaque station une batterie de tests (test de densité, de distillation, de point d’éclair…), un langage bien connu de ces scientifiques qui leur permet de déceler en moins de vingt minutes tout contaminant éventuel dans le carburant et de dresser dans la foulée un P.V statuant sur la conformité du produit. «Si jamais nous avons connaissance de la présence de contaminants dans l’une de nos stations, la distribution est arrêtée immédiatement », intervient Eric Gosse, le directeur général de Total au Maroc. Et d’ajouter : «les cuves sont immédiatement scellées et une équipe technique vient récupérer le produit pour le traiter».
Nous interpellons notre interlocuteur sur certaines stations-service du Royaume dont on entend dire que leur carburant contient un certain pourcentage d’eau. «Beaucoup de stations service sont vieilles et leurs propriétaires ne vérifient pas forcément les cuves. En cas de pluies, l’eau s’infiltre dans ces cuves», nous explique Eric Gosse. Et d’ajouter : «nous avons à l’égard de nos stations-service un programme régulier d’entretien de nos cuves».
Des livraisons hautement surveillées.
De cuves, il en est également question s’agissant des camions de transport de carburant. C’est d’ailleurs le dernier atelier que le staff de Total nous a fait découvrir. On parle ici de citernes et elles aussi font parti du dispositif de qualité mis en place par l’opérateur pétrolier. Les citernes de ces camions sont en aluminium et non en acier. Et pour cause, l’aluminium ne s’oxyde pas et ne peut donc laisser aucune trace de contaminant dans le produit livré aux stations.
Ce responsable nous précise : «nous effectuons aussi un programme de rajeunissement de notre parc de véhicules tous les quatre ans assorti de contrôles très stricts». Et l’un des chauffeurs du camion présent lors de ces explications de nous confier en aparté, qu’au quotidien chaque camion qui se présente au dépôt pour charger tout liquide fait l’objet de plusieurs contrôles, notamment en matière d’étanchéité et de propreté des compartiments. Et qu’après chargement, ces mêmes compartiments sont plombés, ce qui revient à dire que quiconque, hormis le chauffeur ne peut avoir accès à la cargaison sans que cela ne se sache.
Objectif, éradiquer tout risque de contrebande de carburant via des réseaux parallèles qui pourraient bénéficier de la complicité du chauffeur. «Tous nos camions sont équipés d’un système de géolocalisation depuis 2006. Nous savons en temps réel où ils se trouvent et pouvons détecter tout arrêt suspect sur le trajet», nous récise-ton. Et notre interlocuteur de poursuivre : «tous conduits qui permettent de charger ou de décharger du liquide disposent d’un capteur. Si quelqu’un tente d’ouvrir ou de charger quelque chose, nous en sommes avertis instantanément».
Un système qui permet par ailleurs de contrôler les temps de conduite et qui dissuade tout chauffeur d’une fraude éventuelle. De quoi assurer la traçabilité en temps réel du carburant transporté et son arrivée à bon port. Une batterie de procédures qui permettent aujourd’hui à cet opérateur pétrolier de maîtriser de bout en bout, de l’approvisionnement jusqu’au réservoir du client, la qualité de son carburant… certification à l’appui. Une visite riche d’enseignement qui nous a permis de mesurer les moyens mis en oeuvre par certains opérateurs pétroliers pour veiller à la qualité de leur carburant.
Il en va d’ailleurs du développement, entre autres de l’automobile, étant entendu que la qualité du carburant disponible dans le Royaume intéresse au plus au point les constructeurs et importateurs automobiles, soucieux de ne pas importer un modèle dont la définition technique ne correspondrait pas au carburant disponible sur place. ■