David Keene… Comment l’Algérie finance la propagande de sécession aux Etats-Unis
Défense aux Etats-Unis de la sécession au Sahara marocain contre une subvention de 30.000 dollars par mois de l’Etat algérien.
Le 10 août 2019, David Keene a publié un article intitulé Africa’s Last Colony dans le magazine américain The American Spectator (1), qui est l’un des plus anciens magazines conservateurs à l’influence équilibrée dans la politique américaine, en particulier parmi les conservateurs du Parti républicain, à partir de 1924, puis a poursuivi son influence après sa conversion au format numérique en 2014.
L’article est ensuite apparu sur le site du ministère de la Justice concernant les données des sociétés de lobbying au sujet de leurs actions pour les pays étrangers, dans le cadre du rapport que Keene a soumis sur ses résultats de travail pour l’Algérie sous le numéro d’enregistrement 6608, auprès de l’Unité d’enregistrement des clients étrangers du ministère américain de la Justice. Ces données peuvent être consultées sur le site de cette unité (2). Le rapport concerne un contrat d’une valeur de 30.000 dollars par mois pour un an, soit 360.000 dollars pour cette année-là (3).
L’histoire derrière tout ça :
1 – L’histoire commence par la publication d’un article de David Keene, dans lequel il plaide pour la proposition séparatiste, présentant le Sahara marocain comme la dernière colonie en Afrique, et réunit ses allégations pour la défense de son ami John Bolton, l’ancien conseiller à la sécurité nationale dans l’Administration Trump, et ses efforts en faveur de la sécession.
2 – Il s’agit en fait d’un article plein de contre-vérités, dont nous choisissons celle qui expose l’ignorance de son auteur David Keene et son parti pris, car il a écrit que le Plan Baker que le Maroc a rejeté était en 1997 alors qu’il était en 2003. Ce qui s’est passé en 1997, c’est l’adoption de l’accord de Houston que le Maroc a accepté, relatif aux problèmes d’identification et la question de l’exclusion d’un certain nombre de tribus sahraouies. En plus du parti pris flagrant de l’Algérie et du Polisario en ignorant totalement la première résolution de Baker en 2001 que le Maroc a acceptée et qui a été rejetée par l’Algérie et les séparatistes. Keene a mentionné seulement ce que le Maroc a refusé pour le présenter comme responsable de l’échec du projet de l’ONU pour le règlement du conflit.
3 – Quant à la défense de Bolton, il s’agit de ressusciter la position de ce dernier dans son discours à la Fondation Heritage, dans lequel il annonçait une tendance à faire pression sur les Nations Unies pour remédier à l’échec de la mission de la MINURSO à organiser le référendum et accélérer la résolution du conflit, ce qu’il a interprété comme une tentative de révolte contre la tendance internationale à trouver une solution politique adoptée depuis 2001 comme alternative à l’ancien plan référendaire qui a échoué en raison de l’incapacité des Nations Unies à déterminer la liste des électeurs, selon le rapport du Secrétaire général des Nations Unies adressé au Conseil de sécurité en mai 2001, qu’il a confirmé dans le rapport de 2003.
4 – A noter que la position de Bolton a intervenu un mois après que son compagnon de l’Association national de Venice National Rifle Association (NRA), l’auteur de cet article, pour tenir un effet de lobbying au profit de l’Algérie de novembre 2018 à octobre 2019, ce qui a été révélé alors le site Morocco World News dans un article daté du 10 novembre 2018 lorsque David Keene était président l’association (4) et Bolton en était le responsable du comité des affaires internationales.
5 – Malgré l’article paru dans le magazine influant des républicains, Bolton a été démis de ses fonctions par le président américain Donald Trump, un mois après la publication de l’article. Il est à signaler que lorsque Bolton a été nommé conseiller à la sécurité nationale en avril 2018, il a directement influencé la décision du Conseil de sécurité sur la question du Sahara marocain d’adopter une période de six mois pour discussion au lieu d’une période d’une année, comme moyen de faire pression sur le Maroc. Son départ était considéré comme un jour noir pour la thèse séparatiste.
6 – L’article a été largement célébré par les séparatistes, car il a été diffusé par l’Agence de presse sahraouie en août 2019 ainsi que la traduction de son contenu en arabe (5) sans mentionner les autres sites qui l’ont largement diffusé.
7 – Il tenait à lever les soupçons de mercenariat, d’une part, qui a révélé qu’il travaille en tant que titulaire d’une accréditation auprès du ministère américain de la Justice pour travailler pour un pays étranger, l’Algérie, mais cet article exprime son propre point de vue, ce qui signifie qu’il n’est pas dicté par ce pays ou qu’il fait partie de son travail.
8 – Dans le rapport semestriel sur ses activités avec le Congrès et l’administration américaine pour mettre en œuvre son contrat avec l’Algérie adressé au département américain de la Justice le 23 juin 2019, il a même indiqué qu’il avait eu une réunion avec John Bolton le 24 janvier 2019 mais qui était consacrée uniquement à « soutenir les relations et les intérêts communs des États-Unis » avec l’Algérie « sans aucune référence à la question du Sahara marocain (6).
9 – A noter aussi qu’il n’a pas hésité à donner des leçons lorsqu’il avait écrit, il y a dix ans, dans le journal du Congrès américain, The Hill, une chronique intitulée «Nos amis dans le Sahara» où il défend les séparatistes. Et quand il a été révélé que cela faisait partie de son travail pour lequel il était payé, il a protesté considérant cela comme une insulte. Il a affirmé qu’il a simplement adopté une position différente (7), soulignant les slogans du droit à la différence. A l’époque, il n’y avait pas de preuve matérielle concrète comme c’est le cas aujourd’hui.
In fine, nous sommes face à un incident tangible qui dénonce un journaliste corrompu au service du projet de diviser le Maroc tout en clamant des slogans de l’autodétermination, et avec un financement explicite du gouvernement algérien. Cet incident révèle aussi la face cachée des marchands de conflits régionaux dont l’intérêt n’est pas de résoudre mais de nourrir et les perpétuer comme source de mercenariat.
Par Mustapha Khalfi
Liens :
(1) https://spectator.org/africas-last-colony/#.XVWNipMF37I.email
(2) https://efile.fara.gov/docs/6608-Informational-Materials-20191229-1.pdf
(3) https://efile.fara.gov/docs/6608-Exhibit-AB-20181106-1.pdf
(5) https://www.spsrasd.info/news/en/articles/2019/08/15/22289.html
(6) https://efile.fara.gov/docs/6608-Supplemental-Statement-20190623-1.pdf
(7) https://thehill.com/opinion/letters/132789-Keenees-column-seriously-distorts-truth-on-morocco