De la commanderie des croyants ( Par Jamal Berraoui )
Le tribunal administratif a approuvé le refus des autorités de légaliser une association en lui accordant le reçu du dépôt légal. Il s’agit de l’Amicale des Imams. Celle-ci avait pour objet de défendre les intérêts de ses adhérents. Le tribunal a estimé que sa création était en contradiction avec l’existence d’une fondation ayant le même objet. Le jugement a considéré que la fondation Mohamed VI excluait toute autre forme d’organisation. S’appuyant sur le texte de la Constitution en particulier l’article 41, le tribunal a estimé que les Imams relevaient uniquement d’Imarat Al Mouminine.
Il faut savoir que les fondateurs de l’Amicale sont marqués politiquement, de là à crier au déni de démocratie, il y a un pas qu’il ne faut pas franchir. Une organisation transversale des Imams peut être perçue comme l’embryon d’un clergé que l’Islam a su éviter durant toute son histoire et qui est rejetée par le dogme lui-même.
En refusant la création de cette amicale, c’est sans doute ce que les autorités ont cherché à éviter et le tribunal administratif leur a donné raison.
L’Administration et la justice donnent ainsi leur interprétation de l’institution de la Commanderie des Croyants. Elle est restrictive puisqu’elle en fait l’unique source de légitimité dans le domaine religieux. Et il faut saluer cette interprétation. Nous souffrons, comme d’autres, de la pléthore de prétendus exégèses de l’Islam, de prédicateurs souvent ignorants, de fatwas délirantes. Les conséquences de cette anarchie, c’est l’apparition de mouvements régressifs, choisissant parfois la violence.
Le monopole de l’institution sur le domaine religieux est nécessaire pour recomposer le champ religieux. Ce n’est pas une œuvre aisée et l’on voit bien les difficultés sur le terrain. Les conseils des Ouléma, par exemple, n’ont pas réussi à mette un terme aux fatwas individuelles. Il est donc bon que le principe soit réaffirmé par ceux-là même qui disent le droit, les juges.
Les Imams en général, réclament de meilleures conditions matérielles, pour les « professionnels » parce que d’autres sont des bénévoles. Le Ministère des Habous ayant des moyens, en donnant satisfaction à leurs revendications, couperait court à ces tentatives.