De la COP22 à la COP23
En entamant l’innovation dans des domaines stratégiques comme l’agriculture durable, le Royaume du Maroc pourra pleinement s’inscrire dans la durabilité, c’est-à-dire la satisfaction des besoins immédiats sans pour autant mettre en cause ceux des générations futures. Car le grand défi lancé depuis l’Agenda 21, voire depuis le rapport Brundtland, en 1982, est de concilier protection de l’environnement, efficacité économique et équité sociale. Or, éviter la dégradation de la nature tout en luttant contre la pauvreté n’est pas une chose facile. C’est surtout la prise de conscience individuelle et collective qui doit permettre de percevoir cette voie comme une nécessité universelle et non pas seulement comme un luxe imposé par un Occident arrogant qui a détruit la planète et qui empêcherait les autres peuples à s’orienter vers un modèle de vie de plus en plus insoutenable pour l’ensemble de la planète.
La COP23 devra assumer la continuité, malgré les tempêtes et les orages, les reflux et régressions, qui menacent notre « navire-planète ». Trump, comme G.W. Bush avait refusé de ratifier le protocole de Kyoto sur le changement climatique que son prédécesseur Bill Clinton avait pourtant signé, a récemment fait descendre son pays du train de l’histoire. Mais, en quittant l’Accord de Paris, le train ne s’est pas pour autant arrêté et certainement ne s’arrêtera pas. Car le bon sens devra l’emporter pour que l’espèce humaine, voire la vie tout simplement puisse l’emporter et continuer.
Le développement des nouvelles énergies propres exige des investissements importants dans les pays pauvres qui doivent concilier développement et protection de l’environnement. Et la promesse d’aide fixée à 100 milliards de dollars par an, à partir de 2020, ne semble guère être au rendez-vous.
L’industrie produit 18% des gaz à effet de serre, l’énergie 35%, les transports 14% et l’agriculture 14%.
Les générations futures n’ont pas de voix pour s’exprimer, pour se défendre. Elles risquent de subir les conséquences du présent, résultat de l’égoïsme aveugle des générations actuelles.
Mais, sans adopter une vision manichéenne, et malgré les nombreux signaux actuellement défavorables au niveau international, l’espoir né depuis longtemps n’a pas été détruit. Malgré le départ des USA, acte à rattacher surtout à la personnalité instable du président actuel de cette grande puissance, il ne faut pas oublier que l’Accord de Paris a été ratifié, à ce jour, par 168 Etats. Cet accord impose un cadre à la lutte contre le réchauffement climatique avec pour objectif de limiter la hausse de la température à moins de 1,5°C par rapport au niveau d’avant la révolution industrielle. Le GIEC doit produire, à l’automne 2018, un rapport pour apprécier les résultats concrètement atteints. L’objectif est très ambitieux. Il en va de la survie de la planète Terre. Le nouveau pas à franchir pour rendre cette évolution positive irréversible, réside dans la déclinaison de cet objectif par pays avec la mise en place de mécanismes onusiens pour assurer le suivi des réalisations par pays au niveau international. Pour le moment, l’Accord de Paris demeure régi par une logique purement volontariste. Et en l’absence de politiques climatiques bien définies dans chaque pays, en particulier dans les pays industriels, la croissance de la température pourrait bien dépasser les + 4 à + 5°C, avec une trajectoire dangereuse autour de 3°C.
2020 risque d’être la dernière occasion pour l’humanité pour éviter le pire, d’après le rapport 2017 de l’ONU sur l’action climatique mondiale.