Algérie : Décès du général Ahmed Gaïd Salah
L’homme fort de l’armée algérienne est mort, quatre jours après l’investiture du président Abdelmajid Tebboune. Le général-major Saïd Chengriha est nommé nouveau chef d’état-major par intérim.
Le Général de Corps d’Armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale, chef d’Etat-major de l’Armée nationale populaire (ANP), est décédé lundi des suites d’une crise cardiaque à l’âge de 79 ans, indique un communiqué de la présidence de la République.
« Après la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril sous la pression de la rue, le général Gaïd Salah a supervisé la période de transition qui a conduit à l’élection d’Abdelmadjid Tebboune à la présidence de la République il y a dix jours. Les Algériens ont néanmoins continué à manifester pour réclamer le départ de l’ensemble de l’élite au pouvoir et le retrait de l’armée de la vie publique », indique Le Figaro.
Ahmed Gaïd Salah a fait une crise cardiaque à 6 heures du matin à son domicile avant d’être transporté à l’hôpital militaire de Ain Naadja, sur les hauteurs d’Alger, rapporte Jeune Afrique citant un communiqué de la présidence.
Immédiatement après l’annonce du décès de Gaïd Salah, le président Abdelmadjid Tebboune a désigné le général-major Saïd Chengriha, commandant des forces terrestres, chef d’état-major par intérim de l’Armée nationale populaire (ANP) en remplacement du général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah, annonce la télévision d’Etat. Le président a aussi décrété trois jours de deuil national.
Né le 13 janvier 1940, engagé dès l’âge de 17 ans au sein de l’Armée de libération nationale (ALN) combattant le pouvoir colonial français selon sa biographie officielle, Ahmed Gaïd Salah était l’un des derniers représentants au sein de l’armée des anciens combattants de la Guerre d’indépendance, un passé dont les dirigeants algériens ont longtemps tiré leur légitimité. Nommé chef d’état-major de l’armée en 2004 par le président Bouteflika, il détient le record de longévité à ce poste.
Il fut un indéfectible soutien de Bouteflika tout au long de sa présidence, avant d’obtenir sa démission en avril pour tenter de calmer le mouvement (« Hirak ») de contestation populaire né un mois plus tôt de la volonté du président sortant de briguer un cinquième mandat.
Mais le général Gaïd Salah était vite devenu très impopulaire au sein du mouvement en apparaissant comme le garant de la survie du « système » qui dirige l’Algérie depuis 1962 et dont le « Hirak » entend obtenir le démantèlement.
Son décès survient 11 jours après une présidentielle qu’il avait tenu à organiser le 12 décembre pour élire un successeur à Bouteflika, malgré l’opposition farouche du « Hirak » qui voyait ce scrutin comme une manoeuvre du « système » pour se régénérer.
Le général Gaïd Salah était encore présent jeudi dernier pour la cérémonie d’investiture de Tebboune comme nouveau président de la République.