Déconfinement : Leçons à tirer et projections
Le séisme du Covid-19 est multiforme, sanitaire, économique et social. Les économies seront moins interdépendantes, les Etats plus présents. La nécessité d’un nouveau contrat social s’impose à tous. Ce n’est plus une option mais une nécessité.
Dans quelques années, les historiens des faits économiques et sociaux noteront que la séquence du Covid-19 du 21e siècle fut un défi systémique mondial. Transversal, complexe, inédit, multiforme; voire incompréhensible par certains de ses aspects et les modalités de sa propagation. Les moments consécutifs à cette séquence prirent une forme successive de causes à effets. Sanitaire d’abord, économique ensuite, financière, sociale, politique et, visiblement, géostratégique peut être dans un avenir très proche.
(Italie, France, Espagne, USA,…) Aucune coordination. Chacun pour soi, et les «masques» pour personne. C’est tout dire. En à peine trois mois, l’improbable devint effectif, mettre entre parenthèses pour une durée plus ou moins longue, plus d’un demi-siècle de commerce et d’échanges mondiaux. Le monde semble s’être arrêté. On gère l’urgence, celle de faire face à la contamination, et on reporte le reste pour plus tard. Le sauve qui peut général s’inscrit comme devise de la quasi-totalité des pays. Quant aux Etats, ils ont repris pour un temps, les prérogatives qu’ils avaient externalisées aux marchés.Un choc, qualifié initialement d’exogène, et qui s’est conjugué par étapes en autant de chocs endogènes qu’il y a de pays. Le monde, qui avait plutôt l’habitude de perturbations sous forme de chocs asymétriques, s’est retrouvé subitement face à un choc symétrique inattendu, ne ressemblant à aucun autre. Un défi mondial, géré en dispersion et sans leader. Des réponses unilatérales, fragmentées, contradictoires, réussissant ici (Chine, Taiwan, Corée du Sud, Allemagne,…), échouant lamentablement ailleurs L’un des enseignements à retenir de cette séquence planétaire du Covid-19, c’est que les premiers de cordée furent le personnel de la santé. Médecins, réanimateurs, administrateurs d’hôpitaux, infirmières, infirmiers, épidémiologistes, laborantins, conducteurs d’ambulance, personnel de propreté, préparateurs, personnel chargé de la collecte du don de sang, etc., tous appartenant au département de la santé, secteur vital pour le fonctionnement stratégique d’un pays, et pas seulement en situation de pandémie.
Ce fait majeur, aujourd’hui acté et reconnu, doit nous rappeler l’absurdité d’une vision économique et politique erronée qui, depuis quarante ans, a réussi à imposer une fausse vérité comptable d’un capitalisme spéculatif qui considère les dépenses sociales, santé, enseignement, formation, recherche, culture, comme des coûts qu’il faut réduire de façon drastique. Alors qu’en fait, ce sont stratégiquement des investissements productifs à long terme. Un pari sur l’avenir d’un pays, son autonomie, son avantage comparatif, son indépendance, ses capacités à résister face aux impondérables du monde d’aujourd’hui. On peut acheter des masques, des respirateurs artificiels, du gel hydro-alcoolique. Mais pas des médecins, ni des infirmiers, ni des ambulanciers.
A l’instar des autres pays, le Maroc sortira de cette crise sanitaire doté d’une expertise supplémentaire, un savoir-faire d’une grande valeur ajoutée. Il sera alors temps de voir au-delà pour que l’enseignement et la santé soient érigés comme priorités nationales, selon une vision politique claire, durable et assumée. La comptabilité devant suivre, tout simplement.
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