Déliquescence
Le ministère des Affaires Etrangères français a publié un communiqué à l’issue de l’affaire Hammouchi. Il annonce qu’une enquête est ouverte et que l’incident est regrettable. En langage diplomatique, cela veut dire «on a merdé sur ce coup». Deux jours plus tard Kennedy, la nouvelle «passionaria» recrutée par les services algériens, sort une déclaration que lui aurait fait l’ambassadeur français aux USA, il y a 3 ans. Entre autres joyeusetés, il lui aurait déclaré «le Maroc c’est une maîtresse avec laquelle on couche, mais qu’on n’aime pas». Il a soutenu des positions très éloignées de celle de la France et de sa diplomatie officielle.
François Hollande a eu un contact téléphonique avec Sa Majesté, alors qu’il est en visite officielle en Côte d’Ivoire pour l’assurer de la constance des relations entre les deux pays.
La France ne donne plus les gages d’une grande puissance qui sait ce qu’elle veut. Ces deux incidents sont peut-être mineurs dans le sens où elles n’affectent pas sérieusement les relations entre les deux
Etats. Tout le monde sait que dans la haute administration française subsiste un tropisme algérien, dû à la douloureuse histoire. Le Maroc n’en fait pas cas.
Mais c’est par rapport au fonctionnement de l’Etat français que cela fait désordre. Qu’un juge méprise le principe de l’exterritorialité est tout simplement navrant, parce qu’il l’a étudié en première année
de droit. Qu’un ambassadeur, pas n’importe lequel celui de Washington, insulte tout un peuple, juste pour partager des grivoiseries avec une jolie nana, pas farouche pour un sou, est inexcusable.
Ce sont des signes d’un Etat à la dérive. La crise institutionnelle est larvée depuis des années. Sarkozy a été viré, Hollande est déjà out, la défiance vis-à-vis des politiques est totale, le gouvernement a retiré plusieurs projets de loi par crainte des manifestations.
Maintenant, les commis de l’Etat se sentent délivrés de tout devoir de réserve. C’est inquiétant. Mais la diplomatie marocaine a raison de garder son calme, de ne pas surréagir à ce qui n’est que des forfanteries individuelles. Les enjeux entre les deux pays sont trop importants pour céder à la colère. Mais, il nous faut savoir que notre partenaire n’est pas au mieux de sa forme et que cela risque de durer.
Il faut le savoir et agir en conséquence, c’est-à-dire diversifier nos partenariats en Europe.